
Elections en Espagne : le spectre d’une impasse politique

En Espagne, le scénario d’un bis repetita tenait la route dimanche soir à la suite du résultat des élections législatives anticipées, convoquées par le Président du gouvernement socialiste Pedro Sanchez après la déroute des élections locales du 28 mai dernier.
L’Ibex 35, le principal indice actions espagnoles, a perdu 1,5% à l’ouverture de la Bourse de Madrid, avant de se reprendre légèrement. Le mouvement baissier est principalement alimenté par les banques, qui voient s’éloigner la possibilité d’une révision par le Parti populaire de la taxe temporaire mise en place l’année dernière par le gouvernement Sanchez. En milieu de matinée, Banco de Sabadell reculait de 3,34% et Santander de 2,18%. Le taux souverain à 10 ans est resté stable à 3,4%.
Tout semblait pourtant écrit d’avance : selon les sondages, y compris les deux derniers publiés à 20 heures le soir du 23 juillet, ce scrutin, le premier célébré en été depuis l’avènement de la démocratie en Espagne, devait permettre de garantir une franche victoire au Parti populaire d’Alberto Núñez Feijóo. Il n’en fut rien. Avec 136 sièges, soit 8 millions de votes et quelque 33%, le candidat de la droite conservatrice est certes parvenu à devancer ses concurrents, mais n’a pas obtenu les 150 sièges que lui prédisaient pourtant les sondages.
L’arithmétique électorale ne lui permet pas davantage de décrocher la majorité absolue à la Chambre des députés : le parti d’extrême-droite Vox, qui obtient 33 députés comparé à 52 (3 millions de votes et quelque 12 %) et les deux sièges obtenus par Coalicion Canaria et UPN aboutissent à une représentation de 171 du bloc des droites à la Chambre des députés, soit cinq de moins que ne l’exige la majorité absolue, qui est de 176. Le leader du Parti populaire (PP) s’est néanmoins engagé à essayer de former un gouvernement : «Notre obligation aujourd’hui est de ne pas ouvrir une période d’incertitude en Espagne. Les Espagnols ont accordé leur confiance au PP et ont dit aux partis du bloc parlementaire que nous devrions dialoguer», a ainsi déclaré d’Alberto Núñez Feijóo.
Pedro Sanchez pressenti
En parallèle, le score du parti de l’actuel président du gouvernement espagnol a surpris positivement : donné largement battu, le PSOE est non seulement parvenu à se maintenir, mais a également récupéré deux sièges supplémentaires avec une représentation de 122 députés (7,7 millions de votes et 32%). A ce stade, les observateurs suggèrent que Pedro Sanchez est sans doute le seul à pouvoir briguer l’investiture. La tâche s’avère néanmoins compliquée : certes, il pourra compter sur les 31 députés obtenus par Sumar, la coalition d’extrême-gauche formée par l’actuelle ministre du Travail Yolanda Diaz. Mais à l’image de la dernière assemblée, les partis indépendantistes joueront à nouveau un rôle décisif. Dès les résultats annoncés, l’ERC, la Gauche républicaine de Catalogne, laissait planer l’hypothèse d’un soutien, en échange de quelques concessions. Idem du côté de Junts, le parti indépendantiste catalan dont les déclarations de la porte-parole Miriam Nogueras ne laissaient guère de doute sur l’intensité des tractations à venir : «Nous ne ferons pas de Sanchez un président en échange de rien», a-t-elle signalé.
De ces négociations qui s’ouvrent dès aujourd’hui dépendra l’avenir politique de l’Espagne et sa gouvernabilité. A ce stade, l’hypothèse d’un nouveau scrutin, comme ce fut le cas lors des élections législatives de décembre 2015 et d’avril 2019, n’est pas écarté.
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Strasbourg - Les eurodéputés attendent des explications de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen mercredi à Strasbourg sur l’accord commercial avec Donald Trump qui laisse nombre d’entre eux amers. La cheffe de l’exécutif européen aura fort à faire pour rassurer les parlementaires lors de ce traditionnel «discours sur l'état de l’Union» durant lequel elle doit présenter ses grandes orientations politiques. «C’est une rentrée difficile. L’Europe est perçue comme assez faible», convient une source au sein de la Commission. Mais «sur Trump, le juge de paix, ce n’est pas l’accord, c’est l’après. S’il ne respecte pas l’accord, il faudra être très dur», insiste ce responsable, sous couvert d’anonymat. La fébrilité reste de mise à Strasbourg comme à Bruxelles plus d’un mois après la poignée de main entre Donald Trump et Ursula von der Leyen. D’autant que le milliardaire américain multiplie les menaces contre la législation européenne sur le numérique, dont l’amende géante infligée par la Commission européenne à Google vendredi, qu’il a fustigée. Mercredi, Ursula von der Leyen aura «probablement un ton plus offensif» pour «essayer de faire passer la pilule, de vendre son accord» aux eurodéputés, grince Marina Mesure, membre du groupe de la gauche radicale. «Humiliation» Le Parlement européen a très mal accueilli ce «deal» avec Donald Trump scellé fin juillet: 15% de taxes américaines avec des exceptions pour des produits de l’UE comme l’aéronautique, assorties de promesses de l’Europe d’acheter massivement de l'énergie américaine et de réduire des taxes sur une série de produits made in USA. «Tout le monde s’accorde sur le fait que c’est un mauvais deal» qui «traduit la faiblesse de l’Europe», tranche la cheffe du groupe centriste Valérie Hayer. Mais Ursula von der Leyen avait un «mandat» d’Etats membres comme l’Allemagne et l’Italie, et les industriels voulaient de la prévisibilité pour les mois qui viennent, reconnaît-elle. Plus de la moitié des Européens (52%) ont ressenti de «l’humiliation» avec cet accord, selon un sondage publié dans le média Le Grand Continent et réalisé par l’institut Cluster17 dans cinq pays. Les eurodéputés devront se prononcer dans les semaines qui viennent sur l’un des volets de l’accord, la baisse des taxes européennes. Les centristes entretiennent le suspense et les sociaux-démocrates menacent de voter contre. L’argument «selon lequel un mauvais accord vaut mieux que rien du tout est totalement inacceptable», a tonné mardi la cheffe du groupe social-démocrate, Iratxe Garcia Pérez. La droite, dont est issue Ursula von der Leyen, assume quant à elle un vote en faveur de cet accord, même à contrecœur. Les droits de douane, «ça ne nous fait pas plaisir», mais il faut de la stabilité et s’adapter à la «réalité» voulue par le président américain, a défendu le chef du Parti populaire européen (PPE), Manfred Weber. Même position chez les eurodéputés italiens du parti de Giorgia Meloni, qui siègent dans l’un des trois groupes d’extrême droite du Parlement. En matière diplomatique, Ursula von der Leyen sera également très attendue sur la guerre à Gaza, au lendemain de raids israéliens au Qatar visant des responsables du Hamas, mouvement islamiste palestinien. Depuis des mois, l’Union européenne semble paralysée diplomatiquement tant ses divisions sont nombreuses. Les dissonances se manifestent jusqu’au sein de la Commission, où la socialiste espagnole Teresa Ribera a qualifié la situation à Gaza de «génocide», déplorant l’inaction des 27 Etats membres. «Débattre des mots divise l’Europe. Ca ne nous aide pas, ça ne nous apporte pas plus de crédibilité», lui a rétorqué Manfred Weber. Sur le dossier ukrainien, Ursula von der Leyen ne manquera pas à l’inverse de souligner la mobilisation des Européens. Une série de pays dont la France et l’Allemagne ont promis des garanties de sécurité à Kiev si le conflit avec la Russie s’arrête: un soutien militaire au sol, en mer ou dans les airs afin de dissuader Moscou d’attaquer à nouveau. En attendant, l’UE prépare un 19e paquet de sanctions, qui pourrait cibler certains pays achetant des hydrocarbures russes, selon des diplomates à Bruxelles. Adrien DE CALAN © Agence France-Presse -
La flottille pour Gaza affirme qu'un autre de ses bateaux a été touché près de Tunis
Sidi Bou Said - La flottille pour Gaza a affirmé qu’un autre de ses bateaux avait été touché dans la nuit de mardi à mercredi près de Tunis et dit soupçonner un drone, 24 heures après un incident similaire. «Un autre bateau a été touché dans une attaque présumée de drone», a affirmé la «Global Sumud Flotilla» dans un communiqué. Cette annonce intervient à la veille du départ prévu de la flottille en direction du territoire palestinien assiégé par Israël. L’"Alma», qui bat pavillon britannique, a été frappé selon la flottille dans les eaux tunisiennes, au large de Sidi Bou Saïd dans la banlieue nord de Tunis. Dans une vidéo publiée par la rapporteure des Nations unies pour les territoires palestiniens, Francesca Albanese, on peut voir une boule de feu s’abattre sur le pont d’un bateau. «Des preuves vidéo suggèrent qu’un drone – sans lumière, afin de ne pas être vu – a largué un engin qui a mis le feu au pont du bateau Alma», a-t-elle écrit. «Des experts suggèrent qu’il s’agissait d’une grenade incendiaire enveloppée dans des matériaux plastiques imbibés de carburant, qui aurait pu être enflammée avant d’atterrir sur le navire», a-t-elle ajouté. Le bateau «a subi des dommages causés par un incendie sur son pont supérieur. Le feu a depuis été éteint, et tous les passagers ainsi que l'équipage sont sains et saufs», a dit la flottille dans son communiqué. Sollicitée par l’AFP, la Garde nationale tunisienne n'était pas joignable. Des journalistes de l’AFP sur place ont pu voir un bateau au loin entouré d’embarcations avec des gyrophares des forces de l’ordre tunisiennes. Des sirènes étaient audibles et des dizaines de militants ont brièvement manifesté sur la plage de Sidi Bou Saïd pour protester contre l’attaque présumée. «Détermination» «Deuxième nuit, deuxième attaque de drone», a dit à l’AFP Melanie Schweizer, l’une des coordinatrices de la flottille. «Ces attaques répétées interviennent dans un contexte d’agression israélienne intensifiée contre les Palestiniens à Gaza, et constituent une tentative orchestrée pour distraire et faire dérailler notre mission», a dénoncé la flottille dans son communiqué. L’AFP avait sollicité l’armée israélienne pour un commentaire après la première annonce dans la nuit de lundi à mardi, sans réponse dans l’immédiat. Des militants ont dit qu’ils ne se laisseraient pas intimider. «Absolument aucun changement dans notre détermination. Nous partirons quand même demain», a dit le Palestinien Saif Abukeshek. La veille, c’est le «Family» qui avait été touché, avaient annoncé les organisateurs, vidéos à l’appui. La Garde nationale tunisienne, l'équivalent de la gendarmerie, avait démenti toute frappe de drone, assurant que selon ses premières constatations, «aucun» engin n’avait été détecté. La bande de Gaza est le théâtre d’une guerre dévastatrice, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023. Les Nations unies ont déclaré en août l'état de famine à Gaza, avertissant que 500.000 personnes se trouvent en situation «catastrophique». Des navires de la Global Sumud Flotilla («sumud» signifie «résilience» en arabe) sont arrivés ces derniers jours en Tunisie d’où ils doivent partir cette semaine pour Gaza. Ils avaient initialement prévu d’atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre afin d’y acheminer de l’aide humanitaire et «briser le blocus israélien», après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet. Lisa DEFOSSEZ © Agence France-Presse