Vivendi voit en Daniel Kretinsky une solution pour l’avenir d’Editis

Le groupe de médias est entré en négociations exclusives avec l’homme d’affaires tchèque. Pour Vivendi, la vente de sa filiale d’édition est le sésame indispensable au rachat de Lagardère.
Agefi-Dow Jones
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Vivendi
Le groupe de médias Vivendi doit trouver une solution pour Editis afin de pouvoir s'offrir Lagardère  -  ©Bloomberg

Vivendi a annoncé mardi être entré en négociations exclusives avec International Media Invest (IMI), qui appartient à la société CMI fondée par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, pour la cession de 100% du capital de sa filiale d'édition Editis.

Numéro deux français de l'édition, Editis comprend une cinquantaine de maisons d'édition parmi lesquelles Nathan, Plon, Pocket, Laffont ou encore Bordas. Si les négociations avec CMI aboutissent, il rejoindrait un groupe de presse qui détient en France les magazines Elle, Marianne, Femina ou encore Télé 7 Jours. Daniel Kretinsky possède également via son fonds d’investissement Vesa Equity des participations dans Le Monde et TF1.

Le montant de la transaction envisagée n’a pas été précisé, mais il pourrait être nettement inférieur aux prix de 900 millions d’euros payé par Vivendi lors de son rachat d’Editis à l’espagnol Grupo Planeta, en 2019. Vivendi a en effet passé dans ses comptes du quatrième trimestre une dépréciation d'écart d’acquisition de 300 millions d’euros sur le groupe d'édition. Le président du conseil de surveillance du groupe, Yannick Bolloré, a reconnu la semaine dernière que le moment n'était pas le plus propice pour vendre, Editis ayant enregistré un net repli de ses résultats en 2022 sur un marché lui-même en baisse par rapport à 2021.

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Le projet de distribution-cotation suspendu

Vivendi, dont l’action a cédé mardi 0,3% à 9,42% au terme d’une séance sans grand relief, n’a guère le choix : pour conclure le rachat de Lagardère, dont il détient déjà 57%, le groupe contrôlé par Vincent Bolloré doit se séparer de sa propre filiale d'édition. Un rapprochement entre Editis et son rival Hachette, détenu par Lagardère, créerait en effet une position dominante dans plusieurs secteurs de l'édition française, ce qui a poussé la Commission européenne à ouvrir une enquête approfondie sur ce rachat en novembre dernier.

Le schéma initialement retenu par Vivendi prévoyait la cession d’une part minoritaire d’Editis et la distribution-cotation du reste du capital. Mais ce montage ne convient pas à la Commission européenne, qui craint qu’il ne débouche sur un affaiblissement de la société et une moindre concurrence dans le secteur de l'édition de livres.

Il semble que Vivendi ait entendu ces griefs. «Le projet de distribution des actions Editis aux actionnaires de Vivendi, et de leur cotation sur le marché Euronext Growth, est suspendu», a indiqué le groupe qui a précisé avoir reçu plusieurs offres de rachat de l’intégralité du capital d’Editis.

La Commission européenne doit maintenant se pencher sur le projet de reprise d’Editis par Daniel Kretinsky. Contactée par l’agence Agefi-Dow Jones, une porte-parole de CMI France n'était pas immédiatement disponible pour préciser les intentions du milliardaire tchèque.

Bruxelles s’est par ailleurs laissé jusqu’au 23 mai 2023 pour rendre sa décision sur le rapprochement entre Vivendi et Lagardère.

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