
Bercy veut protéger les entreprises de la hausse de l’énergie

La situation commence à devenir sérieusement inquiétante. Avec l’envolée des prix de l’énergie, de plus en plus d’entreprises voient leurs factures d’électricité flamber au gré des renouvellements de contrats ou en fonction de leurs paramètres d’application. Dans ce contexte, Bruno Le Maire a joint les actes à la parole. Après avoir estimé dans une interview accordée à L’Agefi dans le cadre de l’European Finance Forum que des «aides» seraient nécessaires «pour les entreprises les plus pénalisées», le ministre de l’Economie a dévoilé une série de mesures mercredi.
Bercy a publié une charte, signée par les grands fournisseurs d’énergies dont EDF, Engie, et TotalEnergies, contenant 25 engagements pour aider les consommateurs à faire face à la crise énergétique. Elle prévoit notamment que les fournisseurs fassent au moins une proposition commerciale aux clients professionnels qui la demandent et qu’ils engagent des démarches avec eux au moins deux mois avant l’arrivée à échéance de leur contrat. Surtout, l’Etat va mettre en place une garantie publique sur les cautions bancaires demandées par les fournisseurs d’énergie ce qui devrait permettre de réduire les coûts des contrats tout en évitant une éviction du marché des entreprises les plus fragiles. Il s’agit «d’un risque important pris par l’Etat», a commenté Bruno Le Maire.
Un prix «raisonnable»
Le gouvernement aidera aussi les sociétés les plus consommatrices d’énergie ne bénéficiant pas du bouclier tarifaire via des aides directes pour un budget de 5 à 7 milliards d’euros qui sera financé par la mise en place d’un plafonnement des prix de l’électricité à 180 euros le mégawatt/heure (Mwh). Concrètement, il ne s’agit pas de fixer un prix maximum aux électrons produits en France mais de récupérer auprès des producteurs concernés le surplus de revenus dégagés lorsqu’ils vendent à un prix supérieur à cette limite. Ce prix de 180 euros le Mwh est jugé «raisonnable» par Bruno Le Maire, face à des prix de marché «délirants» de «500 euros le Mwh, parfois plus».
Le mécanisme et le seuil retenus sont cohérents avec les mesures discutées au niveau européen à la différence près qu’ils concernent l’ensemble des sources de production d’électricité, du renouvelable au nucléaire en passant par le charbon et les centrales à gaz alors que ces dernières sont a priori exclues du projet européen, au moins celles qui subissent de plein fouet l’envolée des prix du gaz. «Les centrales à gaz en France peuvent avoir des coûts de production inférieurs au prix de marché européen et donc générer une rente inframarginale que le mécanisme européen pourra capter», a réagi Bercy auprès de L’Agefi.
Le gouvernement pourrait en outre compter sur des avancées au niveau européen sur le plafonnement des prix du gaz et leur découplage d’avec les cours de l’électricité. Mercredi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a envoyé des signaux encourageants sur le sujet. Devant le Parlement à Strasbourg, elle a indiqué que la Commission serait «prête à discuter d’un plafonnement du prix du gaz utilisé pour produire de l’électricité», précisant qu’il devrait être «conçu correctement afin de garantir la sécurité de l’approvisionnement». En attendant, l’exécutif français souhaite introduire ses mesures dès «les prochains jours» via un amendement au projet de loi de finances 2023.
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Journée de mobilisation du 18 septembre : "La France n'a pas été bloquée", se félicite Bruno Retailleau
Paris - «La France n’a pas été bloquée» jeudi lors de la journée de mobilisation sociale, qui a rassemblé 506.000 personnes dans le pays, dont 55.000 à Paris, s’est félicité le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. Le ministre a annoncé, peu après 20H00, 309 interpellations et 134 gardes à vue à la suite des actions et manifestations, où étaient présents «7.300 individus radicalisés, dangereux, black blocs». «Ils ont tenté, on l’a bien vu à travers les images, de troubler, de gâcher des cortèges et des manifestations mais heureusement nos forces de l’ordre» les ont «systématiquement» «contrés», a-t-il précisé lors d’un point de presse en sortant de la cellule interministérielle de crise relative à la journée de mobilisation nationale. Selon le ministre démissionnaire, 26 policiers et gendarmes ont été blessés. «Moi, je ne m’y habitue pas. Là encore, ça n’est pas normal». A Paris, le parquet a annoncé, à ce stade, 29 personnes en garde à vue, dont sept mineurs, «pour la très grande majorité, pour les infractions de participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations, violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, et port d’arme de catégorie D, cette catégorie désignant indifféremment gazeuse, couteau, etc». «On a compté à 19H00 700 actions de voie publique», c’est-à-dire «des tentatives de blocage, de filtrage ou des cortèges», a précisé Bruno Retailleau, et «140 actions de déblocages ont eu lieu, dont 18 à Paris». «Dans la quasi-totalité des cas», les manifestations se sont déroulées «dans de bonnes conditions en province, à Paris également», a-t-il encore dit. «Globalement, il y a moins de participation dans les grandes agglomérations» mais davantage «dans les plus petites agglomérations, dans des villes de province», avec «dans les cortèges beaucoup de présence syndicale et beaucoup moins (...) de présence de lycéens», a détaillé M. Retailleau. «C'étaient deux journées en une, il y avait le mouvement Bloquons tout le matin et ensuite les cortèges en fin de matinée et pendant l’après-midi», a-t-il relaté. «Les forces de l’ordre ont été très, très réactives et nous avons débloqué systématiquement celles et ceux qui prétendaient bloquer un certain nombre d’infrastructures, de lycées ou autres» et «ces interventions précisément ont permis d’assurer la libre circulation (...) sur l’ensemble des grands axes de circulation», a-t-il souligné, rappelant que 80.000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés. © Agence France-Presse