
Le consensus très mou de la BCE

Tout ça pour ça ? Les résultats de la revue stratégique de la Banque centrale européenne, la première depuis 2003, ont forcément déçu les exégètes de la politique monétaire. L’exercice a accouché d’un consensus mou. La paix avec le camp des faucons, à laquelle la présidente de la BCE Christine Lagarde se montre bien plus attachée que son prédécesseur Mario Draghi, était à ce prix. L’institution a, comme prévu, fixé une cible d’inflation à 2 % en zone euro et a rendu cet objectif symétrique, ce qui l’amènera à tolérer un léger dépassement. De quel ordre et pour quelle durée ? Le Conseil des gouverneurs s’est volontairement borné à une formulation imprécise. Les investisseurs devront se faire leur propre opinion en analysant les discours des uns et des autres. Bien malins ceux qui pourront bâtir sur ce sable une fonction de réaction claire et modéliser le lien entre les objectifs et les actions de la BCE. Un même flou artistique, déjà, entourait les conclusions que la Réserve fédérale avait livrées l’été 2020, mais la revue stratégique de la banque centrale américaine se voulait tout de même plus ambitieuse.
L’autre déception tient à la faiblesse de l’analyse des manquements passés. Voilà dix ans que la Banque centrale européenne, comme ses consœurs, rate avec une belle constance son objectif actuel d’une inflation inférieure à, mais proche de 2 %. Pourquoi n’a-t-elle jamais atteint sa cible, malgré le déploiement sans précédent dans l’histoire d’un arsenal monétaire non conventionnel ? Et bien que l’application d’une définition plus large des coûts du logement doive faire grimper d’un ou deux dixièmes l’indice des prix, comment la banque centrale peut-elle rendre crédible son nouvel objectif ?
A ces questions, la BCE n’a pas apporté de réponses. Tout juste offre-t-elle une garantie. Elle s’autorisera désormais un léger dépassement de vitesse sans se sentir tenue à un brutal coup de frein qui enverrait l’économie de la zone euro dans le fossé. Dans le monde d’avant Mario Draghi, lorsque l’obsession inflationniste de la Bundesbank régnait en maître à Francfort, la banque centrale s’était rendue coupable de deux erreurs majeures : relever ses taux en 2008, quelques semaines avant la faillite de Lehman Brothers, et une seconde fois en 2011, au moment où une menace existentielle planait sur la monnaie unique. Les prochains tressautements de l’aiguille sur le compteur de l’inflation ne serviront plus d’alibi à de telles sorties de route. Autre motif d’espoir, la BCE n’attendra pas dix-huit ans pour passer à nouveau en revue les forces et faiblesses de sa stratégie. La prochaine échéance est prévue en 2025, autant dire demain.
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