Outre-Manche, les Big Four échappent à la scission

Les grandes sociétés d’audit sont néanmoins appelées à séparer leurs services de conseil et d’audit.
Stéphanie Salti, à Londres

Les grands de l’audit britanniques peuvent pousser un soupir de soulagement. Un temps évoquée, la scission des Big Four (Deloitte, PwC, EY et KPMG) n’a finalement pas été retenue par l’autorité de la concurrence, la Competition and Markets Authority (CMA) dans une consultation publiée hier. Cette consultation fait suite aux faillites de l’ancien numéro deux du BTP Carillion et de la chaîne de grands magasins BHS, dont la qualité des audits avait suscité d’importantes interrogations.

L’autorité a cependant identifié une série de dysfonctionnements «profondément enracinés» et destinés à être réformés. La CMA a ainsi proposé que les grands auditeurs gèrent à l’avenir leurs activités de conseil et d’audit de façon séparée : chacune des entités opérationnelles sera dotée d’une direction générale, de comptes mais aussi de rémunérations distinctes. Les dirigeants de sociétés pourraient aussi faire l’objet d’une surveillance réglementaire accrue dans le cadre de leur processus de sélection des cabinets d’audit. La CMA veut ainsi éviter que les entreprises britanniques continuent de choisir leurs auditeurs en fonction d’une «compatibilité culturelle» ou encore d’une bonne «alchimie», comme elle a pu l’observer lors de son analyse du secteur.

Les entreprises du FTSE 350 - les 350 plus grosses capitalisations boursières outre-Manche - devront aussi recruter au moins deux cabinets d’audit, dont l’un au moins n’appartenant pas au cercle restreint des Big Four. Cette mesure devrait permettre d’encourager un choix plus large : à l’heure actuelle, les Big Four s’arrogent 97% des audits des plus grosses entreprises britanniques.

Parallèlement, une étude commissionnée par le gouvernement invitait hier à un démantèlement de l’autorité comptable, le Financial Reporting Council (FRC), et à son remplacement par un nouveau gendarme indépendant aux pouvoirs accrus : l’Audit Reporting and Governance Authority (ARGA). Sous la direction de John Kingman, président de Legal & General, le rapport recommande que ce nouvel organisme soit financé au travers d’une taxe obligatoire plutôt que par une cotisation volontaire de l’industrie, comme aujourd’hui. Au cours des prochains mois, le secteur de l’audit devrait à nouveau être passé au crible : confiée à Donald Brydon, président sortant du London Stock Exchange, une consultation devra déterminer s’il répond à ses objectifs. Une autre, menée par une commission parlementaire, s’intéressera à l’avenir de ce secteur.

Dans l’intervalle, les Big Four ont exprimé leur soutien à l’ensemble des propositions de la CMA et du gouvernement.

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