Surprofits : l’Europe devrait largement épargner les entreprises françaises

L’Union européenne veut mettre à contribution les énergéticiens qui profitent de l’envolée des cours, mais l’impact sur les entreprises françaises est loin d’être évident à ce stade.
Johann Corric
TOTALENERGIES bioraffinerie de Provence à La Mède, TotalEnergies
La Commission européenne veut mettre les pétroliers à contribution.  -  Crédit François Lacour - Total

La mise à contribution des «superprofiteurs» se précise et elle devrait se mettre en place au niveau européen. En tout cas pour ce qui concerne les producteurs d’énergie. Ce vendredi, les ministres de l’Energie de l’Union européenne se réunissent pour discuter des options mises sur la table mercredi par la Commission européenne. Au programme, un projet de plafonnement des prix de l’électricité lorsqu’elle est produite avec autre chose que du gaz, et «une contribution de solidarité» des compagnies pétrolières et gazières.

Le renouvelable contribue déjà

Ces mesures pourraient affecter plusieurs entreprises françaises du secteur mais l’impact, s’il est encore difficile à évaluer, restera probablement limité. Le plafonnement des prix de l’électricité devrait ainsi largement épargner les producteurs d’énergies renouvelables dans l’Hexagone pour la simple raison qu’ils remboursent déjà une bonne partie des «surprofits» qu’ils réalisent grâce à l’envolée des cours en vertu de mécanismes préexistants. Historiquement, l’Etat garantit un prix de vente aux producteurs verts en payant un complément si les prix de marché ne sont pas suffisants pour couvrir leurs coûts de production. En contrepartie, les producteurs rendent à l’Etat les recettes obtenues lorsque les cours sont supérieurs au prix garanti. Dans le contexte actuel de flambée des prix, ils devraient procéder à des remboursements massifs. En juillet dernier, la Commission de régulation de l’énergie estimait que l’aubaine pour les comptes publics atteindrait 8,6 milliards d’euros sur 2022 et 2023. Un chiffre qui sera certainement dépassé vu la récente évolution des prix. Quand ils ne sont pas soumis à ce mécanisme, les producteurs d’électricité renouvelable sont par ailleurs enclins à signer des contrats de vente de long terme. C’est par exemple le cas de Neoen. Au premier semestre, les ventes du groupe sur le marché au comptant (spot) ne représentaient que 13% de son chiffre d’affaires total hors stockage.

Engie surveille le plafond

Les producteurs français d’électricité nucléaire et hydraulique pourraient en revanche être plus concernés par la mise en place d’un plafonnement. Engie exploite ainsi des barrages dans plusieurs pays d’Europe et des réacteurs nucléaires en Belgique. L’annonce d’un possible prix plafond à 200 euros le Mwh, soit nettement supérieur à la limite déjà mise en place en Espagne et au Portugal, a d’ailleurs entraîné un rebond du titre mercredi après plusieurs séances de baisse. EDF, également gros producteur d’hydroélectricité, pourrait aussi être affecté. L’impact sur ses activités nucléaires est toutefois incertain car elles sont déjà pénalisées par l’extension de l’Arenh.

Les conséquences potentielles sur TotalEnergies ne sont pas plus aisées à évaluer. Le géant de l’énergie ne devrait pas, ou de manière marginale, être concerné par le plafonnement des prix de l’électricité car il produit des électrons essentiellement à partir de gaz et de renouvelable. En revanche, le groupe est clairement visé par la «contribution de solidarité» évoquée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Mais le flou est total quant à la forme que pourrait prendre cette mesure, alors que TotalEnergies enregistre la majorité de ses profits dans la production d’hydrocarbures, dont plus de 97% est réalisée en dehors de l’Union européenne. En 2021, le groupe n’a exploité «que» 66.000 barils équivalent pétrole par jour dans trois pays de l’UE : le Danemark, l’Italie et les Pays-Bas. L’impact d’un potentiel plafonnement du prix du gaz russe n’est pas plus facile à estimer et le groupe n’a pas souhaité s’exprimer sur ces sujets.

CMA CGM épargné ?

Quelles qu’elles soient, les décisions de l’Union européenne ne devraient dans tous les cas pas éteindre le débat français sur la taxation des surprofits. L’armateur CMA CGM, dont les bénéfices stratosphériques – 14,8 milliards de dollars sur le seul premier semestre – sont souvent pointés du doigt, est en effet épargné par les mesures de la Commission. Les banques et les assureurs pourraient, quant à eux, être rapidement fixés sur leur sort : le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a prévu de les rencontrer en septembre.

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