
Nvidia flambe sur les promesses de symbiose entre puces et IA

Plus qu’un feu d’artifice boursier: l’action du fabricant américain de puces graphiques Nvidia flambait, jeudi en Bourse, alors qu’il a publié, mercredi, une prévision de chiffre d’affaires trimestriel supérieure de plus de 50% au consensus de Wall Street. En y ajoutant le mot magique du moment, «intelligence artificielle» (IA), qui dope son activité.
Il a annoncé, mercredi, lors de la présentation de résultats trimestriels, un renforcement de son offre pour répondre à la demande croissante pour ses puces d’IA, notamment utilisées pour faire tourner ChatGPT, l’agent conversationnel développé par OpenAI.
Envolée boursière
Jeudi, Nvidia grimpait de près de 24% en début de séance, à 378 dollars l’action, s’approchant des 1.000 milliards de dollars (932 milliards d’euros) de capitalisation boursière. En cours de séance, il affichait déjà une capitalisation de 961 milliards de dollars. Dans son sillage, plusieurs acteurs technologiques concernés de près ou de loin par l’IA grimpaient eux aussi. Microsoft gagnait 2%, Alphabet, 2,5%, les constructeurs de puces Micron, 4%, Broadcom, 3%, et AMD, près de 10%. Les start-up d’IA n’étaient pas oubliées par les investisseurs, à l’image de C3.ai, qui s’adjugeait 9,2%.
A la Bourse d’Amsterdam, les titres des équipementiers ASM International et ASML bondissaient respectivement de 8,5% et 5,7%. A Paris, l’action du producteur de composants pour l’industrie électronique Soitec gagnait plus de 6%.
La logique est imparable et fleure bon la ruée vers l’or, où les grands gagnants de la fièvre aurifère se recrutaient plus parmi les vendeurs de pioches que chez les chercheurs de pépites. Aujourd’hui – et demain –, les chatbots dopés à l’IA générative (c’est-à-dire qui génère des contenus à partir d’une question), tels ChatGPT ou Alphabet et son chatbot Bard, qui travaillent sur de grands modèles de langage (LLM) susceptibles de répondre à toutes sortes de questions, consomment une énorme quantité de puissance de calcul.
Or, Nvidia a su tirer son épingle du jeu. La firme de Santa Clara est le leader mondial des processeurs graphiques (GPU), des puces initialement destinées à améliorer la création d’images, mais dont l’utilisation a été étendue du fait de leur capacité de calcul très importante. Elles sont devenues un outil indispensable dans le développement de l’IA générative.
Alors que plusieurs fabricants de semi-conducteurs ont subi un ralentissement du marché, Nvidia prévoit d’augmenter son offre «pour répondre à une demande qui grimpe en flèche», a indiqué aux analystes le PDG de Nvidia, Jensen Huang, mercredi lors d’une conférence téléphonique.
A lire aussi: L’intelligence artificielle attise l’appétit des investisseurs
«Quatrième révolution industrielle»
Nvidia avait déjà surperformé les actions des principaux indices dont il est pensionnaire cette année, devenant la cinquième entreprise américaine la mieux valorisée. Les analystes se sont empressés de relever leurs objectifs de cours.
«Nous considérons Nvidia comme le cœur et les poumons de la révolution de l’IA, étant donné que ses puces de base forment et déploient des applications d’IA génératives comme ChatGPT», salue avec ferveur Dan Ives, l’analyste star de Wedbush Securities, dans une note publiée mercredi, qui n’hésite pas à parler des prémices de la «quatrième révolution industrielle», avec Nvidia «comme baromètre clé». «Depuis plus de quinze ans que nous faisons ce travail, nous n’avons jamais vu des prévisions comme celles de Nvidia pour le deuxième trimestre, qui étaient, de l’avis de tous, phénoménales et ont pulvérisé les attentes», a déclaré Stacy Rasgon, chez Bernstein.
Nvidia a dit s’attendre, pour le deuxième trimestre, à des revenus de 11 milliards de dollars (10,26 milliards d’euros) en milieu de fourchette, soit bien plus que les 7,2 milliards de dollars anticipés par les analystes. Ces perspectives montrent que Nvidia profite encore plus qu’attendu de la frénésie autour de l’IA.
Déjà, pour le premier trimestre de son exercice décalé 2023-2024, Nvidia a fait part d’un bénéfice net en hausse de 26%, à 2,04 milliards de dollars, et d’un chiffre d’affaires en hausse de 13% sur la période, à 7,2 milliards de dollars, dépassant largement le consensus FactSet, qui s’établissait à 6,5 milliards de dollars. La demande dans les centres de données a continué de soutenir les ventes de processeurs et services du groupe, le chiffre d’affaires dans ce segment ayant bondi de 14%, à 4,28 milliards de dollars. Ce qui compense ainsi la perte de vitesse de son segment historique des jeux vidéo (-38% sur un an, à 2,24 milliards).◆
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