
La BCE monte ses taux de 0,5 point malgré les turbulences

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi une nouvelle hausse de 50 points de base (pb) de ses taux directeurs, comme promis le mois dernier, poursuivant ainsi sa lutte contre l’inflation en dépit des turbulences actuelles dans le secteur bancaire.
Alors que la Banque nationale suisse (BNS) a volé au secours de Credit Suisse mercredi soir, le conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de garder le cap en relevant ses taux directeurs pour sa sixième réunion consécutive.
Le taux des opérations principales de refinancement de la BCE se situe désormais à 3,5%, contre 3% précédemment, tandis que le taux de rémunération des dépôts est porté à 3%, contre 2,5% précédemment. Le taux de la facilité de prêt marginal est relevé de 3,25% à 3,75%. Depuis juillet 2022, la BCE a augmenté ses taux de 350 points de base au total, afin de contrer une inflation nettement supérieure à son objectif de 2% en zone euro.
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Une inflation trop forte pendant trop longtemps
«L’inflation devrait rester trop forte pendant une trop longue période», a prévenu la BCE dans un communiqué. L’institution a néanmoins abaissé ses projections d’inflation à moyen terme, anticipant désormais une hausse des prix moyenne de 5,3% en 2023, de 2,9% en 2024 et de 2,1% en 2025. En décembre, les équipes de la BCE tablaient sur des taux d’inflation de 6,3% cette année, 3,4% en 2024 et 2,3% en 2025.
L’inflation de base, qui a accéléré ces derniers mois dans la zone euro, est attendue pour sa part à 4,6% en moyenne en 2023, avant de ralentir à 2,5% en 2024 et 2,2% en 2025, «à mesure de l’atténuation des pressions haussières dues aux chocs d’offre antérieurs et à la réouverture de l'économie et de la baisse progressive de la demande suscitée par le resserrement de la politique monétaire», a indiqué la BCE.
Parallèlement, la BCE a relevé sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2023, à 1% contre 0,5% attendu précédemment. La croissance devrait ensuite accélérer à 1,6% en 2024 et 2025, «étayée par un marché du travail robuste, une confiance en hausse et une remontée des revenus réels», estime la BCE. Le taux de croissance attendu en 2024 et 2025 est «plus faible qu’anticipé en décembre, sous l’effet du resserrement de la politique monétaire», a précisé la banque centrale.
Craintes de contagion
Alors que les récents déboires de Credit Suisse ont fait naître des craintes de contagion à l’ensemble du système financier après la faillite de trois établissements bancaires américains en moins d’une semaine, la banque centrale a souligné que «le conseil des gouverneurs surveill[ait] attentivement les tensions actuelles sur les marchés et se [tenait] prêt à prendre les mesures nécessaires pour préserver la stabilité des prix et du système financier dans la zone euro».
«Le secteur bancaire de la zone euro est résilient et dispose de positions de capital et de liquidité solides», a précisé la BCE, en ajoutant posséder «une panoplie complète d’instruments de politique monétaire lui permettant de soutenir, le cas échéant, la liquidité du système financier de la zone euro et de préserver la transmission harmonieuse de la politique monétaire».
Lors de sa précédente réunion début février, la BCE avait relevé ses taux directeurs de 50 points de base et avait clairement exprimé son intention de poursuivre sa campagne de resserrement monétaire au même rythme en mars. La persistance d’une forte inflation dans la zone euro a conforté ce scénario.
L’inflation de base, qui exclut les prix volatils de l’alimentation et de l'énergie, a atteint en février 5,6% sur un an, un record, selon des données publiées début mars. L’inflation globale est par ailleurs restée très élevée, à 8,5%, un niveau proche de celui de janvier.
Depuis, la faillite de Silicon Valley Bank et de deux autres établissements financiers de petite taille aux Etats-Unis a brutalement mis en lumière les effets indésirables que peuvent provoquer les politiques restrictives des principales banques centrales. En début de semaine, ces turbulences semblaient encore cantonnées à quelques institutions américaines non systémiques, mais la fébrilité des investisseurs a gagné l’Europe mercredi lorsque le premier actionnaire de Credit Suisse, Saudi National Bank, a exclu de fournir davantage de liquidités à la banque suisse. Credit Suisse a précisé dans la nuit qu’elle exercerait une option lui permettant d’emprunter jusqu'à 50 milliards de francs suisses auprès de la BNS, afin d’essayer d’endiguer les inquiétudes concernant ses liquidités.
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