
«Il y a beaucoup trop de risques dans le marché et nous ne sommes pas suffisamment rémunérés»

L’Agefi : Pourquoi maintenez-vous votre positionnement défensif ?
Benoît Soler : Nous maintenons la vue défensive que nous avons depuis plusieurs mois car il y a de nombreux risques dans le marché et nous ne sommes pas suffisamment rémunérés, notamment face au monétaire. D’abord sur l’économie : les indices PMI en forte baisse, sur lesquels les spreads de crédit sont généralement assez corrélés, pointent vers un fort ralentissement. Or le marché n’est pas totalement d’accord là-dessus, notamment sur les actions.
Ensuite, il y a une baisse de la liquidité sur tous les segments de marchés, même sur les dettes souveraines. Enfin, on commence à avoir certaines grosses défaillances, comme Casino. Ce dossier était certes bien identifié par le marché, mais la restructuration en cours peut être vue comme un choc sur la très faible valeur de recouvrement proposée aux créanciers.
La mer ne s’est pas totalement retirée et nous n’avons pas encore vu tous les dégâts de ce changement de paradigme. Nous estimons que la compétition pour le financement va s’intensifier, que ce soit en dette ou en fonds propres, avec des investisseurs plus sélectifs et des défaillances à venir. La multiplication des attaques des vendeurs à découvert montre qu’il y a énormément de situations tendues dans le marché.
Nous avons du mal à voir comment on sort par le haut, sauf à avoir une vision macroéconomique très positive et penser que les banques centrales vont réussir à contrôler l’inflation sous-jacente sans provoquer de récession. Le fossé entre les données économiques et les résultats des entreprises nous étonne également. Les perspectives pour le second semestre seront très importantes pour les marchés et commencent sous peu. Nous sommes d’autant plus défensifs que les valorisations sur le marché high yield, qui affiche certes des rendements intéressants en absolu, offre peu de prime pour un risque de récession. L’investment grade est plus protecteur de ce point de vue-là.
Quel positionnement adoptez-vous ?
Nous agissons sur la qualité des obligations, sur la duration et sur les dérivés. Nous avons réduit notre exposition au risque en passant des dettes subordonnées aux dettes senior dans certains dossiers. Nous sommes par ailleurs plus courts en duration, car la courbe des taux est inversée, ce qui permet d’obtenir le même rendement à court terme qu’à moyen-long terme.
Même si l’idée de verrouiller un rendement intéressant pour le long terme peut être séduisante, nous ne voyons pas pourquoi prendre ce risque de duration maintenant alors que la dette n’est pas un actif rare. Enfin, nous complétons notre allocation crédit par une poche de cash importante, car le marché monétaire rémunère bien pour attendre.
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