
La livre turque intègre en partie une victoire du oui au référendum constitutionnel

Le risque politique revient sur le devant de la scène… en Turquie. Dimanche 16 avril, le pays est appelé à se prononcer, lors d’un référendum, sur une réforme de la Constitution qui donnera plus de pouvoir au président Recep Tayyip Erdogan à partir de 2019 voire plus tôt en cas d’élections anticipées. «En janvier, le parlement turc a adopté un amendement à la Constitution avec pour objet de passer d’un système parlementaire à un système présidentiel», explique UBS dans une note.
Le marché semble intégrer en partie une victoire du oui. Après un pic à 3,90 livres turques pour un dollar, la devise a reflué et évolue désormais dans une marge étroite entre 3,60 et 3,80 livres. Il faut dire qu’après le coup d’Etat avorté de juillet 2016, les actifs turcs ont dévissé, à commencer par la devise qui a perdu 35% de sa valeur face au billet vert. La banque centrale turque a relevé ses taux pour soutenir la monnaie, contribuant à sa stabilisation. «Un oui massif pourrait conduire à une certaine stabilité à court terme car il signifierait un statu quo politique», affirment les économistes d’ABN Amro. Avec probablement un effet positif sur les actifs turcs, notamment la livre : «Nous pensons qu’une telle hypothèse devrait réduire les risques baissiers et donc entraîner une baisse de la volatilité de la devise actuellement à des niveaux élevés», estime UBS qui ne change pas pour autant son appréciation prudente sur la livre.
A deux jours du scrutin, les sondages restent serrés. Une victoire du non ouvrirait un nouvel épisode d’instabilité politique et économique. «Nous avons récemment retiré la livre turque de notre panier de devises émergentes à haut rendement compte tenu de l’incertitude entourant à la fois le référendum et l’évolution politique», indique SG CIB. La croissance turque, qui s’est reprise ces derniers mois grâce à la consommation et au stimulus budgétaire avant le référendum, pourrait de nouveau fléchir alors que l’inflation restera élevée à 10%.
Surtout, le pays souffre toujours des mêmes maux : ses vulnérabilités externes. Le déficit courant devrait augmenter de 4 à 5% cette année et la dette externe de 49% à 57% du PIB, selon ABN Amro qui rappelle que la Turquie demeure dépendante du financement extérieur. Maintenir la confiance des investisseurs reste primordial. Sauf signal fort côté réformes et resserrement supplémentaire de la politique monétaire, ces faiblesses risquent au bout du compte de secouer la livre, selon UBS.
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