Alors que la COP15 de Montréal sur la biodiversité vient de se conclure sur un accord historique prévoyant notamment 200 milliards de dollars de financement par an pour préserver la nature et les espèces*, Morningstar a publié en amont de cet événement une note concernant les engagements des sociétés de gestion envers la biodiversité. Cet engagement peut prendre de multiples formes allant de la commercialisation de fonds dédiés à la thématique de la biodiversité et du capital naturel à des politiques de vote englobant tout ou partie des actifs sous gestion. Avec comme sous-jacent, la protection de l’eau, des forêts, des marais ou des espèces animales et végétales. Concernant tout d’abord l’offre de fonds dédiés, Morningstar note qu’ils sont «rares» et n’en a recensé que 14 dans sa base de données qui intègrent le mot «biodiversité" ou «capital naturel» dans leur dénomination. Ils sont investis en actions, ont été quasiment tous lancés il y a moins de deux ans, et pèsent environ 1,6 milliard de dollars d’encours. Tous les gestionnaires qui gèrent ces fonds, sauf un, sont domiciliés en Europe, marquant de nouveau l’avancée des sujets ESG des européens par rapport aux Etats-Unis. L’exception américaine est celle de la société Karner Blue. A noter aussi que deux gestionnaires d’actifs, Axa et Lombard Odier, représentent plus de 70% de ces encours thématiques. Enfin, leur performance n’est pas des plus lumineuses car presqu’aucun ne bat le marché depuis le début de l’année. Cette rareté fait dire à Morningstar «qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir avant que la biodiversité ne gagne la même importance que le climat en tant que thème d’investissement de fonds». Les fonds climat dépassent en effet les 350 milliards de dollars d’encours et sont représentés par plus de 1.100 véhicules thématiques. Ces fonds climat peuvent avoir cependant dans leur stratégie déjà une idée d’impact positif sur la nature. Les fonds biodiversité recensés par Morningstar au 28 novembre 2022 (encours en millions de dollars) Dans un registre un peu différent, Morningstar a par ailleurs communiqué auprès de Reuters une catégorie de fonds dénommée «healthy ecosystems», qui regroupe 175 fonds au total, pour un encours d’environ 75 milliards d’euros. Les cinq plus gros fonds de cette catégorie sont gérés par Pictet, BNP Paribas Asset Management et Amundi et pèsent près d’un tiers de ce segment (22 milliards d’euros). Au-delà des fonds, Morningstar s’est aussi penché sur les engagements pris par les sociétés de gestion pour préserver la biodiversité à travers leurs investissements. Un des témoins de ces engagements est la signature du» Finance for Biodiversity Pledge» où les acteurs signataires s’engagent "à développer une stratégie en faveur de la biodiversité". Selon le site internet de ce groupement, ce sont 126 institutions financières représentant 21 pays et plus de 18.800 milliards d’euros d’actifs qui sont signataires de ce pacte. Morningstar dénombrait au moment de la rédaction de sa note, un gros contingent de sociétés de gestion, d’au moins 75 firmes, le reste du contingent étant composé d’assureurs, de banques et de fonds de pension. Certains de ces signataires sont allés plus loin avec la création du «Nature Action 100". Sur le modèle du «Climate Action 100+", ils s’engagent à influencer les entreprises détenues en portefeuille sur les risques liés à la perte de biodiversité et sur leurs impacts. Les investisseurs à l’origine de ce groupement sont au nombre de 11 et sont listés dans le tableau suivant: Les 11 premiers signataires du groupement «Nature Action 100" Plus spécifiquement, ces acteurs doivent «collaborer et partager leurs connaissances, s’engager avec les entreprises, évaluer l’impact, fixer des objectifs et rendre compte publiquement de ce qui précède avant 2025". Avec les engagements pris pour la Cop15, nul doute que leur nombre ne devrait cesser de progresser et les investissements dans les fonds thématiques «biodiversité" se multiplier dès 2023. * L’accord signé à l’occasion de la COp15 prévoit également la protection de 30% des terres et des océans d’ici 2030 contre environ 10% aujourd’hui ou encore la baisse de 50% de l’utilisation des pesticides.