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Chine : crise de croissance, crise de confiance ?

Au-delà du chiffre, il faut s’interroger sur le contenu de la croissance
Le ralentissement chinois est indéniable. Après vingt ans de croissance forte et ininterrompue, il était aussi attendu. Il n’empêche qu’il intervient trop vite et trop fortement par rapport à la trajectoire anticipée tant par les autorités chinoises que par le reste du monde. Les causes de ce ralentissement sont multiples, conjoncturelles et structurelles. Les facteurs structurels viennent toucher les déterminants profonds de la croissance potentielle : le vieillissement de la population, la baisse de l’efficacité du capital, la capacité de la Chine à produire de l’innovation. Les facteurs conjoncturels sont, et cela est une source d’inquiétude, liés soit à des erreurs dans les décisions prises par les autorités, soit à la bascule d’une priorité économique à une priorité sécuritaire : la stratégie zéro-Covid, l’intrusion de l’État dans la sphère privée, la gestion de la crise immobilière. Le zéro-Covid, en particulier, a créé chez les ménages un choc de confiance qui semble difficile à résorber et explique leur arbitrage en faveur de l’épargne plutôt que de la consommation.
Mais l’insuffisance de la consommation n’est pas uniquement liée à la crise de confiance que les ménages traversent actuellement, puisqu’elle posait déjà problème avant le Covid. Elle trouve avant tout son origine dans les principes idéologiques régissant l’économie chinoise, qui favorisent l’investissement en actifs immobilisés et la production industrielle. Cette préférence est exprimée par des salaires contenus – et qui augmentent moins vite que la croissance – permettant de conserver une compétitivité-prix forte et un soutien aux investissements en infrastructures, passant par des taux d’intérêt bas. Le modèle de croissance chinois, fondé sur l’exploitation puis l’exportation de surcapacités (main-d’œuvre, épargne, investissement), se heurte à ses limites.
Le long chemin de la transition
Pourtant, la Chine conserve des atouts indéniables, en particulier un complexe industriel et logistique unique et très efficace, qui a servi ce modèle de croissance fondé sur le commerce extérieur et l’investissement en infrastructures. C’est surtout sur ce volet que la Chine se démarque particulièrement des autres pays d’Asie, comme le Vietnam ou l’Inde, qui souhaitent se positionner comme des concurrents au modèle chinois. Il s’agit de souligner que les entreprises qui explorent des alternatives à la Chine, ou sautent le pas de la délocalisation de tout ou partie de leur production, le font pour des questions géopolitiques et non économiques. Bien que le coût de la main-d’œuvre ait augmenté en Chine ces dernières années, la compétitivité-prix du pays demeure excellente, surtout en période de dépréciation du yuan et alors que les efforts de formation des employés sont visibles.
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Ce modèle n’est toutefois plus adapté aux équilibres actuels. Dans un contexte de ralentissement de la demande de biens mondiale et de réorganisation des chaînes de valeur défavorable pour la Chine, la question de la transition vers une croissance tirée par l’économie domestique se repose de manière plus aiguë. Pourtant, il semblerait que les autorités chinoises n’aient pas encore acté cette nécessité dans leurs politiques économiques. Les récentes annonces de soutien budgétaire, qui doivent porter le déficit public à 3,8% du PIB (soit 0,8 point de pourcentage de plus qu’anticipé), continuent de cibler les investissements et le secteur immobilier plutôt que les ménages.
Alors que la capacité de la Chine à devenir la première puissance économique mondiale ne faisait aucun doute avant le Covid, cette perspective s’éloigne et la question de la convergence émerge de nouveau. Ce qui est certain, c’est que le sentier de développement de la Chine sera moins facile que celui du Japon, de la Corée ou de Taïwan au même stade de développement, car sa croissance potentielle est amoindrie par ses déséquilibres et la situation géopolitique actuelle.
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