
La résistance de l’économie nourrit le débat sur les forces offre-demande

Et si l’offre prenait le relais de la demande ? En zone euro, la croissance et le niveau de demande restent très au-dessous de leur potentiel théorique d’avant-covid. Mais certains estiment que la récession annoncée peut être atténuée par la reprise de l’offre malgré les effets du resserrement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) sur la demande.
«Le secteur automobile est à ce titre un bon exemple, déclarent Michel Martinez et Yvan Mamalet, chef économiste et économiste senior pour la zone euro chez Société Générale CIB. La production automobile aurait en effet encore un gros potentiel de rattrapage car, dans un contexte où les goulots d’étranglement des chaînes d’approvisionnement disparaissent, « les immatriculations mensuelles en zone euro ont chuté de 30% à 40% entre 2019 et mi-2022 (voir graphique) et ne se sont reprises que de 16% depuis», remarquent les économistes
Mais tous ne sont pas aussi optimistes. L’idée d’un changement d’époque peut aussi induire celui des modes de consommation. Il est possible, avec la hausse des prix et la transition écologique à venir, que les immatriculations européennes ne retrouvent jamais la tendance d’avant-crise. «Entre les investissements, les innovations et les prix énergétiques avec la guerre en Ukraine, la zone euro a plutôt perdu en compétitivité, et la production automobile pourrait aussi être moins européenne à l’avenir», remarque Charlotte de Montpellier, économiste senior chez ING.
Quels effets de stocks ?
«Plus globalement, et malgré des contraintes assez extrêmes liées notamment aux prix de l’énergie sur des secteurs comme la métallurgie et la chimie, la production industrielle européenne a encore bien tenu en 2022 avec +2% en rythme annuel fin novembre comme fin 2021», poursuivent Michel Martinez et Yvan Mamalet. Frappée par la crise du gaz, l’industrie allemande a par exemple su s’adapter, faire des économies ou faire appel à des énergies de substitution. Et si la production industrielle est restée stable alors que certains secteurs bénéficiaient d’un «effet rebond» (automobile, électronique, etc.), c’est que d’autres ont vu leur niveau baisser, dont certains à cause de problèmes d’offre, comme la pharmacie ou la chimie. Or ces problèmes auront vocation à se résorber.
Les économistes de Société Générale CIB reconnaissent cependant que les stocks mériteront une attention particulière dans les prochains mois, sans risque de récession pour autant. «Il ne faudra pas négliger un potentiel effet négatif : ils avaient chuté jusqu’à mi-2022, mais ils n’ont cessé de s’accumuler depuis, avec le risque que la production ne baisse afin de les écouler», ajoute Charlotte de Montpellier, rappelant que l’industrie européenne évoluera aussi en fonction des économies mondiale et chinoise. Le Journal de la Marine marchande indiquait d’ailleurs que fin décembre, entre la baisse du prix du pétrole et la moindre demande en Europe comme en avril 2020, plusieurs porte-conteneurs en provenance d’Asie préfèrent à nouveau opter pour des trajets passant par le cap de Bonne-Espérance, moins coûteux en droits de passage et en stockage à l’arrivée, que par le Canal de Suez.
Enfin, un autre point négatif tient du fait que l’économie européenne reste davantage tirée par les services (70% du PIB) que par l’industrie (plutôt 20% malgré l’Allemagne à 26%). De ce point de vue, «les services sont, comme les biens de consommation et d’équipement, davantage dépendants de la demande. Or - à part en France où les ménages ont été très protégés - l’inflation a un effet important sur le pouvoir d’achat», commente Charlotte de Montpellier. Et un accroissement de l’offre n’aurait aucun effet.
{"title":"","image":"297770","legend":"","credit":""}
Plus d'articles Economie
-
Les créations d'emplois aux Etats-Unis dépassent nettement les attentes
Le pays a créé 339.000 postes au mois de mai contre moins de 200.000 prévu par les économistes. Le taux de chômage est en revanche moins bon qu'anticipé. -
Tereos continue de profiter de la hausse des prix du sucre
La coopérative a enregistré des résultats opérationnels record en 2022-2023. Le résultat net pâtit des 252 millions d’euros de dépréciations d’actifs. -
L’inflation en zone euro tombe à 6,1%, le chômage est au plus bas
Le ralentissement de la hausse des prix a été plus marqué que prévu en mai dans les pays européens. L’activité manufacturière chute fortement.
Sujets d'actualité
Contenu de nos partenaires
- Slawomir Krupa doit redorer le blason boursier de la Société Générale
- L’alliance mondiale des assureurs «net zéro» fait pschitt
- Arnaud Llinas (Amundi ETF): «80% de notre collecte du premier trimestre s’est faite sur les ETF ESG»
- Carrefour s’apprête à supprimer 1.000 postes dans ses sièges en France
- La succession d’Olivier Klein à la tête de la Bred se précise
- Casino obtient l’ouverture d’une procédure de conciliation avec ses créanciers
- La Société Générale présentera sa nouvelle feuille de route stratégique le 18 septembre
- Les gros dossiers de LBO attendent des jours meilleurs
- Sycomore AM relance la fronde sur la gouvernance d'Atos
-
Dialogue ?
L’Otan appelle à la désescalade dans le nord du Kosovo
Des affrontements ont eu lieu vendredi 26 mai entre la police kosovare et des Serbes du Kosovo qui ont tenté d'empêcher des maires albanais nouvellement élus de prendre leurs fonctions -
Colère sociale
Sous pression, le président serbe Aleksandar Vučić quitte la direction de son parti
Aleksandar Vučić a démissionné du Parti serbe du progrès après d'importantes manifestations contre son régime en réaction à deux fusillades de masse dans le pays au début du mois -
Responsabilité
Etats-Unis: Joe Biden et Kevin McCarthy ont trouvé un accord de principe sur le plafond de la dette
La rédaction du texte devrait être terminée dimanche et l'accord pourrait être voté mercredi. Il prévoirait le relèvement du plafond de la dette pour une durée de deux ans, en limitant les dépenses pendant cette période