
Une deuxième vague de volatilité gagne les marchés

Avant même le discours d’Emmanuel Macron, annonçant un reconfinement de la France, les Bourses ont chuté mercredi un peu partout dans le monde, du fait du regain de nervosité à l’idée de revivre le choc du mois de mars, quand les pays occidentaux avaient décidé des mesures de confinement pour contenir la première vague de coronavirus. Environ -4% sur les actions Europe et -3% aux Etats-Unis. Ces inquiétudes se voient surtout dans le regain de volatilité : +20% pour la volatilité actions passée de 27% à 40% en trois séances depuis lundi aux Etats-Unis (VIX CBOE), de 28% à 38% en Europe (VSTOXX), contre 80% ou plus en mars.
«L’indice VIX (CBOE) avait déjà connu un sursaut début septembre avec la perspective (désormais confirmée) de ne pas aboutir à un plan de relance aux Etats-Unis avant l’élection du 3 novembre, analyste Jean-Louis Mourier, économiste d’Aurel BGC. Cette ‘deadline’ approche, de même que celle sur le Brexit, et donc les décisions de restrictions fortes un peu partout en Europe. Et cela recrée toujours de l’anxiété sur les marchés.» «Ceci est accentué par le ‘court-termisme’ des investisseurs : la tentation est en effet grande pour beaucoup de se mettre au diapason avec l’environnement et de faire évoluer les portefeuilles à chaque soubresaut de marché», regrette aussi Mathieu Vaissié, directeur de la recherche de Ginjer AM, faisant allusion à des mouvements plus fréquents en fin de mois désormais.
Ce contexte justifie donc le regain de nervosité sur les marchés et la baisse des actions depuis lundi, de -5% à -8% selon les indices, une baisse amplifiée mercredi. «On ne devrait cependant pas revivre le même creux qu’en mars car : d’une part, les agents économiques – comme les gouvernements dans leurs décisions - y sont mieux préparés ; d’autre part, les banques centrales ont pris les dispositions pour éteindre l’incendie sur les marchés de taux, ce qui amortit également la décollecte sur les autres actifs», poursuit Jean-Louis Mourier. Le fait est que le choc n’avait pas été si durable même en mars, les marchés boursiers s’étant repris quasiment au lendemain des confinements, et que les taux des pays périphériques les plus risqués comme l’Italie sont assez peu remontés cette semaine : -0,77% pour le BTP mercredi.
Les marchés se sont-ils déjà couverts pour la suite ? «L’indice VXX (Barclays) de la volatilité de la volatilité est lui aussi remonté de 22% à 27% depuis lundi, mais pas de façon extrême, poursuit Mathieu Vaissié. Les investisseurs ont répondu au choc exogène (la deuxième vague d’épidémie) en achetant des protections. La question est désormais de savoir si cela peut déclencher des boucles de rétroactions : les fournisseurs de ces protections vont-ils être amenés à se couvrir de façon plus agressive pour préempter la liquidité disponible ? Les gérants de fonds vont-ils être contraints de vendre des titres pour faire face à d’éventuels ordres de rachats ? etc. A ce stade, nous ne voyons pas dans nos analyses les risques se diffuser, en témoigne le calme relatif observé sur les produits de taux», remarque cet expert des marchés dérivés.
Taux calmes
Les taux n’ont pas bougé mercredi, même les taux périphériques des pays plus fragiles comme l’Italie. Sur les taux à 10 ans américains, l’indice de la volatilité implicite à un mois (Move) remonté la semaine dernière a même diminué légèrement, à 58%. Les protections contre les défauts (indices de CDS souverains) n’ont même pas regagné leur niveau – déjà bas – de début octobre. Et celles sur le crédit ne donnent pas encore l’impression d’une situation alarmiste non plus – l’indice iTraxx Europe revient autour de 60 points contre 136 mi-mars – même si certains secteurs ou actifs continueront à souffrir davantage de la crise sanitaire. On pense au pétrole, dont les cours ont encore chuté mercredi de 6% pour le brut WTI avec le constat d’une augmentation des stocks américains.
Malgré le traumatisme de février-mars, les investisseurs semblent voir les marchés d’actions européennes se maintenir dans le bas de la «bande» de niveau initiée mi-mai. Ils hésitent donc à se positionner sur des positions vendeuses, avec le risque de rater un rebond qui pourrait intervenir dès la semaine prochaine, notamment en lien avec les élections américaines et les réunions des banques centrales. «Les flux de capitaux n’attestent pas non plus de mouvements de panique comme en mars, indique Bernard Aybran, directeur d’Invesco France. Les entrées ont continué à être supérieures sur les obligations ces dernières semaines, et les marchés intégrant déjà en grande partie les possibles mauvaises nouvelles (contestation des élections américaines, absence de vaccin à court terme), il peut être intéressant de se préparer au rallye saisonnier de fin d’année», poursuit-il, sachant que chaque retour sur les actions se fait, depuis plusieurs années, plutôt au bénéfice des actions émergentes que des actions européennes, dont la volatilité historique est du coup deux fois supérieure.
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