EDP mise gros sur la décarbonation de sa production électrique

L’énergéticien portugais investira 25 milliards d’euros en quatre ans pour doubler sa capacité renouvelable et renforcer ses infrastructures.

Logo de Energias de Portugal (EDP)
EDP aura recours à plusieurs moyens pour financer son ambitieux programme d’investissement tout en préservant sa notation de crédit.  -  Bloomberg

Le plan stratégique présenté jeudi par EDP (Energias de Portugal) ne fait pas dans la demi-mesure. L’énergéticien portugais, dont le premier actionnaire est le groupe public China Three Gorges avec plus de 21% du capital, prévoit d’investir 25 milliards d’euros sur la période 2023-2026, dont environ 21 milliards dans la production d’électricité renouvelable via sa filiale à 75% EDP Renovaveis (EDPR) et 4 milliards d’euros dans ses infrastructures.

Ceci représente «un budget annuel moyen de 6,25 milliards d’euros, supérieur de 30% au plan d’affaires antérieur», a précisé EDP dans son communiqué. Ces investissements seront répartis entre les différentes zones géographiques dans lesquelles il est implanté, à savoir l’Europe (40% du total), l’Amérique du Nord (40%), l’Amérique du Sud (15%) et l’Asie-Pacifique (5%).

L’éolien terrestre et le solaire photovoltaïque concentreront chacun 40% des investissements dans la génération électrique et le reste ira à la production solaire distribuée, l’éolien offshore, le stockage ainsi que l’hydrogène. L’objectif est d’atteindre une capacité renouvelable installée de 33 gigawatts (GW) en 2026, plus de deux fois supérieure à sa capacité actuelle qui s’élève à 15 GW. EDP vise une production exempte de charbon dès 2025 et celle-ci proviendra de sources à 100% renouvelables à la fin de la décennie. Dans les infrastructures, l’effort sera mis sur l’extension du réseau de distribution, l’installation de compteurs intelligents et l’augmentation des points de raccordement.

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Une poursuite des cessions d’actifs

«Notre secteur en mutation doit contribuer à renforcer à un coût raisonnable l’indépendance énergétique en Europe et aux Etats-Unis, ce qui nécessitera des investissements massifs», a déclaré à des analystes Miguel Stilwell de Andrade, directeur général d’EDP. A fin décembre 2022, l’endettement net de l’énergéticien avait progressé de 14% à 13,2 milliards d’euros d’un an sur l’autre. Il aura donc recours à plusieurs moyens pour financer son ambitieux programme d’investissement tout en préservant sa notation de crédit (BBB avec perspective stable pour S&P et Fitch, Baa3 assortie d’une perspective positive chez Moody’s). Après avoir cédé environ 20 milliards d’euros d’actifs durant les dix dernières années, EDP a l’intention de céder 7 milliards d’euros supplémentaires d’ici à 2026.

Sa filiale EDPR a lancé jeudi une augmentation de capital d’un milliard d’euros, au prix unitaire de 19,62 euros, qui sera en grande partie souscrite par une filiale du fonds souverain singapourien GIC.

EDP, qui conservera une participation minimale de 70% dans EDPR, a lancé en parallèle une augmentation de capital d’un montant similaire, au prix de 4,40 euros par action, pour prendre le contrôle des minoritaires de sa filiale brésilienne EDP Brasil, actuellement détenue à 56% par sa maison mère. China Three Gorges, GIC et Adia, le fonds souverain d’Abou Dhabi, se sont tous trois engagés à souscrire à cette offre pour un montant cumulé de 600 millions d’euros.

«Nous sommes surpris par ce renforcement au Brésil tout en appréciant la simplification de son organisation et l’intégration des minoritaires. L’opération devrait avoir un effet relutif de 5% sur le bénéfice par action estimé d’EDP en 2024 en raison des multiples de valorisation assez faibles de la filiale brésilienne», avancent les analystes d’UBS. En tenant compte de sa levée de fonds et d’économies sur sa trésorerie, estimées entre 20 millions et 30 millions d’euros par an, découlant d’un dividende payé en actions, «EDPR devrait désormais avoir un bilan suffisamment solide pour soutenir la croissance de son activité», jugent de leur côté les analystes de Citigroup.

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