
L’élection américaine rend les investisseurs nerveux

L’indice VIX est de nouveau dans le radar des investisseurs. Et pas uniquement en raison de la forte correction des valeurs technologiques américaines en fin de semaine dernière. Certes cet indicateur a bondi dans la foulée de la chute du Nasdaq. «Le VIX a clôturé nettement au-dessus de 30 (33,6), en hausse de 26,5% et à son niveau le plus élevé depuis juin dernier», note Jeroen Blokland, stratégiste chez Robeco. Mais il commence aussi à refléter une autre inquiétude: l’incertitude avant l’élection présidentielle américaine. «Les contrats futures sur le VIX suggèrent une augmentation de la volatilité autour du scrutin, souligne Mark Haefele, le responsable des investissements chez UBS GWM. L’écart entre le niveau actuel du VIX et celui du deuxième contrat (mi-octobre, ndlr), dont l’échéance est juste avant l’élection, n’a jamais été aussi élevé». Et ce depuis 2004, date du début de collecte de ces données. A près de 9 points, avant la correction sur le Nasdaq, il était encore de 5 points vendredi.
Cette anticipation d’une plus forte volatilité est également visible sur le marché des taux américains. «Alors qu’en août, le marché s’était plutôt focalisé sur l’offre de Treasuries et sur la ruée vers les produits inflation, l’élection présidentielle américaine devient de plus en plus un sujet, observe William Marshall, économiste chez Goldman Sachs. Cette prime d’élection est particulièrement visible sur la volatilité des taux à long terme». La différence entre le contrat le plus proche et le plus lointain (et proche du scrutin) est de 8 points de base (bp) à 10 ans et 9 pb à 30 ans. Le stratégiste constate une hausse de la volatilité sur les taux au cours des élections passées avec des évolutions différentes en fonction des scénarios. La prime la plus élevée, et donc la plus forte hausse de la volatilité se produit quand il y a un changement de bord et que le président élu contrôle le Congrès. Un scénario sous-estimé par le marché, selon William Marshall.
Risque de hausse de l’IS en cas de victoire démocrate
Pour les stratégistes actions de Goldman Sachs, qui ont revu en hausse mi-août leur objectif sur le S&P 500 à la fin de l’année (3.600 points), il s’agit l’un des principaux risques à leur prévision. Le marché attribuait jusqu’à récemment une probabilité de 60% en faveur de Joe Biden. Le principal risque d’une victoire démocrate est la hausse prévue de l’impôt sur les sociétés qui aurait un impact sur les résultats des entreprises américaines. Les stratégistes de JPMorgan pensent néanmoins que le marché surestime ce risque car si la hausse des taxes est potentiellement négative, certains secteurs, comme les énergies alternatives ou les infrastructures, profiteront du programme de Joe Biden, avec au final un impact net moins important.
Surtout, Marko Kolanovic, stratégiste actions chez JPMorgan, conseille aux investisseurs de se préparer à une hausse des probabilités de réélection de Donald Trump. Les manifestations aux Etats-Unis pourraient tourner en faveur de l’actuel président si elles devenaient plus violentes : «Nous pensons que le ‘momentum’ favorable à Trump devrait continuer alors que la plupart des investisseurs sont encore positionnés sur une victoire de Joe Biden». Certaines thématiques comme l’ESG pourraient en pâtir. La réduction de l’écart entre Biden et Trump rappelle, selon le stratégiste de JPMorgan, 2016 quand Hillary Clinton avait remporté le suffrage populaire, mais Donald Trump l’avait emporté dans le collège électoral.
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A Pau, François Bayrou face à la fronde locale pour les municipales
Pau - Après le vote de confiance lundi et la probable chute de son gouvernement, le retour de François Bayrou dans son fief de Pau ne sera «pas paisible», préviennent ses opposants qui axent déjà la campagne municipale sur «son budget brutal» et le scandale Bétharram. «Son passage à Matignon a montré toutes les limites de sa méthode et de sa façon de penser le monde, c’est un homme politique de la fin du XXe siècle», tance Jérôme Marbot (PS), chef de file de l’opposition municipale, candidat malheureux de la gauche et des écologistes au second tour en 2020 face à François Bayrou. «Il va payer le prix de ce budget si brutal pour les plus faibles», avec un effort financier de 44 milliards d’euros, renchérit l'écologiste Jean-François Blanco, avocat et autre figure d’opposition locale. Même si le maire de Pau, élu une première fois en 2014, n’a pas annoncé sa candidature -déclarant seulement dans les médias que ses «aventures» politiques n'étaient pas «finies"-, «il est déjà en campagne», considèrent ses opposants. «Pas un retour paisible» Lundi matin, pour la rentrée des classes, François Bayrou a visité deux écoles à Pau. «Tout le monde a compris qu’il serait candidat, ce n’est pas un sujet, mais il n’aura pas un retour paisible», lui promet M. Blanco, déjà candidat en 2020 (14% des suffrages au premier tour). Le contexte national est venu «percuter» la campagne des municipales, analyse-t-il également, anticipant un scrutin «très politique» en mars prochain. François Bayrou qui a, dès son arrivée à Matignon, souligné qu’il voulait rester maire de Pau, glissant que c'était un titre «plus durable» que celui de Premier ministre, a vanté plusieurs fois ces derniers mois (vœux aux habitants, conférences de presse), en vidéo, «les dix ans de réalisations» dans la ville. Depuis deux ans, et après plusieurs années de déclin, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a gagné 3.000 habitants, selon des chiffres de l’Insee, atteignant désormais près de 80.000 habitants. Jean-François Blanco, avocat de victimes de violences physiques et sexuelles à Bétharram, est convaincu que cette affaire qui empoisonne le chef du gouvernement, ministre de l’Education à l'époque d’une première plainte contre l'établissement privé béarnais où ont été scolarisés plusieurs de ses enfants, «sera un marqueur de la campagne» des municipales. «Elle aura des conséquences», abondent les Insoumis, qui reconnaissent à M. Blanco d’avoir «affronté Bayrou sur le terrain de Bétharram», en lien avec le député LFI Paul Vannier, corapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire au printemps. La gauche divisée Reste que si la gauche paloise parle beaucoup de «rassemblement» pour reprendre la ville, dirigée par le PS de 1971 à 2014, ce n’est encore qu’un vœu pieux. La France insoumise «ne discute pas avec le PS», le socialiste Jérôme Marbot veut fédérer en ayant «vocation à être tête de liste», mais sans «en faire une condition sine qua non», tandis que Jean-François Blanco, mandaté par Les Ecologistes, veut unir derrière lui. «La porte est ouverte», insiste Jérôme Marbot, qui revendique le soutien de six formations de gauche, dont Génération.s ou Place Publique. «On veut présenter un programme de gauche de rupture. L’union pour l’union, sans la cohérence, ça ne marchera pas», avertissent de leur côté les Insoumis palois Jean Sanroman et Jade Meunier. De l’autre côté de l'échiquier politique, le Rassemblement national, qui avait réuni moins de 7% des voix aux municipales d’il y a cinq ans, espère capitaliser sur son score des dernières législatives (29%) avec comme candidate Margaux Taillefer, 26 ans, arrivée du parti Reconquête d'Éric Zemmour, et dont le nom a été dévoilé samedi. François Bayrou «va être dépositaire de son échec au gouvernement, ce sera plus difficile pour lui qu’en 2020", espère Nicolas Cresson, représentant régional du RN. Carole SUHAS © Agence France-Presse