
L’action coordonnée de l’UE n’évitera pas l’impact de la crise énergétique

C’est un soulagement pour l’Europe. Après leur envolée récente, les prix du gaz (et donc de l’électricité de gros) ont fortement diminué depuis que l’Union européenne (UE) a décidé de réfléchir à une réponse commune face à la flambée de la facture énergétique. Lundi, le contrat à un mois sur le gaz européen (contrat TTF échangé à la Bourse de Rotterdam) est repassé sous les 200 euros le mégawattheure (MWh), pour la première fois depuis le 8 août, en baisse de 7%, à 190,50 euros. Il a chuté de près de 40% par rapport à son point haut de 311 euros fin août.
«La baisse du prix du gaz en Europe après que les ministres de l’énergie de l’UE se sont mis d’accord sur la nécessité de mettre en place des interventions d’urgence telles que des plafonnements temporaires du prix du gaz ou une taxe exceptionnelle sur les entreprises énergétiques est une bonne nouvelle», souligne Xavier Chapard, stratégiste à La Banque Postale AM. L’objet de cette réunion d’urgence entre les ministres de l’énergie de l’UE n’était pas de finaliser la réaction commune de l’UE mais d’orienter les travaux de la Commission européenne, qui sera chargée de présenter un ensemble de propositions législatives, probablement ce mardi. La Commission entend notamment ainsi instaurer une «contribution de solidarité» temporaire sur les bénéfices excédentaires des entreprises des secteurs du pétrole, du gaz, du raffinage et du charbon afin de financer les mesures de soutien aux ménages et aux entreprises et les efforts pour rendre le bloc plus autonome en matière d’approvisionnement, selon un projet consulté par Reuters. Depuis le début de la crise, les Etats de l’UE ont mis sur la table près de 400 milliards d’euros de soutien budgétaire.
Stocks suffisants
«Trouver un accord sur des mesures concrètes risque d’être long et compliqué entre les 27 états qui ont des mix énergétiques et des approvisionnements très différents», nuance Xavier Chapard. En tout état de cause, si ces annonces ont eu un impact sur les prix, dont la pérennité reste à voir, il reste la question de l’approvisionnement. Pour certains, le remplissage à 80% des stocks de gaz devrait permettre d’éviter des pénuries. «En cas d’arrêt total des livraisons de gaz russe, la situation serait très incertaine car elle dépendrait de la vigueur de l’hiver, de la disponibilité de sources alternatives au gaz russe, de la substitution par le pétrole et le charbon, du degré de réouverture des centrales nucléaires…, estiment les économistes de Société Générale CIB. Mais, ces niveaux de stocks seraient, selon nous, suffisants pour passer l’hiver sans trop de rationnement d’énergie.» Un point de vue partagé par les stratégiste de JPMorgan pour qui «il n’y aura pas besoin d’arrêts forcés, et il est peu probable que les stocks de gaz descendent en dessous de 30% cet hiver.»
Les stocks de gaz représentent un quart environ de la consommation annuelle de gaz de l’UE, sachant qu’une grande partie de cette consommation a lieu pendant les mois d’hiver. «Une réduction de la demande de gaz cet hiver est dans tous les cas nécessaire en l’absence du gaz russe, ce qui rend une récession même légère difficilement évitable fin 2022 et début 2023», estime pour sa part Xavier Chapard. Sachant que le niveau des prix a aussi des répercussions non seulement sur les marges des entreprises mais également sur leur capacité à produire. Mais même si l’hiver n’est pas rigoureux et que les stocks suffisent, la question se posera à nouveau en 2023. «Même en cas de livraisons suffisantes pour éviter une pénurie cet hiver, les stocks de gaz européens pourraient s’avérer historiquement faibles au printemps, affirme Regis Bégué, gérant actions chez Lazard Frères Gestion. Le problème pourrait dès lors réapparaître au cours de l’hiver suivant.»
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse