
La taxation des «superprofits» du raffinage rapporterait peu

Les raffineurs français vivent des temps chahutés. Alors que la Première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé mardi la réquisition de personnels pour débloquer les dépôts d’Esso, l’industrie pourrait faire face à une taxation de ses «superprofits» en 2022. Le gouvernement français a déposé il y a quelques jours un amendement au projet de loi de finances (PLF) 2023 en ce sens. Il prévoit «une contribution temporaire de solidarité (…) des secteurs de l’extraction, de l’exploitation minière, du raffinage du pétrole ou de la fabrication de produits de cokerie». Dans le détail, l’Etat prendra 33% de la part des profits imposables réalisés en 2022 qui dépassent de 20% la moyenne des résultats imposables enregistrés par l’entreprise concernée entre 2018 et 2021.
Il s’agit d’une transposition en droit français du projet négocié au niveau de l’Union européenne. Dans les faits, «en France, la mesure ne concerne que les raffineurs», a indiqué le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, à l’antenne de France Info mardi matin. «Elle ne rapportera que 200 millions d’euros», a complété le ministre. Une somme qui devrait se répartir entre Esso, TotalEnergies et Petroineos. La filiale d’Exxonmobil possède deux raffineries, le géant de l’énergie en détient quatre en activité et la coentreprise entre Ineos et Petrochina une seule, dans le sud de la France.
Le montant évoqué par le ministre paraît relativement limité compte tenu de la flambée des marges de raffinage cette année. TotalEnergies a ainsi vu le résultat opérationnel net ajusté de son pôle raffinage-chimie multiplié par cinq au premier semestre, à 3,9 milliards de dollars (autant d’euros). La majeure partie de ces profits n’est certes pas réalisée en France mais la base de comparaison dans le pays n’est clairement pas favorable, les raffineries françaises du groupe étant déficitaires depuis plusieurs années (hors 2021). De son coté, Esso a publié un résultat opérationnel ajusté de 409 millions d’euros au premier semestre après des pertes cumulées de 421 millions d’euros sur 2018-2021. Le chiffre de 200 millions d’euros «correspond à une première estimation», précise Bercy. Les amendements au PLF déposés par les députés Nupes le 7 octobre, qui concernent de nombreux secteurs d’activité allant du luxe au transport maritime de marchandise, permettraient de récupérer une somme bien plus conséquente mais il est peu probable qu’ils soient votés par l’Assemblée.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse