
Le ciblage de l’inflation va rester au cœur des prochains débats

Dans une réponse écrite à la commission des Affaires économiques du Parlement européen, la future présidente de la Banque centrale européenne (BCE) a estimé que, «comme pas mal de temps s’est écoulé depuis le dernier examen stratégique en 2003 (…), il serait utile de tirer les leçons de la crise financière en ce qui concerne l'évolution de l’environnement macroéconomique et le processus d’inflation». Elle renvoie aux réflexions américaine – depuis le début d’année – et européenne – depuis mai et une intervention de l’économiste Adam Posen (président du Peterson Institute) devant la BCE – en vue de réviser la cible d’inflation. Ce fut la principale nouveauté du discours de Mario Draghi le 25 juillet, lorsque le président de l’institution a remplacé le traditionnel objectif «de niveaux inférieurs à, mais proches de 2%» par un engagement en faveur de la «symétrie» autour de l’objectif. «L’assouplissement annoncé pour soutenir l’économie aurait alors dû faire réagir les taux longs à la hausse, pas à la baisse, preuve que les marchés ne croient pas en ce changement sans une redéfinition formelle de l’objectif», rappelle Nicolas Goetzmann, directeur de la recherche à la Financière de la Cité.
Le traité de création de la BCE lui a donné mandat d’assurer la stabilité des prix, définie à sa création en 1998 comme une inflation HICP «inférieure à 2%», puis redéfinie avec l’objectif actuel en 2003. Adopter rapidement la notion de symétrie autour du niveau d’inflation améliorerait la confiance dans l’efficacité de la politique monétaire. «L’étape suivante serait de passer à un ciblage d’inflation en niveau : si, au cours d’une année, l’inflation était par exemple à 1,5% par exemple, la BCE serait contrainte de réagir pour qu’elle atteigne 2,5% l’année suivante, permettant une moyenne à 2%, poursuit Nicolas Goetzmann. On pourrait alors parler de symétrie, et cela rassurerait marchés et entreprises de la savoir plus agressive en cas de besoin.»
Olli Rehn, gouverneur de la banque centrale de Finlande et membre du Conseil des gouverneurs, est intervenu dans ce sens d’une revue stratégique de la BCE le 19 août lors d’une intervention à la Fed de Dallas. Et les minutes publiées le 22 août montrent qu’un des membres avait relevé que, jusqu’à présent, l’interaction entre l’objectif d’inflation et la définition de la stabilité des prix retenue par le Conseil des gouverneurs introduit, de facto, un élément d’asymétrie, ce qui conduit le marché à anticiper un resserrement de la BCE dès 1,7% d’inflation.
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Kiruna - Le plus grand gisement de terres rares de l’Union européenne se trouve en Suède en plein territoire sami, au grand dam de ce peuple autochtone qui craint de voir sacrifié l'élevage de rennes au profit de la souveraineté économique européenne. A 910 mètres sous terre, le groupe public minier LKAB creuse, depuis la mine de minerai de fer voisine de Kiruna, un tunnel d’exploration pour évaluer le potentiel du gisement découvert début 2023. Les machines avancent chaque jour de cinq mètres. «Nous n’avons aucune activité d’exploitation minière dans le domaine des terres rares en Europe qui représente un potentiel énorme», souligne Niklas Johansson, vice président de LKAB, lors d’une visite. Cependant il existe «de nombreux défis à relever pour atteindre nos objectifs» sur ce gisement, ajoute-il. «Il existe une volonté politique d’y parvenir, mais pour ce faire, il reste encore de nombreux obstacles juridiques et processus d’autorisation à surmonter, que les nouvelles règles sont censées faciliter, mais nous n’avons encore rien vu», ajoute-t-il. Ces «nouvelles règles» évoquées par le dirigeant renvoient aux 47 «projets stratégiques» de terres rares et matériaux stratégiques définis en mars par la Commission européenne, et qui doivent bénéficier d’un traitement accéléré. Le gisement suédois de LKAB baptisé Per Geijer figure parmi les projets choisis. En théorie, la procédure d’obtention de permis pour l’extraction doit être accélérée pour s'établir à 27 mois. Mais LKAB reste prudent et, en l’absence de nouvelles, le dirigeant estime qu’"il faudra peut-être compter 10 ans rien que pour obtenir le permis» puis «environ deux ans pour construire une mine». Menace «existentielle» pour les Sami Cette promesse d’eldorado inquiète le peuple autochtone Sami qui vit de l'élevage traditionnel de rennes. «Nous sommes vraiment désespérés» déplore Lars-Marcus Kuhmunen, éleveur de rennes et chef de la communauté Gabna. «Parce que nous considérons que nous pourrions être la dernière génération sami dans cette région. Ce sera un trou noir sur la carte, là où se trouve Kiruna.» La pérennité de cet élevage est en jeu. «La mine prévue va obstruer la seule route migratoire saisonnière restante reliant les pâturages d’hiver et les pâturages d'été» explique Rasmus Kløcker Larsen, chercheur à l’Institut de l’environnement de Stockholm. «Le risque est que les gens soient poussés à abandonner l'élevage et que les coutumes et les connaissances des Samis ne soient pas transmises aux nouvelles générations», poursuit le chercheur qui réalise une étude pilote sur les risques liés aux droits humains dans les projets miniers sur les terres samies. «Le projet Per Geijer en est encore à ses débuts, et de nombreux aspects sont actuellement étudiés et examinés, notamment les mesures de protection, d’adaptation et de compensation à prendre pour répondre aux besoins de l'élevage de rennes», répond Pia Lindström, directrice de LKAB pour le développement durable. «Nous pensons qu’il est possible pour nos deux industries de poursuivre leurs activités et leur développement.» Dialogue de sourds ? Cependant, les représentants Sami et ceux de LKAB ne parlent pas la même langue, estime Lars-Marcus Kuhmunen. «Le dialogue porte toujours sur la minimisation des dommages pour nous. (...) Nous ne prenons pas d’argent. Nous ne voulons pas d’argent, nous voulons de la culture. Nous voulons que notre culture et l'élevage des rennes s’améliorent.» L’an dernier, l’UE a adopté une législation pour sécuriser ses approvisionnements en matières premières. L’objectif est de réduire la dépendance à la Chine pour des matières utilisées notamment dans la fabrication de batteries, d'éoliennes, ou de munitions. Ce texte a été complété en mars par la liste de 47 «projets stratégiques» dont ce gisement nordique. Le groupe minier suédois contrôlé par l'État entend aller de l’avant et profiter de ses capacités à extraire du minerais de fer à Kiruna depuis 1890 pour rentabiliser la production de terres rares et de phosphate. Car bien que les terres rares ne soient pas rares sur terre, 92% de leur production raffinée est réalisée en Chine alors que le pays n’est responsable que de 60% de leur extraction, selon l’Agence internationale de l'énergie. Jonathan KLEIN © Agence France-Presse -
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