
La BCE augmente ses taux de 0,75 point

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi une nouvelle hausse de 75 points de base de ses taux directeurs, poursuivant ainsi ses efforts de resserrement monétaire afin de maîtriser une inflation proche de 10% dans la zone euro.
L’institution a également indiqué qu’elle allait modifier les conditions applicables à sa troisième série d’opérations ciblées de refinancement à long terme (TLTRO III), qui permettent aux banques de lui emprunter des fonds à un taux inférieur au taux de rémunération des dépôts.
Avec cette troisième de hausse de taux consécutive, la BCE porte le taux de ses opérations principales de refinancement de 1,25% à 2% et son taux de rémunération des dépôts de 0,75% à 1,5%. Le taux de la facilité de prêt marginal est relevé à 2,25%, contre 1,5% précédemment.
«Le conseil des gouverneurs [...] prévoit de continuer à relever les taux d’intérêt directeurs, pour assurer le retour au plus tôt de l’inflation vers son objectif de 2% à moyen terme. Le conseil des gouverneurs fondera la trajectoire des taux d’intérêt sur l'évolution des perspectives d’inflation et économiques, réunion par réunion», a précisé la BCE dans sa déclaration de politique monétaire.
La BCE avait déjà relevé ses taux directeurs de 75 points de base (pb) en septembre, après une hausse de 50 pb en juillet. Insistant sur la nécessité de ramener l’inflation à l’objectif de 2%, les responsables de la BCE avaient préparé les marchés à un nouveau relèvement de 75 pb ce mois-ci. La BCE cible un taux d’inflation de 2% à moyen terme, tandis que les prix à la consommation dans la zone euro ont augmenté de 9,9% sur un an en septembre.
L'évolution des conditions des TLTRO III, très avantageuses pour les banques, était également très largement anticipée par les économistes qui estimaient que la BCE devait amener les établissements financiers à commencer à rembourser de manière anticipée ces prêts afin de limiter les risques pour la transmission de la politique monétaire dans la zone euro.
La réduction du bilan n’est pas attendue avant 2023
Le durcissement des conditions des TLTRO III constitue une nouvelle étape du resserrement monétaire mis en oeuvre par la BCE ces derniers mois et devrait être suivi en 2023 par un processus de réduction du bilan, également connu sous le nom de resserrement quantitatif (QT). Les propos de la présidente de la BCE, Christine Lagarde, sur les étapes de ce processus seront particulièrement suivis lors de la conférence de presse qui débutera à 14h45.
«Il sera [...] intéressant d’entendre Christine Lagarde sur le sujet de la réduction du bilan de la BCE. De fait, la réunion des gouverneurs devrait leur donner l’occasion de commencer à débattre sur le QT», indiquait en début de semaine Franck Dixmier, directeur des investissements obligataires chez AllianzGI, dans une note. Selon lui, la réduction du bilan ne devrait toutefois pas commencer avant la fin du cycle de hausse des taux.
Les risques de récession augmentant dans la zone euro, notamment en Allemagne, première économie de la zone euro, la plupart des économistes estiment que la BCE pourrait cesser de relever ses taux dans le courant du premier trimestre 2023.
Les commentaires de Christine Lagarde sur le rythme des hausses de taux prévues dans les prochains mois seront ainsi attendus. En septembre, la responsable avait indiqué que plusieurs réunions de politique monétaire seraient nécessaires pour que l’inflation se rapproche de l’objectif de 2%. «Il faudra probablement plus de deux [réunions], y compris celle-ci, mais il en faudra probablement moins de cinq», avait-t-elle élaboré.
Pour Frederik Ducrozet, responsable de la recherche macroéconomique chez Pictet Wealth Management, «l’argument décisif» pour mettre un terme aux hausses de taux en 2023 serait une nouvelle révision à la baisse des prévisions de croissance des équipes de la BCE en décembre, accompagnée d’une projection de retour de l’inflation à l’objectif en 2025.
Plus d'articles du même thème
-
Patrimoine Online à Bordeaux avec Yves Mazin (CNCGP & Version Patrimoine)
Le nouveau président de la CNCGP, également co-fondateur du cabinet Version Patrimoine, était l’invité de la rentrée. -
L’automne s’annonce risqué pour les taux longs
Les obligations souveraines à long terme ont subi une nouvelle correction violente début septembre. Les facteurs fondamentaux comme les facteurs techniques ne permettent pas d’envisager un changement de la tendance. -
L’inflation s’est un peu accentuée en zone euro au mois d'août
Cela ne devait pas modifier l’approche désormais attentiste du Conseil de la Banque centrale européenne, qui tiendra sa réunion monétaire le 11 septembre.
ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le Crédit Agricole a bouclé l'acquisition de Banque Thaler
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
- Les émetteurs français de dette bravent la crise politique
Contenu de nos partenaires
-
Coulisses
Ferrand décoré, Macron en forme, Bayrou en panne
Cette cérémonie officielle, miroir des incertitudes politiques du moment, révèle un Président avenant et disponible, et un Premier ministre sombre -
Accusé de partialité, Thomas Legrand assume de "s'occuper journalistiquement" de Rachida Dati
Paris - Le journaliste et chroniqueur Thomas Legrand, mis en cause dans des images diffusées par le média conservateur L’Incorrect, a reconnu samedi des «propos maladroits» à l'égard de Rachida Dati mais assumé de «s’occuper journalistiquement» de la ministre de la Culture. Dans une vidéo diffusée vendredi et filmée en juillet à l’insu des participants dans un restaurant parisien, les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen échangent avec deux responsables du Parti socialiste: son secrétaire général, Pierre Jouvet, et le président de son conseil national, Luc Broussy. Au cours de cette discussion, M. Legrand, qui travaille pour France Inter et Libération, déclare notamment: «Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick (Cohen) et moi». «Je comprends que la diffusion de cette vidéo, enregistrée à l’insu des protagonistes et qui plus est tronquée, puisse susciter de la suspicion», a réagi Thomas Legrand dans un message transmis samedi à l’AFP. «Je tiens des propos maladroits. (...) Si la tournure, extraite d’un échange tronqué et privé, est malheureuse, j’assume de m’occuper journalistiquement des mensonges de Madame Dati», écrit-il, quelques heures après avoir été suspendu "à titre conservatoire» d’antenne par France Inter. «Il est possible, par l’intermédiaire d’une vidéo volée, de mettre en cause l’ensemble d’une profession. Ceux et celles qui tomberont dans ce piège évident fouleront les principes qui fondent notre espace public, à commencer par celui de la liberté de la presse», ajoute-t-il. «L’ironie de l’histoire, c’est que ce rendez-vous avait été sollicité par le PS, enfin par la direction du PS, parce qu’ils ne sont pas contents du traitement du PS et d’Olivier Faure (premier secrétaire du parti, NDLR) sur l’antenne de France Inter. Donc c'était tout sauf une réunion conspirative», a pour sa part réagi Patrick Cohen, éditorialiste politique sur France Inter et C à vous (France 5), sollicité par l’AFP. Rachida Dati, investie comme candidate des Républicains à la mairie de Paris, avait de son côté demandé vendredi que des mesures soient prises envers les deux chroniqueurs. «Des journalistes du service public et Libération affirment faire ce qu’il faut pour m'éliminer de l'élection à Paris. Des propos graves et contraires à la déontologie qui peuvent exposer à des sanctions. Chacun doit désormais prendre ses responsabilités», avait-elle réagi sur X. L’Incorrect, fondé en 2017 par des proches de Marion Maréchal, s’affirme comme «conservateur» et prône une union des droites. © Agence France-Presse -
A Pau, François Bayrou face à la fronde locale pour les municipales
Pau - Après le vote de confiance lundi et la probable chute de son gouvernement, le retour de François Bayrou dans son fief de Pau ne sera «pas paisible», préviennent ses opposants qui axent déjà la campagne municipale sur «son budget brutal» et le scandale Bétharram. «Son passage à Matignon a montré toutes les limites de sa méthode et de sa façon de penser le monde, c’est un homme politique de la fin du XXe siècle», tance Jérôme Marbot (PS), chef de file de l’opposition municipale, candidat malheureux de la gauche et des écologistes au second tour en 2020 face à François Bayrou. «Il va payer le prix de ce budget si brutal pour les plus faibles», avec un effort financier de 44 milliards d’euros, renchérit l'écologiste Jean-François Blanco, avocat et autre figure d’opposition locale. Même si le maire de Pau, élu une première fois en 2014, n’a pas annoncé sa candidature -déclarant seulement dans les médias que ses «aventures» politiques n'étaient pas «finies"-, «il est déjà en campagne», considèrent ses opposants. «Pas un retour paisible» Lundi matin, pour la rentrée des classes, François Bayrou a visité deux écoles à Pau. «Tout le monde a compris qu’il serait candidat, ce n’est pas un sujet, mais il n’aura pas un retour paisible», lui promet M. Blanco, déjà candidat en 2020 (14% des suffrages au premier tour). Le contexte national est venu «percuter» la campagne des municipales, analyse-t-il également, anticipant un scrutin «très politique» en mars prochain. François Bayrou qui a, dès son arrivée à Matignon, souligné qu’il voulait rester maire de Pau, glissant que c'était un titre «plus durable» que celui de Premier ministre, a vanté plusieurs fois ces derniers mois (vœux aux habitants, conférences de presse), en vidéo, «les dix ans de réalisations» dans la ville. Depuis deux ans, et après plusieurs années de déclin, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a gagné 3.000 habitants, selon des chiffres de l’Insee, atteignant désormais près de 80.000 habitants. Jean-François Blanco, avocat de victimes de violences physiques et sexuelles à Bétharram, est convaincu que cette affaire qui empoisonne le chef du gouvernement, ministre de l’Education à l'époque d’une première plainte contre l'établissement privé béarnais où ont été scolarisés plusieurs de ses enfants, «sera un marqueur de la campagne» des municipales. «Elle aura des conséquences», abondent les Insoumis, qui reconnaissent à M. Blanco d’avoir «affronté Bayrou sur le terrain de Bétharram», en lien avec le député LFI Paul Vannier, corapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire au printemps. La gauche divisée Reste que si la gauche paloise parle beaucoup de «rassemblement» pour reprendre la ville, dirigée par le PS de 1971 à 2014, ce n’est encore qu’un vœu pieux. La France insoumise «ne discute pas avec le PS», le socialiste Jérôme Marbot veut fédérer en ayant «vocation à être tête de liste», mais sans «en faire une condition sine qua non», tandis que Jean-François Blanco, mandaté par Les Ecologistes, veut unir derrière lui. «La porte est ouverte», insiste Jérôme Marbot, qui revendique le soutien de six formations de gauche, dont Génération.s ou Place Publique. «On veut présenter un programme de gauche de rupture. L’union pour l’union, sans la cohérence, ça ne marchera pas», avertissent de leur côté les Insoumis palois Jean Sanroman et Jade Meunier. De l’autre côté de l'échiquier politique, le Rassemblement national, qui avait réuni moins de 7% des voix aux municipales d’il y a cinq ans, espère capitaliser sur son score des dernières législatives (29%) avec comme candidate Margaux Taillefer, 26 ans, arrivée du parti Reconquête d'Éric Zemmour, et dont le nom a été dévoilé samedi. François Bayrou «va être dépositaire de son échec au gouvernement, ce sera plus difficile pour lui qu’en 2020", espère Nicolas Cresson, représentant régional du RN. Carole SUHAS © Agence France-Presse