La croissance française résiste dans un environnement toujours inflationniste

La croissance du PIB atteint 2,6% fin 2022, mais l’inflation touche 6% en rythme annuel.
Fabrice Anselmi
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La demande intérieure (hors stocks) a reculé d’un trimestre sur l’autre, en raison d’une forte baisse des dépenses de consommation.  -  EU

La croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France a ralenti à 0,1% au quatrième trimestre de 2022 par rapport aux trois mois précédents, ce qui aboutit à une croissance de 2,6% en rythme annuel (après 6,8% en 2021), selon la première estimation publiée mardi par l’Insee. Un peu mieux que les prévisions des économistes ou de l’Institut, qui tablait lui-même, dans sa note de conjoncture de décembre, sur une contraction de 0,2% (après +0,2% au troisième trimestre) et une croissance de 2,5% sur l’année. L’acquis de croissance pour 2023 s’élève à +0,3% à l’issue du quatrième trimestre, précise-t-il.

Malgré des points positifs sur l’investissement des entreprises ou la consommation de services, «les détails ne brossent pas un tableau très encourageant, note Chantana Sam, économiste chez HSBC. La demande intérieure (hors stocks) a reculé d’un trimestre sur l’autre (-0,2% après +0,9%), en raison d’une forte baisse des dépenses de consommation (-0,9% en rythme trimestriel), tirée par l’alimentation (-2,8%) et l’énergie (-5,5%)».

Le commerce extérieur a aussi contribué positivement à la croissance (+0,5% après -1% au troisième trimestre). «La progression au quatrième trimestre 2022 est le résultat de la chute des importations (-1,9% sur le trimestre) par rapport aux exportations qui ne baissent ‘que’ de -0,3%, ce qui permet à la balance commerciale de contribuer positivement au PIB, détaille Nicolas Goetzmann, directeur de la recherche de la Financière de la Cité. Si on regarde le ‘revenu intérieur brut réel’ - qui permet de suivre l’évolution du pouvoir d’achat selon l’Insee -, il atterrit à -3,3%, ce qui constituerait la plus grosse baisse annuelle depuis le début de la série, 50% plus forte que pendant le choc de 1974 Dans une économie ouverte, le «revenu intérieur brut réel» se distingue du PIB, devenant par exemple plus faible si le prix des exportations augmente moins que celui des importations.

L’inflation remonte aussi

Le taux d’inflation annuel CPI est légèrement remonté en janvier, de 5,9% à 6%, selon la première estimation également publiée mardi, un peu moins que les prévisions de 6,1%, et de de 6,7% à 7% en taux harmonisé aux normes européennes (HICP) - la hausse mensuelle HICP ressort à +0,4% après -0,1%. En cause, une nouvelle accélération du coût de l’alimentation (+13,2% après +12,1% en rythme annuel) et de l’énergie (+16,3% après +15,1%), alors que le coût des services commencerait à ralentir (+2,6% après +2,9%).

L’inflation devrait encore augmenter un peu à en croire les prix à la production, également en hausse de +1,4% en rythme mensuel en décembre (après +0,7% en novembre), et malgré un léger repli en rythme annuel (20,9% après 20,7%).

La France au régime sec

Dans ce contexte, les dépenses de consommation des ménages ont chuté de manière inattendue de 1,3% en décembre par rapport à novembre. Les marchés attendaient une hausse de 0,2%. Si les dépenses d’énergie continuent de progresser au même rythme de 0,7% d’un mois sur l’autre, elles ont commencé à diminuer pour les biens manufacturés (-1,7% après +1,3%), et voient leur baisse accélérer fortement pour la consommation alimentaire (-1,7% après -0,3%).

Même si elle doit être relativisée depuis les sommets de 2020 - quand les restaurants et cantines étaient fermées -, «la chute de cette série révisée de l’inflation est impressionnante et inquiétante dans la mesure où elle montre bien un report des dépenses des Français, probablement contraintes par d’autres postes comme l’énergie, poursuit Nicolas Goetzmann. Elle atteint 9,1% en comparant décembre 2022 à décembre 2021, et retrouve le niveau de juin 2010 (voir graphique) sans compter la croissance démographique sur la période. Une comparaison des dépenses de consommation alimentaire de décembre divisées par le nombre total de salariés nous ramènerait à un plus bas depuis 1987.»

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