
Les dossiers qui vont rythmer la rentrée boursière 2023

La rentrée se profile et, avec elle, le retour des investisseurs après des semaines de vie des marchés au ralenti. Déjà, plusieurs dossiers promettent d’animer la cote, à commencer par la conclusion des deux dossiers de restructuration les plus emblématiques de la place parisienne.
Du côté d’Orpea, le groupe de maisons de retraite et de cliniques demeure sous perfusion financière des banques qui assurent ses fins de mois. La semaine dernière, une nouvelle ligne de 200 millions d’euros de facilité a été tirée, indispensable pour permettre de tenir jusqu’à la finalisation de son plan de restructuration. Le tribunal de commerce de Nanterre a certes approuvé la sauvegarde accélérée qui s’impose à toutes les classes d’actionnaires et de créanciers. Mais des chausse-trappes judiciaires persistent, entretenues par la fronde de certains investisseurs qui s’estiment maltraités. L’épilogue n’est pas encore écrit.
Pour Casino, le calendrier s’égrènera en semaines, sinon en mois. Après l’accord conclu avec Daniel Kretinsky, fin juillet, qui doit voir l’homme d’affaires tchèque prendre le contrôle et mettre fin aux années Naouri, le groupe de distribution d’origine stéphanoise doit voir l’ouverture d’une procédure de sauvegarde accélérée en octobre pour une restructuration financière effective au premier trimestre 2024. Long, très long alors que l’asphyxie commerciale aggravée par l’inflation progresse.
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Les plans stratégiques attendus
Septembre sera également riche en présentations stratégiques. Scor, fragilisé par une gouvernance heurtée ces trois dernières années, dévoilera son nouveau plan dès le 7 septembre.
Le réassureur, désormais dirigé par Thierry Léger et présidé par Fabrice Brégier, dévoilera sa nouvelle feuille de route pour tenter de convaincre le marché du bon dosage entre les deux pôles de réassurance vie et réassurance-dommages/grands risques. Rien moins qu’un droit d’inventaire des années Denis Kessler, disparu à la fin du printemps.
Le grand oral de Slawomir Krupa
Investisseurs et analystes attentifs au secteur bancaire ont rendez-vous à Londres le 18 septembre. Voilà plusieurs mois que cette date a été fixée par la Société Générale pour ce qui fait figure de grand oral pour Slawomir Krupa. Le nouvel homme fort de la banque, aux commandes opérationnelles depuis le 23 mai dernier après les 15 années de règne de Frédéric Oudéa, doit dévoiler les nouveaux objectifs stratégiques de la banque au logo rouge et noir.
Les attentes sont d’autant plus élevées que les objectifs financiers des derniers plans ont rarement été au rendez-vous, généralement mis en échec par les crises financières ou les épreuves géopolitiques. Or Slawomir Krupa n’a pas manqué de faire monter la pression, évoquant pour septembre «un nouveau chapitre dans l’Histoire de la banque».
De la fixation de nouvelles règles d’allocation du capital à la décision d’arbitrages d’actifs en passant par la révision des nouveaux objectifs de rentabilité des métiers ou de retour aux actionnaires, les choix de Slawomir Krupa seront d’autant plus disséqués que la banque figure toujours en queue de peloton du compartiment bancaire européen en termes de valorisation, à seulement 0,42 fois ses fonds propres tangibles.
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Le marché veut y croire : depuis le 23 mai, l’action de la Société Générale s’est adjugé 11% quand l’euro Stoxx Banques engrangeait 6% sur la période. Autre signe d’espoir, Morgan Stanley vient de relever son opinion à «surpondérer» en portant de 28 euros à 35 euros son objectif de cours.
Séance de rattrapage pour Patrick Drahi
Hors secteur financier, Altice retiendra l’attention des investisseurs, notamment les spécialistes de l’obligataire. La galaxie de Patrick Drahi - du moins Altice International et Altice France (SFR), deux de ses composantes -, a connu un été plus que maussade sur fond de poursuites judiciaires à l’encontre d’Armando Pereira, un ancien bras droit de l’homme d’affaires franco-israélien.
L’ampleur de la dette nette d’Altice au 30 juin – 32,4 milliards d’euros, dont 23,9 milliards chez SFR – est telle que l’équation financière paraît de plus en plus insoluble. Le groupe a promis une journée investisseurs courant septembre pour détailler ses perspectives, ses projets d’investissement, mais aussi éclairer sur sa stratégie d’arbitrages d’actifs.
Si le scénario de cession des activités médias (BFM, RMC…) a été écartée par Patrick Drahi, d’autres misent sur la réouverture du chapitre d’une consolidation dans les télécoms en France. Un vieux serpent de mer, jusqu’ici régulièrement démenti.
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Les « fusacs » tournent au ralenti
Le moteur des fusions-acquisitions a tourné au ralenti au cours de l’été, à l’exception notable d’Atos ou Carrefour. Daniel Kretinsky, décidément incontournable sur les dossiers sensibles de la place parisienne, devra finaliser l’accord conclu début août avec Atos pour reprendre, via EP Equity Investment (EPEI), les activités historiques d’infogérance du groupe de services numériques, Tech Foundations.
Des négociations exclusives ont été engagées pour concrétiser dans les prochaines semaines le projet, dilutif pour les actionnaires actuels. Or, le temps presse tant la consommation de cash d’Atos reste élevée. Le marché exprime ses doutes. L’action Atos a encore perdu 30% depuis l’annonce.
La rentrée littéraire de Carrefour
Carrefour a pour sa part annoncé le rachat des enseignes Cora et Match dans l’Hexagone pour une valeur d’entreprise de 1,05 milliard d’euros. Alors que le choc provoqué par l’inflation se traduit par de spectaculaires gains ou pertes de parts de marché chez les distributeurs français, la consolidation du secteur donne des signes de reprise.
Pour le distributeur conduit par Alexandre Bompard, la rentrée ne sera pas seulement commerciale. Elle sera également littéraire. La sortie d’un essai à charge est attendue pour le 13 septembre aux éditions du Rocher. Jérôme Coulombel, un ancien cadre dirigeant spécialiste des contentieux au sein du groupe, y décortique les pratiques de l’entreprise, qu’il s’agisse des contrats de franchise ou de ses relations avec les fournisseurs et les salariés. Après la déflagration «Les fossoyeurs» pour Orpea, le distributeur aura-t-il à subir les effets de «Carrefour, la grande arnaque» ?
Vivendi et ArcelorMittal à surveiller
Deux autres dossiers, impliquant de grands groupes du CAC 40, seront à surveiller à la rentrée. En Italie, Vivendi fait toujours figure d’arbitre pour l’avenir de Telecom Italia alors que les tractations pour le sort de l’avenir du réseau fixe de l’opérateur historique transalpin ont avancé cet été entre KKR et Rome.
Outre-Atlantique, ArcelorMittal, un habitué des opérations de croissance externe, regarde avec attention le sort d’US Steel. Il envisagerait, selon Reuters, une offre sur l’aciériste américain déjà convoité par son concurrent, Cleveland-Cliffs, alors qu’un troisième candidat, Esmark, a récemment jeté l'éponge.
L’immobilier tangue
Du côté de l’immobilier, l’été 2023 a vu se cristalliser les inquiétudes et tous les indicateurs sont orientés au rouge, dans le neuf comme dans l’ancien, avec les plongeons du nombre de transactions, des réservations dans le neuf ou de la production de nouveaux crédits. Le marché s’est grippé, car les prix ne parviennent pas encore à s’ajuster.
Les acteurs cotés payent cette montée des doutes. Nexity, dont l’action est en recul de 48% depuis le début de l’année (-70% depuis le printemps 2021), touche cet été un plus bas de plus de 10 ans. Les investisseurs boudent un secteur dont le profil financier se dégrade à grande vitesse, avec un plongeon des réservations de logements (-20% en volume sur six mois, -28% en valeur). Si les ventes en bloc résistent, celles au détail s’effondrent (-43% en valeur au 30 juin).
Alors que le marché français devrait passer sous la barre des 100.000 logements neufs vendus en 2023, les grands acteurs du BTP ne font guère mieux. Vinci ou Bouygues, bien que moins dépendants de la promotion immobilière (respectivement 1,7% et 2,8% de leur chiffre d’affaires au 30 juin) font également grise mise.
En cause, les plongeons des réservations, synonyme de millésimes 2024 et 2025 qui s’annoncent bien ternes. Au 30 juin, leurs pôles respectifs de promotion résidentielle n’atteignaient pas l’équilibre opérationnel. Cette inquiétude autour de la pierre s’illustre également chez les foncières cotées. Icade et Altarea, les deux acteurs où la promotion immobilière pèse le plus lourd dans les comptes, affichent les plus mauvais parcours sur trois mois avec des chutes respectives de 18% et 27%.
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