
Atos pourrait vendre BDS à Airbus pour 1,5 à 1,8 milliard d’euros

Le groupe de services numériques en difficulté Atos a fait état mercredi de l’avancement de ses projets de transformation, indiquant notamment négocier la vente de ses activités de big data et cybersécurité (BDS) avec l’avionneur Airbus.
«La société va ouvrir une phase de ‘due diligence’ [audit préalable, ndlr] avec Airbus, dont l’offre indicative d’une valeur d’entreprise de 1,5 à 1,8 milliard d’euros porte sur l’intégralité du périmètre BDS», a indiqué Atos dans un communiqué. «Actuellement à un stade préliminaire, les discussions avec Airbus vont progresser et le marché sera informé en temps voulu de leur issue», a précisé le groupe. «Il n’y a aucune certitude qu’elles aboutiront à un accord ou à une transaction», a complété un porte-parole d’Airbus.
Mi-décembre, Atos avait déjà flambé en Bourse sur fond de rumeurs de rachat de BDS par Airbus. Le groupe a par ailleurs indiqué avoir reçu une autre marque d’intérêt non contraignante pour son activité BDS, mais ne concernant qu’une partie de son périmètre.
«La direction et le conseil d’administration considèrent que parmi les différentes cessions potentielles, la vente de BDS serait un élément déterminant, permettant aux activités demeurant dans la société de conserver un intérêt stratégique», a complété Atos.
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Poursuite des discussions sur la cession de Tech Foundations
Le spécialiste des services numériques poursuit également les discussions en vue de la vente de ses activités historiques d’infogérance, regroupées sous le nom de Tech Foundations, à EP Equity Investment (EPEI), un fonds détenu principalement par l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky.
«Les discussions se poursuivent sur le prix à payer, la structure de l’opération et le transfert d’une très grande partie des passifs attachés à Tech Foundations», précise Atos.
Atos n’exclut pas des cessions d’actifs complémentaires afin d’honorer ses échéances de financements, notamment si la transaction avec EPEI ne se matérialise pas, a indiqué le groupe, qui prévoit dans le même temps une réduction de la taille initialement prévue de ses différentes augmentations de capital.
Atos avait précédemment indiqué qu’en cas de cession de Tech Foundations à EPEI, le groupe serait renommé Eviden et réaliserait plusieurs levées de fonds pour un montant total de 900 millions d’euros.
Un recours à une protection juridique n’est pas exclu
«La direction et le conseil d’administration de la société ont comme priorité la poursuite de l’intérêt social d’Atos, et la préservation des intérêts des différentes parties prenantes», a souligné le groupe, dont la situation est critique. Atos compose avec des difficultés financières, notamment une forte consommation de trésorerie pour financer le plan de restructuration de sa branche Tech Foundations.
Dans ce contexte, Atos s’efforce de conserver un portefeuille d’activités «qui demeurera attractif pour ses employés, ses clients, ses créanciers et ses actionnaires», tout en assurant le remboursement et le refinancement de ses dettes financières, a indiqué le groupe. Celles-ci incluent un prêt à terme de 1,5 milliard d’euros, arrivant à échéance en janvier 2025 sous réserve de deux extensions de six mois chacune, dont Atos dispose selon des conditions usuelles. Elles comprennent également quatre souches obligataires d’un montant cumulé de 2,4 milliards d’euros, dont les échéances courent entre novembre 2024 et novembre 2029, ainsi qu’une facilité de crédit de crédit renouvelable de 900 millions d’euros.
«La société entend couvrir ses échéances de dettes financières en prenant en considération la trésorerie disponible à la fin de l’année 2023, dont le montant inclura des actions spécifiques sur le besoin en fonds de roulement», a indiqué Atos. «Afin d'éviter toute incertitude sur son évolution pérenne», le groupe compte également engager des discussions avec ses banques afin d'éviter une éventuelle baisse de la notation que lui attribuent les agences d'évaluation.
«En cas de besoin, si l’issue des discussions avec l’ensemble de ses banques s’avérait incertaine, la société n’exclut pas de recourir aux mécanismes de protection juridique à sa disposition pour encadrer les discussions avec ses créanciers», a prévenu Atos. Le groupe examinera ses options au premier trimestre de cette année, «afin de confirmer qu’elles seront suffisantes pour assurer de manière pérenne la couverture des échéances de financement et les besoins de trésorerie».
Nouveaux changements au conseil d’administration
L’instabilité de la gouvernance représente un autre défi de taille pour Atos. Valérie Bernis, Aminata Niane, Vernon Sankey et René Proglio ont décidé de démissionner du conseil d’administration, a annoncé Atos mercredi. Le groupe a décidé de nommer Françoise Mercadal-Delasalles et Jean-Jacques Morin pour les remplacer.
Atos projette aussi de se rapprocher de son actionnaire de référence, la société spécialisée dans la transformation numérique OnePoint, pour discuter de ses demandes en matière de gouvernance. Selon une déclaration transmise le mois dernier à l’Autorité des marchés financiers (AMF), OnePoint a demandé la nomination de trois représentants au conseil d’administration d’Atos, «dès que cela sera possible», afin de peser sur la réorganisation en cours des activités. Le 13 décembre dernier, OnePoint détenait 11,4% du capital et des droits de vote d’Atos.
En réaction à ces annonces, l’action Atos a ouvert en hausse de plus de 10% mercredi avant d’abandonner rapidement l’essentiel de ses gains. A 15h30, elle était nettement dans le rouge, en recul de 6%.
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États-Unis : les démocrates publient une lettre attribuée à Trump pour l’anniversaire de Jeffrey Epstein
Washington - Une lettre attribuée à Donald Trump à l’attention de Jeffrey Epstein pour son anniversaire en 2003 a été rendue publique lundi par des parlementaires démocrates, alors que le président américain en avait démenti l’existence en juillet, en pleine polémique sur ses liens avec le délinquant sexuel. La lettre, obtenue par les membres démocrates d’une commission de la Chambre des représentants, montre une esquisse de buste féminin avec des citations attribuées à tour de rôle à Jeffrey Epstein et à Donald Trump, deux figures alors de la jet-set new-yorkaise, avec la signature du futur président américain au pied de la note. L’affaire Epstein, du nom du financier new-yorkais mort en prison en 2019 avant son procès pour crimes sexuels, enflamme de nouveau les Etats-Unis depuis que le gouvernement de Donald Trump a annoncé début juillet n’avoir découvert aucun élément nouveau qui justifierait la publication de documents supplémentaires ou le lancement d’une nouvelle enquête dans ce dossier. La mort, par suicide selon les autorités, de Jeffrey Epstein a alimenté d’innombrables théories du complot, selon lesquelles il aurait été assassiné pour l’empêcher d’impliquer des personnalités de premier plan. Selon le Wall Street Journal, qui avait le premier révélé en juillet l’existence de la lettre, celle-ci a été envoyée par les légataires de Jeffrey Epstein à une commission du Congrès ayant exigé auprès d’eux d’obtenir de nombreux documents liés à l’affaire. «Merveilleux secret» Après les révélations du quotidien américain, Donald Trump avait nié être l’auteur de la lettre et avait attaqué le «WSJ» pour diffamation, ainsi que son patron Rupert Murdoch, leur réclamant au moins 10 milliards de dollars de dommages-intérêts. Le texte de la missive représente un échange imaginaire entre Donald Trump et Jeffrey Epstein, dans lequel le premier dit: «Nous avons certaines choses en commun Jeffrey». «Les énigmes ne vieillissent jamais, as-tu remarqué cela», dit-il également avant de conclure: «Joyeux anniversaire. Que chaque jour soit un autre merveilleux secret». Après avoir promis à ses partisans pendant sa campagne présidentielle des révélations fracassantes sur cette affaire, Donald Trump tente aujourd’hui d'éteindre la polémique, qu’il a de nouveau qualifiée récemment de «canular» monté par l’opposition. Les élus démocrates qui ont publié la lettre lundi ont exhorté le président républicain à faire la lumière sur l’affaire. «Trump parle de merveilleux secret que les deux partageaient. Qu’est-ce qu’il cache? Publiez les documents!», ont-ils écrit sur X avec une image de la lettre. Taylor Budowich, un conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche, a réagi en affirmant que la signature en bas de page ne correspondait pas à celle du président. «DIFFAMATION!», a dénoncé sur X le responsable. Le très populaire podcasteur conservateur Charlie Kirk a également mis en doute la véracité de la lettre. «Est-ce que ça ressemble à la vraie signature du président. Je ne crois pas du tout», a-t-il lancé sur X, estimant que celle-ci avait été «falsifiée». Robin LEGRAND © Agence France-Presse -
Après la chute de Bayrou, des rassemblements improvisés dans plusieurs villes de France
Paris - Des manifestants fêtent lundi soir dans différents endroits de France la chute du gouvernement de François Bayrou devant des mairies, à l’appel du mouvement «Bloquons tout» le 10 septembre. A Nantes, quelque 300 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées en début de soirée, en musique et sous des pancartes marquées «Bye bye Bayrou» et «le 10/09 on bloque tout», quelques confettis survolant le regroupement. «On en profite pour échanger sur les différentes actions prévues le 10 septembre, les informations circulent», rapporte Inès Guaaybess, 30 ans, qui prévoit de se mobiliser mercredi. A Rennes, quelques centaines de personnes, pour beaucoup des étudiants, se sont réunis place de la mairie autour d’une table avec quelques bouteilles et du pain, sur fond de musique et de confettis. Les manifestants se sont ensuite rendus place Sainte-Anne au centre ville, haut lieu de la vie étudiante rennaise. «On est au bout du système» avec «une alternance droite gauche qui ne remet pas en cause le côté capitaliste libéral. Il va falloir bifurquer», assure Jérémie, ingénieur de 37 ans, venu en vélo avec son enfant. A Paris, des rassemblements étaient organisés devant plusieurs mairies d’arrondissement. Dans le 20e, au moins 200 personnes se sont réunies place Gambetta dans une ambiance bon enfant. «C’est une grande victoire ce soir! Le prochain gouvernement devrait penser aux pauvres et aux retraités. Tout est cher, tout augmente. Macron, je voudrais qu’il s’en aille, pourtant j’ai voté deux fois pour lui pour faire barrage» à l’extrême droite, explique Amina Elrhardour, 60 ans. Selon Marius, 25 ans, «il y a vraiment de la démocratie locale qui s’organise» en vue du 10 septembre, tandis que Xavier Keller, 25 ans lui aussi, dit que «le Nouveau Front populaire doit gouverner. On est capable de faire accepter un budget de gauche, je n’ai aucun doute là-dessus». A Bordeaux, plus d’une centaine de personnes, dont de très nombreux jeunes, ont applaudi et crié de joie à l’annonce de la chute du gouvernement Bayrou, au son d’une fanfare. «Il faut qu’on soit visible, on est nombreux à en avoir ras le bol et n’avoir plus confiance en Macron», lance Mathilde, trentenaire ceinturée d’une banane Confédération paysanne. Un rassemblement a également été organisé en fin d’après-midi à Pau, ville dont M. Bayrou est le maire. Le chef de l’Etat a dit vouloir nommer un nouveau Premier ministre «dans les tout prochains jours». © Agence France-Presse