
La moindre liquidité fait déjà sentir ses effets sur les taux longs

Le rendement du Bund est remonté jusqu’à -0,12% lundi, soit un plus haut depuis début novembre et un gain de 27 points de base (pb) depuis le point bas du 20 décembre. Dans le même temps, le rendement de l’OAT française a également gagné 28 pb, de -0,04% à 0,24%, et celui du BTP italien 32 pb, de 0,89% à 1,20%, ce qui contient l’écart BTP-Bund. Ce dernier était monté à 146 pb avec les annonces de la possible candidature de Mario Draghi à la présidence italienne le 27 décembre.
Plusieurs raisons expliquent ces mouvements, avec en premier lieu une moindre liquidité accentuée par la fermeture des marchés à Londres. La Banque centrale européenne (BCE) a déjà considérablement réduit les acquisitions de son Programme d’urgence (PEPP), autour de 10 milliards d’euros par semaine en décembre selon son point du 24 décembre, au lieu de 17 milliards par semaine en novembre. «En effet, le premier acheteur des dettes souveraines en zone euro est moins présent : les achats nets, avec le programmes d’achats régulier (APP), ont atteint 18 milliards la première semaine, 12 la deuxième, et 7 la troisième», estime Arnaud-Guilhem Lamy, responsable des stratégies Taux Euro Aggregate chez BNP Paribas AM.
Plus d’émissions en janvier
Egalement en lien avec ces questions de liquidité, les émissions des Etats nettes des remboursements et des achats de la BCE repasseront en territoire positif en 2022, «et avec toujours proportionnellement beaucoup plus d’émissions sur le mois de janvier, notamment sur de longues maturités (avec un abondement sur l’OAT 2053 et sur un bon du Trésor espagnol 2037 dès la première semaine), et elles ne seront donc pas toutes compensées par les achats du PEPP. Les marchés ont anticipé cela, et nous nous attendions à ce que les taux se détendent même si nous avons été un peu surpris par la rapidité du mouvement, poursuit Arnaud-Guilhem Lamy. Pour le reste de l’année, il y aura aussi moins d’achats par la banque centrale, avec moins de flexibilité.»
Signe d’une BCE moins accommodante, l’écart s’est aussi fortement réduit entre les taux des US Treasuries 10 ans et du Bund, de 193 pb le 22 novembre à 174 pb, et ce malgré un rebond des taux longs américains de 1,50% à 1,62% lundi. Depuis la réunion du 16 décembre où elle a annoncé l’arrêt du PEPP fin mars et un programme précis pour l’APP (20 milliards par mois au premier trimestre, 40 au deuxième, 30 au troisième, 20 au quatrième), «ses gouverneurs ont commencé à parler ouvertement d’une potentielle hausse des taux : dès la fin 2022 pour Robert Holzmann (Autriche), début 2023 pour Klaas Knot (Pays-Bas). Les prévisions d’inflation (3,2% en 2022 ; 1,8% en 2023 ; 1,8% en 2024) pourraient encore être révisées à la hausse, et la grosse surprise de l’inflation en Espagne, à 6,7% sur an au lieu des 5,7% attendus, le confirme», complète Arnaud-Guilhem Lamy. Les marchés de swaps valorisent désormais à 100% une première hausse de taux en novembre ou en décembre.
Moins sensibles au covid-19
Plus globalement, les marchés semblent rassurés par les effets diminués de la pandémie sur l’économie, et se retournent vers les actions, au détriment des obligations d’Etat. «Les données à haute fréquence nous indiquent assez peu de disruptions désormais, même avec le variant Omicron, ajoute Samy Chaar, chef économiste de Lombard Odier. La croissance va rester solide, et le scénario médian – qui est également le nôtre – est celui d’une poursuite de la reprise avec une normalisation graduelle des politiques monétaires et une inflation qui devrait rebaisser un peu (ne serait-ce qu’à cause des effets de base liés à la TVA en Allemagne, ndlr). Dans ce contexte constructif, il est normal que les taux remontent, notamment dans la zone euro dont la reprise a 6 à 12 mois de retard par rapport aux Etats-Unis. Pour autant, les banques centrales sont encore loin d’être restrictives au point d’entraver la reprise.»
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L'armée israélienne appelle à l’évacuation de la ville de Gaza avant un assaut terrestre d’ampleur
Gaza - L’armée israélienne a appelé samedi matin les habitants de la ville de Gaza à l'évacuer vers une zone déclarée «humanitaire» plus au sud, en prévision d’un assaut au sol sur cette agglomération, la plus grande du territoire palestinien dévasté par près de 23 mois de guerre. Le colonel Avichay Adraee, porte-parole arabophone de l’armée, a lancé cet appel sur les réseaux sociaux alors que l’ONU, qui estime à environ un million les résidents de la région, a averti d’un «désastre» à venir en cas d’expansion de l’offensive sur Gaza-ville. L’armée israélienne, qui dit contrôler environ 75% de la bande de Gaza et 40% de cette agglomération, affirme vouloir s’en emparer pour venir à bout du Hamas et libérer les otages qu’il retient encore. L’appel à évacuer intervient après que le président américain, Donald Trump, a affirmé vendredi que les Etats-Unis étaient «en négociation approfondie avec le Hamas», dont l’attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre. «Nous leur disons: +Libérez-les (otages NDLR) tous immédiatement», sinon «ça va être terrible», a-t-il dit. M. Trump a également avancé que certains des otages pourraient être «morts récemment». L’armée israélienne estime à ce stade que 25 des 47 captifs restants à Gaza - sur 251 enlevés le 7-Octobre - sont morts. Le mouvement islamiste palestinien avait donné son accord en août à une proposition de trêve et libération des otages présentée par les médiateurs (Egypte, Etats-Unis et Qatar). Le gouvernement de Benjamin Netanyahu exige qu’il rende les armes et dit vouloir prendre le contrôle sécuritaire de la bande de Gaza. «L’armée ment» Dans son message, le colonel Adraee précise que pour «faciliter le départ des habitants» de la ville de Gaza, le secteur côtier d’Al-Mawasi, dans le sud du territoire, est déclaré «zone humanitaire». Selon l’armée, cette zone comprend des «infrastructures humanitaires essentielles», et est approvisionnée «en nourriture, tentes, médicaments et équipements médicaux». Depuis le début de la guerre, qui a ravagé la bande de Gaza, désormais en proie à la famine sur 20% du territoire selon l’ONU, l’armée a souvent bombardé des zones déclarées «humanitaires» et «sûres», affirmant y viser des combattants du Hamas. «L’armée ment aux gens, quand nous allons chercher de l’aide (...) ils ouvrent le feu», s’indigne Abdelnasser Muchtaha, 48 ans, déplacé à l’ouest de la ville de Gaza après avoir quitté son quartier pilonné de Zeitoun. Il affirme vouloir «pour l’instant» rester sur place. Déja déplacé à Al-Mawasi, avec sa famille, Bassam al-Astal, 52 ans, assène que la zone n’est «ni humanitaire ni sûre». «C’est là qu’il y a chaque jour le plus de martyrs, il n’y a pas de place pour les tentes, pas de services humanitaires, pas d’eau, pas d’assainissement, pas d’aide alimentaire», dit-il. Vendredi, l’armée israélienne a encore intensifié ses opérations dans la ville de Gaza bombardant, après un appel à évacuer, une tour d’immeuble dans le centre, qui s’est écroulée comme un château de cartes. Selon l’armée, le Hamas y avait installé «des infrastructures» pour «préparer et mener des attaques» la visant. Elle avait auparavant prévenu qu’elle ciblerait «dans les jours qui viennent» des «infrastructures terroristes», en particulier dans des tours d’immeubles. Le Hamas a rejeté comme «des prétextes fallacieux et des mensonges éhontés» les affirmations d’Israël selon lesquelles il utilisait ces bâtiments. «Propagande diabolique» La Défense civile du territoire palestinien, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a fait état de 42 personnes tuées vendredi par des tirs ou bombardements israéliens, dont la moitié dans la ville de Gaza. Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans de la Défense civile. Le Hamas a dans le même temps diffusé une vidéo montrant deux otages - Guy Gilboa-Dalal et Alon Ohel - au moment où les proches et soutiens de ces captifs se mobilisaient à travers Israël pour marquer leurs 700 jours de détention et réclamer leur retour. La séquence montre M. Gilboa-Dalal demandant à M. Netanyahu de ne pas mener d’offensive dans la ville de Gaza. «Aucune vidéo de propagande diabolique ne nous affaiblira ni n'émoussera notre détermination», a réagi le Premier ministre israélien, après s'être entretenu avec les parents des deux hommes, selon son bureau. L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.300 morts à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU. Equipe de l’AFP dans la bande de Gaza © Agence France-Presse -
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