
Casino a reçu des offres de Daniel Kretinsky et du trio Niel-Pigasse-Zouari

Le groupe de grande distribution Casino a annoncé, mardi, avoir reçu deux offres en vue du renforcement de ses fonds propres, l’une d’un groupement mené par Daniel Kretinsky, et l’autre des hommes d’affaires Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari. Selon des sources proches du dossier, ces deux propositions impliquent une augmentation d’au plus 1,5 milliard d’euros du capital de la société en difficulté, hors la conversion de dette en capital prévue dans le cadre de sa restructuration.
La cotation de l’action Casino a été suspendue mardi, à la demande de la société, dans l’attente de la publication d’un communiqué de presse et jusqu’à nouvel avis, selon l’opérateur boursier Euronext. Avant cette suspension, le titre Casino progressait de 16,2%, à 4,57 euros, mardi matin.
La veille, l’action avait affiché une intense volatilité en Bourse après que le groupe a annoncé avoir rompu un de ses engagements financiers.
Deux offres rivales
Dans son communiqué, Casino a indiqué qu’une première offre avait été déposée par un groupement constitué d’EP Global Commerce a.s., une société d’investissement du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, et de Fimalac, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière. La seconde a été formulée par Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari, par l’intermédiaire de leur véhicule d’investissement 3F, créé pour l’occasion.
Les candidats à la reprise de la société avaient jusqu’au 3 juillet pour déposer leurs offres auprès de Casino et de ses conciliateurs. Afin de trouver une issue aux difficultés traversées par Casino, une procédure de conciliation avec ses créanciers a été ouverte le 25 mai dernier. Elle court jusqu’au 25 septembre prochain, mais pourrait être prorogée jusqu’au 25 octobre.
Le 5 juillet
«Ces deux propositions seront analysées et présentées au comité ad hoc du conseil d’administration de Casino ce jour, puis aux créanciers dans le cadre d’une réunion organisée le 5 juillet sous l’égide des conciliateurs», a indiqué Casino dans un communiqué. Les principaux termes de ces propositions seront rendus publics à l’issue de la réunion avec les créanciers, soit le mercredi 5 juillet après la clôture de la Bourse de Paris, a complété le groupe.
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«Aucune décision relative à ces propositions ne sera prise par les organes de gouvernance du groupe tant que ces propositions n’auront pas été présentées et discutées avec les créanciers sous l’égide des conciliateurs», a ajouté le distributeur.
Dans un communiqué séparé, 3F a annoncé avoir déposé une offre à Casino «en vue de mettre en œuvre un projet industriel et commercial de long terme accompagné de moyens financiers renforcés et d’un ancrage français confirmé». Cette offre «bénéficie du soutien d’un groupe important de créanciers de Casino, convaincus de la solidité du plan industriel, commercial, social et financier», a ajouté 3F. S’il l’emporte, ce candidat a l’intention de placer Moez-Alexandre Zouari à la direction de Casino.
Entre 900 millions et 1,5 milliard d’euros
3F et ses partenaires comptent investir 900 millions d’euros dans le groupe à l’issue de l’opération, sous réserve des conditions d’usage. «Cette proposition de restructuration de la dette se traduira par une réduction significative de l’endettement du groupe», assure le véhicule d’investissement du trio Niel-Pigasse-Zouari.
Selon une source proche du dossier, l’offre du duo Kretinsky-Fimalac porte sur l’injection de 1,39 milliard d’euros dans Casino. Sur ce montant, 900 millions d’euros seront apportés par EP Global Commerce a.s. et Fimalac, tandis que des créanciers auront la possibilité de fournir le solde. Si besoin, EP Global Commerce a.s. et Fimalac compléteront, assure cette source.
De son côté, 3F a reçu des propositions d’autres créanciers à hauteur de 600 millions d’euros, ce qui pourrait porter la surface de son offre à 1,5 milliard d’euros, indique une autre source.
Les offres du duo Kretinsky-Fimalac et de 3F prévoient, par ailleurs, la conversion de respectivement 500 millions d’euros et 700 millions d’euros de dettes en capital, ont précisé ces sources.
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