
Donald Trump allume la mèche de la guerre commerciale

Les Etats-Unis ont finalement mis leur menace à exécution. Depuis minuit cette nuit, les exportations européennes d’acier et d’aluminium sont sujettes à des droits de douanes supplémentaires de respectivement 25% et 10% à leur entrée aux Etats-Unis. De même pour les exportations en provenance du Canada et du Mexique, pourtant engagés avec Washington dans la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain. «L’UE estime que ces droits de douane unilatéraux américains sont injustifiés et contraires aux règles de l’Organisation mondiale du commerce. Il s’agit de protectionnisme pur et simple», a réagi Jean-Claude Juncker, le président de la Commission. Bruxelles devrait engager aujourd’hui une procédure de règlement des différends à l’OMC, qui peut durer des années. L’Union européenne prendra parallèlement des mesures dites de «rééquilibrage» d’ici à fin juin, et des mesures de sauvegarde pour l’industrie de l’acier et de l’aluminium.
Les exportations concernées ont représenté 6,4 milliards d’euros en 2017, dont environ 700 millions en France. Les mesures de rééquilibrage, prévues dans les règles de l’OMC, doivent être calibrées en fonction de l’impact économique réel des mesures, une fois tenu compte des possibles exemptions sur certains produits que pourraient demander des entreprises américaines. Bruxelles espère pouvoir engager ces droits de douane supplémentaires parmi la liste de produits américains emblématiques déjà notifiée à l’OMC, qui inclut notamment le beurre de cacahuètes, le bourbon ou les jeans. Les mesures de sauvegarde, qui visent à protéger l’industrie européenne d’un afflux de métaux détournés des Etats-Unis, peuvent être prises à tout moment.
Le risque d’escalade est réel. Les Européens refusaient de négocier sous la menace, et s’ils doivent encore formellement décider de la conduite à tenir, la France compte pousser pour exiger la levée des tarifs avant de nouvelles discussions, d’après une source à Bercy. Alors que selon Cecilia Malmström, la commissaire européenne au Commerce, «tout au long de ces pourparlers, les Etats-Unis ont cherché à user de la menace de restrictions commerciales comme levier pour obtenir des concessions», il ne serait pas surprenant qu’ils poursuivent cette stratégie avec la menace de tarifs sur l’automobile. Le processus légal, similaire à celui employé pour l’acier et l’aluminium, est déjà engagé. Or, «l’UE devrait réagir si une telle mesure était mise en œuvre», indique-t-on à Bercy.
En écho, le Canada a annoncé qu’il imposera des droits sur 12,8 milliards de dollars de marchandises importées des Etats-Unis et le Mexique a imposé des droits «équivalents» sur les produits sidérurgiques et agricoles américains.
Plus d'articles du même thème
-
Donald Trump menace de prendre des mesures de rétorsion après l'amende infligée par l'UE à Google
Le président américain a menacé, vendredi 5 septembre au soir, d'engager une procédure contre l'Union européenne au titre de l'article 301 du Trade Act de 1974, qui permet aux États-Unis d'imposer des tarifs douaniers punitifs à des pays tiers. -
La saga des droits de douane continue
Un jugement fédéral du 29 août a statué en appel que le président Donald Trump n’avait pas le pouvoir d’instaurer une grande partie des taxes douanières mises en place sur les produits importés aux Etats-Unis depuis le mois de janvier. La Cour suprême devra trancher en dernière instance. -
Mâchoires
Sauver la face en Europe ou éviter les coups en France ? L'exécutif dans le piège du Mercosur
La Commission européenne a présenté, mercredi 3 septembre, sa proposition d'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). Pour tenter de rallier la France, elle a introduit une nouveauté : la possibilité de déclencher des «clauses de sauvegarde» pour protéger les marchés agricoles au cas où ils seraient trop déstabilisés par les importations.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

UBS AM liste quatre ETF construits autour des «Mega Cap»
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- Le Crédit Agricole CIB transige sur les « CumCum »
- Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros et accueille ASML à son capital
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
Contenu de nos partenaires
-
Agriculture: la FNSEA souhaite une journée de mobilisation le 25 septembre
Paris - Le syndicat agricole FNSEA appelle à «une grande journée d’action» autour des questions des échanges internationaux pour les produits agricoles le vendredi 25 septembre à travers toute la France, annonce son président Arnaud Rousseau dans un entretien au Journal du dimanche. Cette mobilisation aura lieu contre «le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres», explique le dirigeant. «A l’image des œufs ukrainiens: tous ces produits qui entrent sur notre territoire et que nous ne voulons pas voir dans nos assiettes, car ils sont dangereux pour la santé et pour l’environnement!», poursuit-il. «Les actions sont à l’appréciation des fédérations départementales mais ça peut prendre la forme de visite de grandes surfaces pour aller chercher tous les produits non conformes», a précisé à l’AFP un porte-parole du premier syndicat agricole français, qui mènera ces actions avec les Jeunes agriculteurs (JA). La FNSEA et les JA avaient déjà dit leur hostilité à l’accord de libre-échange entre des pays latino-américains du Mercosur et l’Union européenne. Cet accord UE-Mercosur doit notamment permettre à l’UE d’exporter davantage de voitures, de machines, de vins et de spiritueux en Argentine, au Brésil, en Uruguay et au Paraguay. En retour, il faciliterait l’entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, au risque de fragiliser certaines filières agricoles européennes. La FNSEA avait indiqué ne pas vouloir participer au mouvement «Bloquons tout» du 10 septembre pour éviter une «récupération politique» mais avait déjà prévu une mobilisation «cet automne» sur ses propres revendications. «Nous attendons une date de rendez-vous avec (le nouveau Premier ministre) M. Lecornu dans les prochains jours», a précisé le porte-parole à l’AFP. © Agence France-Presse -
Remise en cause
Union européenne : comment l’interdiction des moteurs thermiques en 2035 pourrait sauter
La Commission européenne envisage des flexibilités face aux appels à l’aide du secteur automobile, inquiet de la concurrence chinoise -
Sébastien Lecornu nouveau Premier ministre: une majorité de Français pas satisfaits selon les sondages
Paris - Les Français ont majoritairement une opinion défavorable du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, selon deux sondages publiés dimanche, même si les chiffres varient sensiblement entre l’institut Ifop dans le JDD et Ipsos/BVA dans la Tribune Dimanche. Avec seulement 16% d’opinions favorables (contre 40% d’opinions défavorables), le chef du gouvernement fait moins bien que son prédécesseur François Bayrou (20%) lors de sa nomination et il est nettement distancé par Gabriel Attal (37%), Michel Barnier (34%) et Elisabeth Borne (27%), indique le baromètre mensuel Ipsos/BVA publié par la Tribune Dimanche. L’institut de sondage note que 44% des personnes interrogées disent ne pas connaître suffisamment Sébastien Lecornu pour se prononcer. Le nouveau chef du gouvernement a été nommé mardi par le président Emmanuel Macron. Selon cette enquête, 60% des Français pensent en outre qu’il ne parviendra pas à un compromis avec des partis d’opposition pour faire adopter le budget 2026. Pour l’Ifop dans le Journal du dimanche (JDD), le total des satisfaits concernant Sébastien Lecornu s'établit à 38%, soit quatre points de plus que François Bayrou lors de sa prise de fonctions. L’institut mesure le total des mécontents à 62%. Les deux sondages montrent également une chute de la popularité d’Emmanuel Macron. Pour Ipsos/BVA, il atteint dans ce baromètre son plus bas historique depuis son arrivée à l’Elysée en 2017, avec seulement 17% d’opinions favorables et une chute vertigineuse de 18 points dans son propre électorat. L’Ifop de son côté mesure la part des mécontents du chef de l’Etat à 81% (+ 5 points), contre 19% de satisfaits. Parmi les personnalités dont les Français seraient satisfaits qu’elles arrivent à la présidence du pays, le président du RN Jordan Bardella arrive en tête (35%), devant la leader du parti Marine Le Pen (32%), puis le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (27%), qui devance l’ancien Premier ministre Edouard Philippe (25%), d’après l’enquête Ipsos/BVA. Raphaël Glucksmann, la première personnalité de gauche dans ce classement, arrive en huitième position (18%). L’enquête Ipsos/BVA a été réalisée du 11 au 12 septembre par internet auprès d’un échantillon représentatif de 1.000 personnes selon la méthode des quotas. L’enquête Ifop a été réalisée du 10 au 11 septembre en ligne, sur un échantillon représentatif de 1.000 personnes selon la méthode des quotas. © Agence France-Presse