La Société Générale met le cap sur 2025

La Société Générale croit au potentiel de ses nouveaux modèles d’affaires. La banque en rouge et noir, qui avait repoussé cette présentation en raison de la guerre en Ukraine et de sa sortie de Russie, a dévoilé mercredi ses objectifs financiers à horizon 2025, à l’occasion de la publication de ses résultats semestriels.

Des résultats qui, hors la charge exceptionnelle de 3,3 milliards d’euros causée par la cession de Rosbank, confortent les évolutions stratégiques engagées par le groupe. Son résultat sous-jacent ressort en hausse de 16% à 3,1 milliards d’euros et sa rentabilité sur capitaux propres tangibles (ROTE) s’établit à 10,8% au 30 juin 2022. « Ces dynamiques et performances nous rendent confiants tant sur le court terme, dans un environnement incontestablement plus incertain, qu'à moyen terme », souligne son directeur général Frédéric Oudéa, qui doit passer la main en mai 2023.

La Société Générale vise un ROTE de 10% en 2025 et un ratio de solvabilité core tier one (CET1) de 12%, tout en maintenant une politique de rémunération attractive pour ses actionnaires. Elle distribuera 50% de son résultat net sur la période, dont jusqu’à 40% sous la forme de rachats d’actions.

La banque de La Défense prévoit de dégager des revenus en croissance de plus de 3% par an en moyenne sur la période 2021-2025. Pour cela, elle allouera davantage de capital aux activités les plus profitables, c’est-à-dire Boursorama et sa filiale de leasing ALD Automotive.

Boursorama, enfin rentable

La Société Générale ambitionne de faire de Boursorama « le leader incontesté de la banque en ligne en France, en maintenant une politique proactive de conquête de la clientèle ». Boursorama, qui a dépassé son objectif de 4 millions de clients en juillet, a notamment bénéficié de l’accord de reprise de la clientèle d’ING. Trois mois après l’ouverture des offres exclusives de transfert de leurs comptes, elle a déjà fait l’acquisition de 250.000 clients, soit la moitié du portefeuille.

Dans le même temps, Boursorama a fait baisser le coût d’acquisition de la clientèle, de l’ordre de 40% depuis 2016, et réduit ses frais de gestion de moitié sur la même période. Sa maison mère se montre donc confiante dans la capacité de la banque en ligne à générer un résultat net d’environ 200 millions d’euros en 2025 et une rentabilité sur les capitaux propres (RONE) supérieure à 25% à cette échéance, en continuant à multi-équiper ses clients. Nouveau pilier du groupe, ALD devrait bénéficier, grâce au rachat de Leaseplan, d’une croissance annuelle de 6% de sa flotte automobile. Le RONE excédera 20% en 2025, prévoit la Société Générale.

Développer les activités de conseil

Quant à ses métiers traditionnels, la Société Générale développera les activités de conseil et génératrices de commissions. Dans la banque de grande clientèle, elle mettra davantage l’accent sur le conseil et le financement, avec un objectif de croissance annuelle moyenne des revenus d’environ 3% sur la période pour viser un RONE de 12 à 14%. Elle misera sur sa stratégie ESG et la diversification de l’allocation vers les secteurs les plus dynamiques comme les technologies, médias et télécoms, la santé et les énergies renouvelables. Les activités de marché devraient, quant à elles, générer des revenus compris entre 4,7 et 5,3 milliards d’euros sur la période.

La nouvelle banque de détail, issue de la fusion des réseaux Société Générale et Crédit du Nord, renforcera son positionnement auprès de la clientèle patrimoniale, des professionnels et entreprises qui génèrent plus de 65% de ses revenus. La hausse des taux, qui se répercute plus lentement en France que dans d’autres marchés, devrait également améliorer la marge nette d’intérêt. Le réseau unique misera sur la diversification des produits en s’appuyant sur son modèle de bancassurance. La Société Générale ambitionne d’être « un leader sur l’épargne retraite » et de continuer à se développer sur l’assurance dommages et la prévoyance. L’assurance s’affiche comme l’une des activités les plus rentables pour le groupe, avec un RONE de 21%. Il devrait dépasser 25% en 2025.

Des coûts maîtrisés

La Société Générale, qui veut encore accroître son efficacité informatique, maintiendra une stricte discipline des coûts sur la période, tandis que sa cotisation au Fonds de résolution unique, définitivement abondé en 2023, ne pèsera plus dans ses charges. Alors que Deutsche Bank a dû réviser ses objectifs de coûts,la banque française vise « une hausse des coûts inférieure à l’inflation, grâce aux synergies dans ses réseaux, aux synergies générées par l’intégration de LeasePlan et à notre chantier informatique », a détaillé Frédéric Oudéa. Le coefficient d’exploitation sera ramené de 67% à 62% d’ici à 2025.

La banque confirme, enfin, sa prévision d’un coût du risque contenu à 30 points de base en 2025. Elle se base, pour cela, sur un scénario économique « prudent, mais pas catastrophiste », souligne son directeur général. « Nous nous attendons à un ralentissement de la croissance, à des désinvestissements. Il y a, bien sûr, le problème de l’énergie, mais pour le moment, les taux de chômage dans le monde restent bas », précise Frédéric Oudéa. En cas de raréfaction de l’énergie entraînée par un enlisement du conflit russe, la Société Générale estime que la croissance en zone euro serait plus faible en 2023, de l’ordre de 0,7 à 1 point.