
Société Générale, une succession en clair-obscur

Quelle que soit leur couleur, les dirigeants politiques et les chefs d’entreprise se rejoignent au moins sur un point : ils s’affranchissent volontiers de l’âge légal de départ à la retraite. Des sexagénaires, voire des septuagénaires, n’hésitent pas à changer les statuts des groupes qu’ils dirigent pour se maintenir à leur tête, parfois en toute logique lorsqu’ils incarnent la société, plus souvent par incapacité à transmettre le flambeau en temps voulu. Que Frédéric Oudéa, patron de la Société Générale, décide de rendre son tablier avant d’avoir atteint 60 ans, et l’annonce en assemblée générale à un an de l’échéance, est donc remarquable à plus d’un titre.
Le banquier français, de la même génération que ses pairs chez ses grands concurrents européens, affiche une longévité exceptionnelle à ce poste. Du scandale Kerviel, qui l’a porté au pouvoir, à la pandémie de Covid, en passant par des rumeurs malveillantes de faillite lors de la crise de la zone euro en 2011, l’homme a traversé toutes les crises. La dernière en date, la guerre en Ukraine, a forcé la banque à solder au prix fort son aventure en Russie.
Incertitudes et spéculations
Frédéric Oudéa s’est longuement expliqué dans un entretien aux Echos sur ses raisons : sentiment d’usure, peur du mandat de trop, nécessité d’ouvrir un nouveau cycle de dix à quinze ans pour le groupe… Des arguments louables, quand tant de dirigeants se croient irremplaçables et s’accrochent à leur siège. Derrière le discours officiel, d’autres voient la marque d’un conseil d’administration critiqué pour sa passivité lorsque l’action Société Générale végétait dans les tréfonds de la Bourse, et qui aurait enfin décidé de reprendre la main. La seconde version n’exclut d’ailleurs pas la première.
Dans cet épisode se joue, au-delà des personnes, la qualité du processus de succession à la tête d’une entreprise française emblématique. Frédéric Oudéa excepté, la gouvernance de la Société Générale s’est caractérisée ces dernières années par l’instabilité de l’équipe dirigeante, reflet des tempêtes que la banque a traversées et qui ont poussé au départ de dauphins tout désignés. Aujourd’hui encore, le calendrier de l’annonce comme la méthode ont de quoi surprendre. Ils ouvrent plusieurs mois d’incertitudes et de spéculations, potentiellement déstabilisantes pour les équipes en place. Frédéric Oudéa a bien esquissé le portrait-robot de son successeur idéal – quadragénaire, issu de l’interne – mais c’est l’influent Gérard Mestrallet, président du comité des nominations, qui pilotera la chasse au futur capitaine de la banque rouge et noire. Le directeur général sortant n’a pas annoncé lui-même l’identité de celui ou de celle à qui il transmettra son sceptre. C’est la grande différence avec d’autres entreprises du CAC 40 comme Axa ou L’Oréal, qui avaient préparé et balisé le passage de témoin à leur tête.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse