Le PDG d’Iberdrola est dans le viseur de la justice espagnole

Ignacio Sánchez Galán et trois autres dirigeants font l’objet d’une enquête pour corruption dans une ancienne affaire d’espionnage.
Yves-Marc Le Réour

Si la stratégie d’Iberdrola dans les renouvelablesest saluée par de nombreux investisseurs, l’énergéticien vient d’être rattrapé par ses carences passées en matière de gouvernance. La Haute Cour d’Espagne a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête visant son PDG, Ignacio Sánchez Galán, pour son rôle présumé dans une affaire d’espionnage vieille de 17 ans. Le PDG et trois autres anciens ou actuels dirigeants du groupe madrilène font face à des soupçons de «corruption, falsification de documents commerciaux et violation du droit à la vie privée».

Selon le droit espagnol, cette procédure ne conduira pas nécessairement à une inculpation, aucune accusation formelle ne pouvant être portée avant la fin de la première phase de l’enquête. Iberdrola a adressé une requête au juge pour que ce dernier autorise ses dirigeants «à témoigner dans l’enquête afin de clarifier cette situation». L’entreprise, qui a déclaré n’avoir trouvé aucune preuve de violation de ses codes de conduite à l’issue de trois enquêtes internes, «est impliquée dans ce dossier depuis vingt mois et cela a affecté sa réputation», a précisé un porte-parole.

L’affaire remonte à 2004, année où Ignacio Sánchez Galán, alors directeur général d’Iberdrola, projetait la construction d’une usine dans le sud de l’Espagne. Selon les documents judiciaires, le responsable de la sécurité de l’époque a eu recours à la société fondée par José Manuel Villarejo, ex-chef de la police espagnole, pour aider à «surmonter les obstacles» en vue d’obtenir les permis nécessaires.

Sorti de prison en mars 2021 après trois ans de détention préventive dans une affaire distincte de blanchiment d’argent et de corruption de fonctionnaires, l’ancien policier aurait été chargé de recueillir des renseignements sur Manuel Pizarro, ancien président de la compagnie électrique Endesa, ainsi que sur Florentino Pérez. Président du Real Madrid, cet homme d’affaires est également PDG d’ACS, groupe de BTP qui cherchait à obtenir un siège au conseil d’administration d’Iberdrola en 2009.

Pour la justice espagnole, la documentation sur la facturation de ces services a été cachée et falsifiée par l’énergéticien, tandis qu’Ignacio Sánchez Galán avait connaissance de ces paiements. Bien qu’ISS ait recommandé aux actionnaires de donner quitus au management lors de l’assemblée générale annuelle qui s’est tenue à distance vendredi dernier, la société de conseil aux investisseurs a prévenu que le dénouement de l’enquête judiciaire pourrait l’inciter à revoir sa position à l’avenir.

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