EureKing, un Spac pas comme les autres

La société présidée par l’ancien directeur général de Sanofi-Aventis, Gérard Le Fur, a une idée précise du profil de l’entreprise qu’elle souhaite acquérir.
Johann Corric
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Le Spac vise un fabricant de produits biopharmaceutiques, soit la matière première que les laboratoires et biotechs utilisent pour développer de nouveaux traitements.  -  AdobeStock.

Alors que I2PO vient de jeter son dévolu sur Deezer, un autre Special purpose acquisition company (Spac) est sur le point de rejoindre la Bourse de Paris.

Baptisée EureKing, la société veut lever entre 150 millions et 165 millions d’euros pour racheter une entreprise évoluant dans le secteur de la santé. A la différence de la plupart des Spac lancés ces dernières années, les dirigeants ont une idée assez précise de ce qu’ils recherchent : un fabricant de produits biopharmaceutiques, soit la matière première que les laboratoires et biotechs utilisent pour développer de nouveaux traitements. Dans ce marché très fragmenté et en forte croissance, EureKing cible un groupe de taille moyenne (de l’ordre de 50 millions d’euros de ventes) pour une valeur d’entreprise comprise entre 200 et 500 millions d’euros. L’objectif est précis. On est assez loin des quasi-chèques en blanc auxquels les Spac avaient habitué les investisseurs.

Une entreprise dans le viseur

«Nous avons déjà initié des premières discussions informelles avec certaines sociétés», ajoute Rodolphe Besserve, un des fondateurs du Spac et directeur général EureKare, un fonds d’investissement spécialisés dans les biotechs à l’origine du lancement d’EureKing. Le groupe indique d’ailleurs dans son communiqué du 9 mai avoir envoyé, le 27 avril dernier, une «lettre d’intention non engageante pour l’acquisition de 100% du capital d’une société qui correspond totalement au marché ciblé», sans garantie que cela aboutisse à une transaction. «Il y a une forte probabilité que nous activions une première cible dans les prochains mois», confirme Rodolphe Besserve.

Conformément à son statut de Spac, EureKing doit en effet réaliser sa première acquisition d’ici 15 mois sous peine d’être dissoute. A terme, l’entreprise s’envisage comme une holding chapeautant plusieurs producteurs de produits biopharmaceutiques dans les domaines des produits biologiques, des thérapies cellulaires et géniques et/ou des produits biothérapeutiques vivants. Pour atteindre cette ambition, EureKing devrait bénéficier d’un certain engouement pour le sujet alors que le plan France 2030 vise la production de 20 biomédicaments dans l’Hexagone d’ici huit ans. Le groupe peut aussi s’appuyer sur une équipe de direction expérimentée dans le domaine de la santé. Ancien directeur général de Sanofi-Aventis, Gérard Le Fur assume la présidence du conseil d’administration et le directeur général, Michael Kloss, a passé 15 ans chez Bayer avant de prendre les rênes d’Ascensia Diabetes Care puis de Panasonic Healthcare Holdings (PHC Holdings).

Cotation le 12 mai

Les deux hommes font par ailleurs partie des membres fondateurs d’EureKing, aux côtés du fonds EuroKare, d’Alexandre Mouradian, cofondateur d’EuroKare, de Christophe Jean, associé stratégique du fonds de private equity Oraxys Environnement 2, de Hubert Olivier, président France et Belgique de McKesson et de Rodolphe Besserve. Les fondateurs, ainsi que d’autres investisseurs dits «piliers» (cornerstone) dont le fonds VTT, investissent 9 millions d’euros via des titres appelés «actions de fondateurs», dont 5,4 millions d’euros pour EureKare et 325.300 euros chacun pour Gérard Le Fur et Michael Kloss. Tout ou partie de ces sommes seront perdues si EureKing ne parvient pas à acquérir une société dans le temps imparti.

À l’inverse, les investisseurs qui participeront à l’introduction en Bourse récupéreront leur mise augmentée de 3% si, dans 15 mois, le Spac est dissous. La première cotation d’EureKing sur Euronext Paris est prévue pour le 12 mai à 10 euros par action de préférence. L’opération, qui se clôturera ce mardi 10 mai, prévoit l’émission de 15 millions de titres et 16,5 millions en cas d’exercice intégral de la clause d’extension. A l’issue de l’offre, les fondateurs et les investisseurs cornerstone détiendront jusqu’à 35% du capital d’EureKing.

La société lancera probablement une nouvelle levée de fonds lorsqu’elle aura identifié sa cible afin d’en financer le rachat qui devrait excéder 165 millions d’euros. D’ici là, le cours des actions ne devrait pas s’éloigner de son prix initial. En la matière, EureKing reste un Spac comme un autre.

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