Les banques centrales publient une grille d’analyse sur la nature

Le NGFS, une organisation qui rassemble 127 banquiers centraux, espère contribuer à l'élaboration de normes interopérables. Un pas de plus vers une prise en compte des risques et menaces sur la nature.
Banque de France
La Banque de France héberge le secrétariat du NGFS (Network for Greening the Financial System)  - 

Le NGFS (Network for Greening the Financial System) poursuit ses travaux avec la publication d’un cadre conceptuel pour les risques liés à la nature. Ce document, destiné aux banques centrales et autorités de supervision, vise à proposer aux 147 membres et observateurs de l’organisation un cadre et un langage communs, permettant d’identifier les impacts économiques induits par la dégradation de la biodiversité et des écosystèmes, et de transcrire ces derniers en risques financiers.

Le cadre adopte une approche intégrée : «les risques financiers liés au climat sont fortement interconnectés avec les risques financiers plus larges liés à l’environnement», rappellent les auteurs du rapport. «Au même titre que la crise climatique, la crise de la nature est le défi existentiel de notre époque», a déclaré François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, lors de la conférence de présentation des travaux.

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François Villeroy de Galhau lors du lancement du NGFS le 7 septembre 2023
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Ces travaux s’inscrivent dans le cadre de l’accord trouvé à l’issue de la COP 15 Biodiversité. En décembre 2022, 190 Etats se sont engagés à protéger au moins 30% des terres, des océans, des zones côtières et des eaux intérieures de la planète d’ici à 2030, afin de mettre un coup d’arrêt à la perte de biodiversité et restaurer les écosystèmes.

Les investissements nécessaires à l’atteinte de ces objectifs sont estimés à 500 milliards de dollars par an d’ici à 2030. A l’heure actuelle, ils ne dépassent pas 150 milliards, tandis que les subventions dommageables à l’environnement totalisent 300 milliards de dollars. «Quels que soient les chiffres, le fossé est telqu’il faut agir pour que la finance cesse d’être aveugle à la nature», a expliqué François Villeroy de Galhau. Ce dernier a également fait part de ses craintes que la lutte contre le changement climatique baisse dans l’ordre des priorités des gouvernements, «comme observé lors du G20 et des dernières grandes discussions internationales».

A lire aussi: Cadre conceptuel sur les risques financiers relatifs à la nature

Dans son propos introductif, Klaas Knot, président de la banque centrale néerlandaise, qui préside également le FSB (Financial Stability Board), a déclaré qu’il serait «illusoire» de penser pouvoir préserver la stabilité financière si la nature devait continuer à se dégrader.

Le NGFS prévoit de publier des approfondissements d’ici à la fin de l’année : des scénarios dédiés, qui constituent un préalable à des stress tests, ainsi que des recommandations sur la correction de biais dans les modèles économiques actuels. Le NGFS espère contribuer à l’émergence de standards interopérables, facilitant la supervision prudentielle des banques centrales. «L’ISSB [International Sustainability Standards Board] vient de clore une consultation dans laquelle le thème de la biodiversité et des écosystèmes était abordé, ce qui était bienvenu. La Commission a publié au mois de juillet des normes de reporting, basées sur les travaux de l’Efrag [Groupe consultatif européen sur l’information financière] et incluant la biodiversité. J’espère que les travaux européens seront une source d’inspiration pour l’ISSB », a conclu le gouverneur.

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