
Les dirigeants français peinent à considérer l’inclusion comme un sujet stratégique

Diversité et inclusion deviennent un sujet incontournable pour les entreprises. Avec un objectif, « créer une culture d’entreprise qui accepte la différence, traite chacun avec équité et permette de se sentir en sécurité dans son travail », explique Hervé Borensztejn, associé d’Heidrick Consulting, la division de conseil en leadership d’Heidrick & Struggles. La quasi-totalité des entreprises considèrent que ces problématiques DE&I (diversity, equity and inclusion) sont plus importantes qu’en 2020 pour leur succès, selon un récent sondage mondial du cabinet. Pour la moitié des sondés en France (contre 43% dans le monde), cette évolution s’est faite grâce aux collaborateurs, et pour 39% (35% dans le monde) sous l’impulsion des clients.
En effet, les entreprises françaises peinent à aller de l’avant. Seulement 61% intègrent pleinement les sujets de diversité, d’égalité et d’inclusion dans leur stratégie, contre 85% dans le monde. « Face aux Anglo-Saxons, les Européens ont une approche plus normative et régulatoire des sujets de diversité et d’inclusion, explique Hervé Borensztejn. Ils abordent cette question par le biais de la conformité et la confient au DRH. En revanche, dans les pays anglo-saxons, l’équipe dirigeante s’en empare, car elle y voit un sujet stratégique, qui lui permettra d’améliorer sa performance et de gagner des parts de marché ».
Avance de la France en matière de handicap
D’ailleurs, seuls 3% des dirigeants français sondés, contre 10% dans le monde, considèrent leur entreprise comme avant-gardiste. Et l’intention de progresser ne semble pas toujours présente, avec seulement 36% des entreprises françaises estimant qu’elles seront pleinement inclusives dans l’avenir, contre 61% dans le monde. La résistance française s’explique sans doute pour des raisons culturelles. Elle a d’abord mis en place la mixité homme/femme, mais reste à l’écart des sujets d’ethnicité, à la différence des pays anglo-saxons, qui se sont engouffrés dedans. Toutefois, « la France est assez bien placée pour l’accueil des personnes handicapées au travail, avec des actions amorcées depuis des décennies, notamment avec les travaux autour de l’ergonomie et de la perception par les équipes, constate Hervé Borensztejn. L’intergénérationnel, avec trois générations en présence dans l’entreprise, va monter en puissance. La culture d’entreprise doit permettre de faire dialoguer les différentes générations et de maintenir les seniors en poste ».
La société française « est très inclusive, et depuis longtemps, avec la volonté de rassembler autour de valeurs communes, poursuit Hervé Borensztejn. Une vision très différente du communautarisme à l’américaine, synonyme de quotas ».
Créer une cohésion interne
Pour faire avancer les entreprises, Heidrick & Struggles fixe des objectifs de progrès. Tout d’abord, l’entreprise et surtout le dirigeant doit donner une ambition pour que l’entreprise devienne inclusive. « L’adoption d’une raison d’être peut permettre de galvaniser les équipes en ce sens et ainsi d’attirer des talents, explique Hervé Borensztejn. Mais si le sujet reste au niveau des RH, il n’avancera pas. Le top management doit être moteur ». Or, 32% des dirigeants sondés pensent que la mise en œuvre de cette politique de diversité relève des RH, contre 14% dans le monde. Ensuite, cette thématique d’inclusion doit passer par une prise de conscience individuelle, stimulée par l’exemplarité des dirigeants. Mais les enjeux sont traités globalement pour l’ensemble de l’entreprise. « Attention, par exemple, à ne pas créer d’oppositions hommes/femmes en ne formant que les femmes, prévient le cabinet de conseil. Chaque salarié doit être partie prenante d’un débat ouvert et global ».
Parvenir à une cohésion interne et à une cohérence des systèmes « nécessite un travail de déconstruction et de reconstruction pour supprimer tous les phénomènes d’exclusion et retrouver l’inclusion, explique Hervé Borensztejn. Par exemple, en ne rendant plus obligatoire une expérience internationale pour être promu, les femmes étant moins prêtes à partir à l’étranger que les hommes, la plupart du temps pour des raisons familiales ». Enfin, les entreprises doivent rendre visible leur politique d’inclusion et communiquer dessus, par exemple en publiant régulièrement des indicateurs.
S’adapter aux attentes des «millenials»
Inclure signifie aussi s’adapter. « La ‘grande démission’, symptôme de la nouvelle génération, met l’entreprise face à ses responsabilités, explique Hervé Borensztejn. L’entreprise ne peut plus traiter, comme avant, les salariés de manière indifférenciée et sans empathie. Les millenials ont une relation contractuelle et non émotionnelle avec l’entreprise, et cherchent à se valoriser individuellement. Avec un management de proximité plus puissant et plus à l’écoute, l’entreprise doit recréer un affectio societatis et accompagner différemment les carrières, avec des évolutions plus rapides et plus personnalisées, si elle ne veut pas perdre ses talents ».
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse