
La justice allemande contraint un peu plus l’action de la BCE

Le diable est dans les détails, rappelle Frederik Ducrozet, stratégiste de Pictet WM. Les plaintes contre le programme d’achat du secteur public (PSPP) de la Banque centrale européenne (BCE) ont été rejetées, mais c’est là la seule bonne nouvelle. Tout le reste de la décision semble préoccupant.» Mardi, la Cour constitutionnelle fédérale a en effet conclu que le PSPP n’enfreignait pas nécessairement l’interdiction de soutien budgétaire aux Etats membres, mais que le gouvernement et le Parlement allemands ont violé les droits de la constitution en omettant de contester que la BCE auraient dû prendre des mesures pour s’assurer que le QE était «proportionné».
La haute cour allemande qualifie de «non compréhensible» l’examen entrepris par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dans son arrêt du 11 décembre 2018 sur le respect du principe de proportionnalité prévu par le Traité sur l’Union europenne (TUE). Elle décide que la Bundesbank ne pourra plus participer au QE à l’issue d’une période de transition ne dépassant pas trois mois, «à moins que le conseil des gouverneurs de la BCE n’adopte une nouvelle décision démontrant de manière compréhensible et motivée que les objectifs de politique monétaire poursuivis par la BCE ne sont pas disproportionnés par rapport aux effets de politique économique et budgétaire résultant du programme». Peu à l’aise avec ce jugement en pleine crise du coronavirus, elle précise qu’il ne concerne aucune mesure d’aide financière prise par l’UE ou la BCE dans le contexte actuel.
Sur l’approche juridique, la Cour de Karlsruhe s’en prend au gouvernement et au Parlement allemands plutôt que directement à la CJUE, mais lui reproche quand même d’être en contradiction avec ses méthodes de contrôle habituelles et d’ignorer la pratique nationale. «En substance, elle dit qu’en l’absence d’une nouvelle démonstration par la BCE que le principe de proportionnalité a été respecté, et nonobstant la décision du CJUE, le droit constitutionnel de l’Allemagne interdit aux organes de l’Etat de participer au programme», explique Jonathan Lewis, associé du cabinet Clifford Chance. Pour George Saravelos, économiste chez Deutsche Bank, «ce désaccord crée deux ordres juridiques parallèles pour la Bundesbank (…), et une voie légale pour la sortie allemande de l’euro».
Effets potentiellement négatifs du PSPP
S’agissant de la BCE, qui a simplement pris acte de cette décision mardi soir, la Cour explique que les décisions sur le PSPP vont depuis le 4 mars 2015 au-delà de ses mandats (ultra vires). La banque centrale «n’effectue pas l'équilibrage nécessaire entre l’objectif de politique monétaire et les effets de politique économique résultant du programme», violant ainsi l’article 5 du TUE. Elle cite au passage les effets potentiellement «négatifs» de ce programme de plus de 2.000 milliards d’euros : effets disproportionnés sur les marchés de capitaux et le secteur bancaire, impact sur l'épargne privée, sauvetage d’entreprises non viables, dépendance à la politique des Etats, etc. «On voit une méconnaissance de la politique monétaire (malgré les explications de la BCE, ndlr), regrette Nicolas Goetzmann, directeur de la recherche de la Financière de la Cité. Les QE sont d’abord utilisés comme un support de la création monétaire, et par conséquent comme un instrument de politique économique. En outre, même si c’est contre-intuitif, les achats écrasent les taux à court terme, mais pour soutenir la croissance nominale sans laquelle il n’y pas de rebond des taux à long terme.»
Un verdict en forme d’ultimatum
Sur la question du soutien budgétaire, la Cour estime qu’elle n’est pas subordonnée à un seul critère et n’est donc pas vérifiable en l’état. Ce manque de transparence sur les achats effectués justifie, selon elle et d’autres observateurs, un verdict sous forme d’ultimatum afin que la BCE apporte des clarifications. «Mais en précisant les critères pour ne pas violer l’interdiction du financement monétaire du traité, la Cour fixe les contraintes qui pourraient aussi s’appliquer au Programme d’achats d’urgence (PEPP), estime Frederik Ducrozet. Ces ‘garanties cruciales’ portent sur la proportionnalité, la qualité minimale des actifs pour atténuer les risques de crédit, la limite de détention de 33%, et la répartition des achats selon les clés de capital de la BCE.» La proportionnalité et la qualité des actifs (même la dette italienne) ne devraient pas être trop problématiques dans le contexte du PEPP. Les clés de répartition non plus, malgré d’importants écarts, puisqu’elles ne sont qu’un principe directeur – techniquement, la BCE pourrait décider de réinvestir le produit des obligations arrivant à échéance afin de gérer la convergence à plus long terme. «Mais la limite de détention de 33% est le principal problème d’un point de vue prospectif, sachant que la part allemande dans le PSPP est déjà proche de 31% sans le PEPP, qui devra pourtant sans doute être étendu et augmenté en taille», poursuit l’économiste.
Pour les marchés, qui vendaient la dette italienne et l’euro mardi, une limite stricte aux achats de la BCE affaiblira ses décisions et sa crédibilité dans la lutte contre la fragmentation de la zone.
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Nucléaire iranien : un nouveau cadre de coopération convenu entre l'Iran et l'AIEA
Le Caire - L’Iran a annoncé mardi avoir convenu d’un nouveau cadre de coopération avec l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), après avoir suspendu sa collaboration avec le gendarme onusien du nucléaire dans le sillage de la guerre contre Israël en juin. Le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, a salué «une étape importante dans la bonne direction». Il a indiqué sur X s'être entendu lors d’une réunion au Caire avec le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi «sur des modalités pratiques pour reprendre les inspections en Iran» des activités nucléaires. La rencontre au Caire, à laquelle a participé le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty, était la première entre MM. Araghchi et Grossi depuis la guerre de 12 jours déclenchée par une attaque israélienne sur l’Iran en juin. Le dossier du nucléaire iranien empoisonne de longue date les relations de l’Iran avec les Occidentaux. Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël, ennemi juré de l’Iran, soupçonnent le pouvoir iranien de vouloir se doter de la bombe atomique. L’Iran dément vigoureusement avoir de telles ambitions militaires mais insiste sur son droit au nucléaire pour des besoins civils. Après la rencontre au Caire, le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, a annoncé que «l’Iran et l’AIEA étaient parvenus à une entente sur la manière d’agir dans ce nouveau contexte, après les attaques illégitimes menées par les Etats-Unis et le régime sioniste contre les installations nucléaires pacifiques de notre pays», sans autre précision. «Nouvelle relation» Plus tard, MM. Araghchi et Grossi ont signé un accord intitulé «Modalités techniques pour la mise en œuvre des inspections». M. Abdelatty a dit espérer que l’accord «marquera le véritable point de départ d’une nouvelle relation entre les deux parties, caractérisée par une plus grande transparence». Il a aussi espéré qu’il «favorise une entente» d’abord avec les pays européens ayant menacé de rétablir les sanctions contre l’Iran, puis «conduise à un retour à la table des négociations entre l’Iran et les Etats-Unis». MM. Araghchi et Grossi ont ensuite rencontré le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui a salué «une étape positive vers la désescalade». Téhéran avait suspendu sa coopération avec l’AIEA après la guerre déclenchée le 13 juin par une attaque sans précédent d’Israël sur le sol iranien. L’Iran avait reproché à l’AIEA de ne pas avoir condamné les bombardements israéliens, puis américains, qui ont visé ses installations nucléaires durant le conflit. Téhéran estime également que l’AIEA a une part de responsabilité dans le déclenchement de l’attaque israélienne surprise, car elle a été lancée au lendemain du vote d’une résolution critique sur le programme nucléaire iranien au siège de l’agence à Vienne. Depuis juillet, une loi votée au Parlement iranien bannit en principe toute coopération avec l’AIEA. Menaces de sanctions Des inspecteurs de l’agence ont néanmoins fait un bref retour en Iran fin août pour remplacer le combustible du site de Bouchehr, la principale centrale nucléaire de production d'électricité du pays. Mais ils n’avaient pu accéder aux sites bombardés en juin et dont l'étendue exacte des dégâts n’est pas connue. La rencontre entre MM. Araghchi et Grossi est intervenue au moment où la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne (groupe E3) menacent de rétablir fin septembre des sanctions contre l’Iran, suspendues depuis 2015 par un accord international sur le nucléaire conclu alors avec Téhéran. Une clause de cet accord, enclenchée fin août, permet le rétablissement de ces sanctions si une partie estime que l’Iran ne respecte pas ses engagements. L’accord de 2015, signé par l’E3, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l’Iran prévoyait d’importantes restrictions au programme nucléaire de Téhéran en échange de la levée progressive des sanctions. En 2018, sous le premier mandat du président Donald Trump, les Etats-Unis avaient décidé de s’en retirer et avaient rétabli leurs propres sanctions. Téhéran s'était ensuite affranchie de certains engagements, en accélérant l’enrichissement d’uranium. L’Iran a enrichi de l’uranium au niveau élevé de 60%, selon l’AIEA, niveau proche du seuil de 90% requis pour la fabrication d’une bombe atomique. © Agence France-Presse -
La bourse de New York termine sur des records dans l'attente des taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a terminé à de nouveaux sommets mardi, abordant avec optimisme la publication de plusieurs indicateurs d’inflation aux Etats-Unis susceptibles de donner de nouveaux indices sur la trajectoire monétaire privilégiée par la Réserve fédérale (Fed). Le Dow Jones a avancé de 0,43%, à 45.711,34 points, l’indice Nasdaq a pris 0,37% à 21.879,49 points et l’indice élargi S&P 500 a gagné 0,27% à 6,512,61 points. «Le groupe des mégacapitalisations a joué un rôle moteur en contribuant à soutenir les principaux indices», souligne auprès de l’AFP Patrick O’Hare, de Briefing.com. Nvidia a ainsi gagné 1,46%, Alphabet (Google) 2,39% et Amazon a avancé de 1,02%. Globalement, les investisseurs sont «dans l’expectative des données sur l’inflation, avec l’indice des prix à la production (PPI) qui sera publié mercredi, puis jeudi avec l’indice des prix à la consommation (CPI)», relève Patrick O’Hare. «Les acteurs du marché s’attendent non seulement à ce que la Fed abaisse ses taux en septembre, mais aussi en octobre et en décembre», note l’analyste. Selon l’analyste, les données sur l’inflation donneront par conséquent «une base pour réévaluer la probabilité de ces baisses de taux». La banque centrale des Etats-Unis est investie d’un double mandat pour le pays, consistant à la fois à surveiller le marché de l’emploi et à maintenir l’inflation proche de 2% sur le long terme. Toutefois, prévient M. O’Hare, «il semble que les marchés financiers se concentrent davantage sur l’affaiblissement du marché du travail que sur les données d’inflation pour le moment». Mardi, ils ont gardé un oeil sur la forte révision à la baisse des chiffres de l’emploi américain entre avril 2024 et mars 2025, sans pour autant y réagir négativement. Selon le Bureau des statistiques du travail (BLS), les entreprises américaines ont au final créé 911.000 emplois de moins sur l’ensemble de l’année fiscale 2024-2025, soit quasiment deux fois moins que ce qui avait été rapporté initialement. «Pour ce marché, les mauvaises nouvelles économiques sont synonymes de bonnes nouvelles en matière de baisse des taux», résume Patrick O’Hare. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance 10 ans se tendait par rapport à la clôture lundi, à 4,08% contre 4,04%. Côté entreprises, Apple (-1,48% à 234,35 dollars) a souffert de la présentation de sa nouvelle gamme d’iPhone 17. L’entreprise a présenté un modèle «Air» ultrafin, a promis des progrès sur l’autonomie et les objectifs photographiques, mais n’a pas annoncé d’avancées majeures pour rattraper son retard dans l’intelligence artificielle (IA). La firme de Cupertino (Californie) a aussi annoncé que les prix des nouveaux iPhone devraient augmenter aux Etats-Unis en raison des droits de douane imposés par le président Donald Trump, qui alourdissent les coûts de production en Chine, toujours le principal centre de fabrication de la marque à la pomme. La start-up américaine spécialisée dans l’informatique à distance («cloud computing») CoreWeave a bondi de 7,13% à 100,22 dollars après avoir annoncé le lancement d’un fonds de capital-risque dédié aux investissements dans l’IA. Le spécialiste néerlandais des infrastructures et services IA Nebius (+49,42% à 95,72 dollars) s’est envolé à l’annonce d’un partenariat avec Microsoft. Nebius dédira une partie des ressources de son nouveau data center au géant américain de l’informatique. Nasdaq © Agence France-Presse