TotalEnergies fait coup double avec sa cession à Couche-Tard

En se délestant de plus de 2.000 stations-service en Europe, le géant de l’énergie opère à un bon prix un mouvement en ligne avec sa stratégie climat et avec l’évolution du secteur de la distribution de carburants.
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TotalEnergies vend toutes ses stations-service allemandes au groupe canadien.  -  LADE-Michoko / Pixabay

Les Allemands ne pourront bientôt plus faire le plein chez TotalEnergies. Le pétrolier français a annoncé jeudi la cession de la totalité de ses stations-service en Allemagne et aux Pays-Bas ainsi que 60% de ses entités belges et luxembourgeoises au spécialiste canadien de la distribution de proximité, Couche-Tard, pour un montant de 3,1 milliards d’euros. La transaction devrait être finalisée d’ici la fin de l’année.

Sans réel impact sur le cours de l’action TotalEnergies (+0,08%), cette opération n’en reste pas moins intéressante à plusieurs niveaux. La cession est d’abord réalisée dans de bonnes conditions. Le prix annoncé induit un ratio de valorisation de «neuf fois l’Ebitda une fois retraité de plusieurs éléments et notamment de la part des activités cédées en leasing, ce qui est un bon multiple», estime Ahmed Ben Salem, analyste chez Oddo Securities. «Le prix est en ligne avec la manière dont nous valorisons l’ensemble du pôle marketing et services de TotalEnergies», confirme Bertrand Hodée de Kepler Cheuvreux.

Vers une vente de Leuna ?

La transaction permet aussi au pétrolier de réduire la voilure sur une activité en pleine mutation, qui «va nécessiter d’importants investissements afin d’intégrer de nouveaux services réclamés par les consommateurs», anticipe l’analyste. Dans cette optique, l’alliance avec Couche-Tard pourrait aussi aider le pétrolier à améliorer son offre de proximité dans ses réseaux belges et luxembourgeois «avant, pourquoi pas, un élargissement à d’autres géographies comme la France ?», suggère Ahmed Ben Salem. «Cette stratégie a déjà été mise en œuvre avec succès par BP, et Couche-Tard a des ambitions en Europe», rappelle l’analyste.

Dans le passé, le canadien a notamment acquis des stations-service en Irlande et en Norvège. Il avait aussi tenté de racheter Carrefour fin 2021, sans succès. Ahmed Ben Salem s’interroge toutefois sur le choix de TotalEnergies de vendre la totalité de son réseau allemand. «Une coentreprise comme en Belgique et au Luxembourg aurait pu être pertinente», juge l’analyste qui perçoit dans cette décision une potentielle volonté du pétrolier de se désengager de sa raffinerie allemande de Leuna dans le futur.

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La cession de quelque 2.000 stations-service va aussi dans le sens de la stratégie climat déployée par le géant de l’énergie. Le groupe s’est engagé à réduire de 30% ses ventes de produits pétroliers entre 2015 et 2030.

«L’impact ne sera toutefois pas immédiat, pointe Bertrand Hodée, puisque TotalEnergies continuera à approvisionner les stations-service cédées pendant au moins cinq ans». L’entreprise dirigée par Patrick Pouyanné précise par ailleurs que «les activités de recharge électrique hors stations (hub de recharge) et la distribution d’hydrogène» sont exclues de la transaction avec Couche-Tard. Contrairement à ses concurrents Shell et BP, le français s’en tient à son programme ambitieux en matière de transition énergétique. Reste à savoir s’il compte mettre à profit sa solide situation financière, encore renforcée par cette cession, pour accélérer dans le domaine.

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