
La BCE annonce un rythme soutenu de hausse des taux

La Banque centrale européenne (BCE) a décidé jeudi une nouvelle hausse de taux limitée à 50 points de base (pb), comme la Banque d’Angleterre juste avant elle et la Fed mercredi. L’institution a aussi présenté, comme attendu, sa stratégie de réduction de son bilan, un processus connu sous le nom de resserrement quantitatif (QT) et qui débutera en mars.
Le principal taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE) passe de 2% à 2,5%, la rémunération des dépôts augmentent à 2% et le taux de la facilité de prêt marginal est relevé à 2,75%, contre 2,25% précédemment.
La BCE avait relevé ses taux directeurs de 75 pb en septembre et octobre, après une première hausse de 50 pb en juillet. Déterminés à faire redescendre l’inflation, les responsables de la BCE avaient préparé les marchés à une nouvelle hausse des taux en décembre. Alors que la banque centrale a pour objectif un taux d’inflation de 2% à moyen terme, les prix à la consommation dans la zone euro ont augmenté de 10% sur un an en novembre.
Pas de pivot à la BCE
Christine Lagarde, présidente de la BCE, a adopté un ton restrictif lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion de politique monétaire du conseil des gouverneurs. Sur la base des données disponibles à ce stade, «nous devons nous attendre à relever les taux à un rythme de 50 points de base pendant un certain temps», a affirmé Christine Lagarde. «La partie sera longue», a-t-elle ajouté.
«Les taux d’intérêt doivent encore être augmentés sensiblement à un rythme régulier, afin d’atteindre des niveaux suffisamment restrictifs pour assurer un retour au plus tôt de l’inflation vers l’objectif de 2% à moyen terme», avait prévenu la BCE dans sa déclaration de politique monétaire.
Même si la BCE a ramené à un demi-point l’ampleur de sa hausse de taux, contre un tour de vis de 75 pb lors de sa précédente réunion fin octobre, Christine Lagarde a écarté toute idée d’inflexion dans le rythme de resserrement de la politique monétaire. «Ce n’est pas un pivot, nous ne ralentissons pas» a-t-elle répété à plusieurs reprises.
Ce discours a accentué les réactions de marché aux décisions de la BCE. A 16 heures, l’indice CAC 40 abandonnait 3%. En réaction à ces annonces, les rendements des obligations souveraines européennes à 10 ans progressaient nettement. Le Bund allemand gagnait 15 pb, à 2,08% et les taux italiens à 10 ans s'écartaient de 26 pb à 4,11%. L’euro, qui traitait autour de 1,062 dollar avant les annonces de la banque centrale, a franchi le cap de 1,07.
Les marchés revoient aussi leurs anticipations de «taux terminal» de la BCE, désormais au-delà de 3%.
15 milliards par mois
La BCE a aussi annoncé une réduction de son portefeuille d’actifs (APP, asset purchase programme) de 15 milliards d’euros par mois dès mars prochain et au minimum jusqu'à la fin du deuxième trimestre 2023. Ce resserrement quantitatif (QT) sera ensuite «ajusté au fil du temps», a précisé la BCE. Les actifs acquis dans le cadre du Programme d’achats d’urgence pandémique (PEPP), lancé au début de la crise sanitaire en 2020, ne devraient pas être concernés par le QT avant 2025.
Les 15 milliards d’euros mensuels correspondent à environ la moitié des tombées du portefeuille de l’APP, a précisé Christine Lagarde.
Après le relèvement des taux directeurs et le durcissement des conditions liées à la troisième série d’opérations ciblées de refinancement à long terme (TLTRO 3), le QT constitue la dernière étape du resserrement monétaire mis en oeuvre par la BCE, qui dévoilera en février «les modalités précises de la réduction des avoirs détenus au titre de l’APP».
«D’ici la fin 2023, le conseil des gouverneurs révisera également son cadre opérationnel en matière de pilotage des taux d’intérêt à court terme, qui fournira des informations concernant la fin du processus de normalisation du bilan», a ajouté la banque centrale.
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Un décret interdit les sachets de nicotine en France à partir de mars 2026
Paris - Dénoncés pour leur toxicité et leur caractère addictif en particulier pour les enfants et adolescents, les sachets, billes et gommes de nicotine seront interdits en France à partir de mars 2026, une «victoire» pour les associations anti-tabac. Le décret d’interdiction, paru au Journal officiel samedi, fait suite au bannissement des cigarettes électroniques jetables, prohibées à la vente depuis fin février, et à l’interdiction de fumer dans les espaces publics comme les jardins et parcs, les plages ou encore aux abords des écoles en vigueur depuis le 1er juillet. Le bannissement des sachets «vise à protéger la santé publique: la nicotine est désormais considérée comme une substance vénéneuse en raison de ses effets nocifs, et son usage à visée récréative présente un risque d’initiation au tabagisme, notamment chez les jeunes», a justifié à l’AFP le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. La ministre «Catherine Vautrin confirme ainsi son engagement» contre les «risques liés aux addictions», selon cette source. Le gouvernement Barnier avait annoncé à l’automne 2024 son intention de bannir les sachets de nicotine, également appelés pouches, en raison notamment d’un accroissement des intoxications chez les adolescents. Le marché mondial des pouches a été évalué par Global Markets Insights à 6,6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros) pour l’année 2023, et pourrait atteindre 27,4 milliards de dollars (23,4 mds d’euros) en 2032. Apparus récemment, les sachets de nicotine sans tabac renferment, dans un tissu perméable, des fibres de polymères imprégnées de nicotine et d’arômes et se glissent entre la lèvre et la gencive. L’interdiction prise par le gouvernement vise l’ensemble des «produits à usage oral contenant de la nicotine, à l’exception des médicaments et dispositif médicaux». Elle ne s’applique pas aux tabacs à chiquer. «Eldorado financier» Il s’agit notamment des «sachets portions» ou «sachets poreux», «pâte, billes, liquides, gomme à mâcher, pastilles, bandelettes ou toute combinaison de ces formes», énumère le texte. L’Alliance contre le tabac, une fédération d’associations anti-tabac, a salué une «victoire». «Il s’agit d’une mesure cruciale pour protéger les jeunes et contrer les stratégies pernicieuses d’une industrie qui prospère sur le marché de l’addiction, au détriment de la santé publique», a-t-elle estimé dans un communiqué. «Face à la baisse de la consommation de cigarettes dans les pays développés, les sachets de nicotine et les nouveaux produits nicotiniques (tabac chauffé et cigarettes électroniques) constituent le nouvel eldorado financier des cigarettiers», souligne l’organisation pour qui, «loin d’être des outils de sevrage, les sachets de nicotine et leurs dérivés (billes, perles) n’ont pour objectif que d’étendre le marché de l’addiction à la nicotine». Les fabricants British American Tobacco France et Philip Morris France ont dénoncé l’interdiction. Le premier a critiqué une «approche dogmatique, sans débat ni concertation» de la France, qui «prend le risque (...) de priver les fumeurs adultes d’alternatives encadrées» au tabac. Pour le second, «la France s’entête dans une stratégie d’interdiction inefficace». La confédération des buralistes y voit une «victoire annoncée pour les trafics». En novembre 2023, l’Anses avait appelé à une vigilance particulière» sur ces sachets en soulignant que ces produits, comme les billes aromatiques, entraînaient de plus en plus d’intoxications. «Les enfants et adolescents sont les principales victimes», avait constaté l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Comme les snus (tabac sous forme de sachet à usage oral interdit à la vente en Europe), les sachets de nicotine «peuvent provoquer des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères: vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions, troubles de la conscience, hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire», selon l'étude qui précise que la majorité des personnes intoxiquées ont entre 12 et 17 ans. Les billes aromatiques présentent aussi un risque d’accident domestique, en particulier pour les enfants de moins de trois ans qui les ingèrent. Le nombre d’appels au centres anti-poisons concernant ces produits était passé de trois en 2020 à 86 en 2022, selon l’Anses. Boris CAMBRELENG © Agence France-Presse