
Paramount Skydance pourrait racheter Warner Bros Discovery
Décidément, la famille Ellison anime l’actualité ces derniers jours. Alors que Larry vient de voir sa fortune s’envoler avec la flambée boursière d’Oracle, qu’il a cofondé, son fils serait sur le point de racheter Warner Bros Discovery via la société qu’il dirige, Paramount Skydance. C’est en tout cas ce qu’a rapporté jeudi soir Reuters, confirmant une information préalable du Wall Street Journal.
Cette audacieuse proposition, qui survient seulement quelques semaines après le rachat de Paramount Global par Skydance pour 8,4 milliards de dollars, rassemblerait sous une même bannière certaines des marques les plus emblématiques du divertissement. On y trouverait les super-héros de DC Comics comme Superman, SpongeBob de Nickelodeon, des franchises de science-fiction comme The Matrix et Star Trek, ainsi que deux grands réseaux d’information, CBS News et CNN.
«Cette opération est l’équivalent hollywoodien d’une suite que personne n’attendait, mais que tout le monde voyait un peu venir», a réagi Jeremy Goldman, analyste chez eMarketer. Aucune offre n’a encore été officiellement soumise, et les plans pourraient encore échouer, a toutefois précisé le WSJ.
L’action Warner Bros Discovery n’en a pas moins bondi de 29% après l’annonce, tandis que celle de Paramount a grimpé de 15,6%. Paramount et Warner Bros ont refusé de commenter cette information.
Warner en pleine réorganisation
Warner Bros Discovery est en train de réorganiser son activité médiatique pour séparer son déclinant secteur de la télévision câblée de ses divisions studio et streaming. Skydance, en revanche, chercherait à acquérir l’intégralité des actifs médias de Warner Bros Discovery, y compris le studio Warner Bros, HBO et CNN, dans une transaction principalement en cash, selon le WSJ. «Pour les actionnaires de WBD, une sortie riche en liquidités est bien plus attrayante que d’attendre que la magie de la restructuration de Zaslav porte (peut-être) ses fruits», a ajouté Jeremy Goldman, faisant référence au plan du directeur général David Zaslav visant à scinder les activités câble des studios et du streaming — une séparation qui interviendrait moins de quatre ans après leur fusion.
Si elle aboutit, cette opération réunirait deux des studios les plus célèbres d’Hollywood, ainsi que les plateformes de streaming HBO Max et Paramount+. Elle nécessiterait les importants moyens financiers et l’influence politique de Larry Ellison, un allié de longue date du président américain Donald Trump, pour surmonter les préoccupations en matière d’antitrust.
Cette offre potentielle illustre l’intensification de la concurrence dans le secteur des médias, alors que les acteurs traditionnels cherchent à gagner en taille et à renforcer leurs services de streaming, face au déclin de l’audience télévisuelle et des recettes publicitaires. Ils doivent aussi rivaliser avec les géants technologiques Apple et Amazon, dont les services de streaming se disputent les talents et les précieux droits sportifs.
Risque antitrust
Un tel rapprochement devrait faire l’objet d’un examen antitrust approfondi, selon des experts juridiques. «Le ministère de la Justice voudra vérifier si cette fusion pourrait entraîner une hausse des prix pour les consommateurs, réduire le pouvoir de négociation des créateurs et diminuer la diversité des contenus», a indiqué Andre Barlow, avocat spécialisé en droit de la concurrence à Washington. «En même temps, la division antitrust du DOJ sous l’administration Trump pourrait se montrer plus clémente que sous l’ère Biden, connue pour son approche plus agressive», a-t-il ajouté.
La fusion réduirait le nombre de grands studios indépendants, donnant à la nouvelle entité une part de marché plus importante dans les sorties en salles, le divertissement à domicile et la licence de contenus. Le regroupement des activités câble des deux entreprises pourrait également accroître leur pouvoir de négociation, ce qui pourrait se traduire par des tarifs publicitaires et des frais de diffusion plus élevés pour les fournisseurs de câble, a-t-il souligné.
Cette opération créerait un concurrent plus solide face à Netflix, Disney et Comcast dans le domaine du streaming.
A lire aussi: Lachlan Murdoch prendra la tête de l'empire médiatique familial
Une opération «réalisable»
Larry Ellison, 81 ans, dont la participation de 41% dans le géant du cloud Oracle l’a propulsé à la deuxième place du classement mondial des milliardaires, a vu sa fortune augmenter de près de 100 milliards de dollars plus tôt cette semaine. Jeudi, sa valeur nette était estimée à plus de 360 milliards de dollars, selon Forbes.
La famille Ellison a joué un rôle clé dans le financement de l’expansion de Skydance. Les analystes estiment qu’un rachat de Warner Bros Discovery nécessiterait un financement privé conséquent, compte tenu de l’ampleur de la transaction et des limites du bilan de Paramount Skydance. Avant l’annonce de cette offre potentielle, la valorisation boursière de Paramount Skydance s’élevait à 16,4 milliards de dollars, contre environ 30 milliards pour Warner Bros Discovery. Bien que ce dernier ait travaillé à réduire sa dette, il affiche encore un endettement net d’environ 30 milliards de dollars, un chiffre qu’il a promis de réduire significativement d’ici la fin de l’année.
«C’est une opération est tout à fait réalisable, et elle a même du sens», a estimé Douglas Arthur, analyste chez Huber Research. «Il ne manque certainement pas de liquidités dans la famille Ellison. Et tout le monde parle de consolidation dans les studios et le streaming.»
Après la fusion de Paramount avec Skydance Media, David Ellison avait indiqué qu’il chercherait à renforcer le catalogue cinématographique de l’entreprise et ses ambitions dans le streaming, tout en réduisant les coûts et en restructurant le service Paramount+, en difficulté.
(Avec Reuters)
A lire aussi: Canal+ veut racheter le groupe UGC en deux temps
Plus d'articles du même thème
-
Ubisoft posera la première pierre de sa réorganisation le 1er octobre
Le groupe de jeux vidéo lancera la maison de création dédiée à ses franchises phares Assassin's Creed, Far Cry, et Rainbow Six le mois prochain. -
Pluxee se renforce en Inde avec une acquisition
L'ancienne filiale de Sodexo acquiert la société ProEves qui est spécialisée dans les avantages aux salariés pour la garde d'enfants. -
EXCLUSIF
Finaltis reprend Friedland Gestion et se mue en repaire de la gestion entrepreneuriale
Le gestionnaire quantitatif et discrétionnaire Finaltis a développé un modèle s'appuyant sur un règlement commun pour que d'autres sociétés de gestion françaises puissent continuer leurs activités en son sein de façon autonome.
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- Le Crédit Agricole CIB transige sur les « CumCum »
- Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros et accueille ASML à son capital
Contenu de nos partenaires
-
Indonésie : les autorités saisissent partiellement la plus grande mine de nickel au monde
Jakarta - Les autorités indonésiennes ont pris le contrôle d’une partie de la plus grande mine de nickel au monde, en partie détenue de façon indirecte par le groupe minier français Eramet, en raison de l’absence de permis forestier, a déclaré un responsable indonésien. La mine Weda Bay Nickel, critiquée pour ses effets sur la forêt environnante, s'étend sur 45.000 hectares sur l'île de Halmahera aux Moluques (est). Les autorités ont désormais saisi près de 150 hectares qui empiétaient sur des zones forestières sans permis, a déclaré à l’AFP Anang Supriatna, porte-parole du bureau du procureur général indonésien. Les autorités ont «pris le contrôle de la zone (...) et le terrain sera restitué au gouvernement», a-t-il ajouté. Weda Bay Nickel (WBN) est une société commune entre le groupe indonésien Antam et la société singapourienne Strand Minerals, qui a elle-même pour actionnaires le groupe minier français Eramet et le géant chinois de la sidérurgie Tsingshan. Dans un communiqué, Eramet a indiqué que la zone saisie était «une carrière produisant des roches pour les matériaux de construction et d’entretien» et que les opérations minières n'étaient pas affectées. Le gouvernement indonésien examine actuellement d'éventuelles violations de la réglementation forestière dans plusieurs secteurs, notamment ceux de l’huile de palme et des mines. WBN indique représenter 17% de la production mondiale de nickel en 2023. L’exploitation du site fait l’objet de critiques récurrentes en raison du danger que son exploitation fait peser sur la forêt et sur la survie d’une tribu qui y vit sans contcat avec la civilisation moderne. Une enquête de l’AFP menée en juin a ainsi montré les effets sur les membres de l’une des dernières communautés de chasseurs-cueilleurs isolées du pays, la tribu indigène des Hongana Manyawa. Cette communauté affirme que la forêt dont elle dépend depuis toujours pour se nourrir et s’abriter est détruite par la déforestation et la dégradation de l’environnement liées à la mine. WBN rejette les allégations et affirme s’engager en faveur d’une «exploitation minière responsable et de la protection de l’environnement». Des militants pour la protection de l’environnement estiment que cette saisie n’est pas susceptible de modifier l’impact plus large de la concession sur les communautés locales. Ils exhortent le gouvernement à remettre les terres saisies aux résidents concernés. «Si la saisie vise à bénéficier au peuple, alors c’est le peuple qui devrait gérer (le terrain)», a déclaré à l’AFP Melky Nahar, coordinateur du groupe environnemental Mining Advocacy Network. Le nickel est au cœur de la stratégie de croissance de l’Indonésie, qui a interdit les exportations de minerai en 2020 afin de mieux le valoriser. L’Indonésie est à la fois le plus grand producteur mondial de ce minerai et le pays qui en possède les plus grandes réserves connues. Selon des données officielles, l’exploitation minière, dominée par le charbon et le nickel, représentait près de 9% du PIB indonésien au premier trimestre 2025. © Agence France-Presse -
Carrière et leadership
Ce qu’il faut faire pour préserver son cerveau à partir de 50 ans
Les conseils du docteur Catherine Thomas-Anterion, neurologue et membre de l'Observatoire B2V des Mémoires. Passionnant ! -
La Bourse de Paris en légère hausse, face à la perspective d'une baisse des taux de la Fed
Paris - La Bourse de Paris évolue en légère hausse vendredi, face à la perspective d’une baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), et dans l’attente de la révision de la note française par l’agence de notation Fitch. Le CAC 40 prenait 0,11%, vers 7h30 (heure de Paris) à 7.829,30 points. La veille, l’indice vedette parisien avait grimpé de 0,80%. Plusieurs «éléments nourrissent les anticipations d’une baisse des taux de la Fed dès la semaine prochaine», relève John Plassard, responsable de la stratégie d’investissement chez Cité Gestion Private Bank. Des données économiques ont renforcé les attentes ces dernières semaines. D’une part, la première économie mondiale commence à montrer «une nette dégradation de l’emploi», perçue comme un signe de ralentissement économique, donnant à la Fed des marges de manœuvre pour abaisser ses taux afin de soutenir l’activité, ajoute l’analyste. D’autre part, l’inflation du mois d’août, publiée jeudi, a certes accéléré mais correspond globalement aux attentes du marché, et ne constitue donc plus, selon les analystes, un obstacle à un assouplissement monétaire de la banque centrale américaine. Ces chiffres «ont donné raison à ceux qui réclament une baisse des taux dès la semaine prochaine» et «deux autres baisses sont désormais anticipées d’ici la fin de l’année», selon Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank. Une baisse des taux est généralement bonne pour les actions car elle permet aux entreprises de se financer à moindre coût, ce qui améliore les perspectives d’investissement et donc d’activité. Dans l’attente de Fitch Autre point d’attention des investisseurs parisiens: la révision de la note de la dette française par l’agence de notation Fitch. Au vu de la récente évolution de la situation politique et budgétaire française, de nombreux experts tablent sur une dégradation, avec un risque de basculement de l’emprunt hexagonal en catégorie A (qualité «moyenne supérieure»). La censure du gouvernement de François Bayrou, remplacé par Sébastien Lecornu, et les difficultés à trouver un consensus politique sur le budget 2026, ont déjà fait augmenter la prime de risque de l’obligation française sur les marchés ces dernières semaines. Dans ce contexte, le taux de l’emprunt français à dix ans atteignait 3,46%, contre 3,44% la veille en clôture. Changements sur le CAC L’opérateur boursier Euronext (+0,65% à 138,50 euros) va intégrer, à partir du 19 septembre, le CAC 40 à la place du géant des centres d’appels Teleperformance (-0,19% à 63,50 euros), selon la révision trimestrielle de l’indice dévoilée jeudi. Depuis le 1er janvier, le titre d’Euronext a bondi de plus de 28% et sa capitalisation boursière atteint actuellement près de 14 milliards d’euros. Sur la même période, Teleperformance a chuté de 23% et sa valorisation boursière s'élève désormais à 3,8 milliards d’euros. Contrat au Brésil pour Vallourec L’industriel Vallourec (+5,17% à 16,10 euros), spécialiste des tubes en acier sans soudure pour le forage et l'énergie, a annoncé jeudi avoir signé un «accord de long terme» pour jusqu'à un milliard de dollars (852 millions d’euros) avec le géant brésilien de l'énergie Petrobras. © Agence France-Presse