Les échanges mondiaux poursuivent leur reconfiguration

La dernière édition du rapport de l’Organisation mondiale du commerce détaille les dynamiques qui sous-tendent le mouvement de «remondialisation» des échanges et leurs conséquences pour les chaînes de valeur mondiales.
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Le commerce mondial poursuit sa mutation, indique l'OMC  -  photo Picasa

Malgré la montée des tensions géopolitiques et la succession de chocs qui ont mis à mal le fonctionnement des chaînes de valeur mondiales, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) met en avant la grande résilience des échanges commerciaux, exemple de la collaboration internationale dans la lutte contre le Covid à l’appui.

Les échanges de biens ont continué de progresser de 3% en volume en 2022, contre une moyenne annuelle de 2,6% depuis 2008. L’organisation relève cependant une régionalisation croissante des échanges au sein des grands blocs géopolitiques.

L’un des principaux moteurs de cette transformation tire son origine dans la succession des crises depuis 2018. La guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, la pandémie de Covid, ou la guerre en Ukraine, pour ne citer qu’elles, ont propulsé les préoccupations relatives à la sécurité nationale en tête des agendas. «Associées à des tensions géopolitiques croissantes, ces perceptions ont alimenté les discours plaidant en faveur de la localisation des chaînes d’approvisionnement et des stratégies de politique commerciale fondées sur des préoccupations géopolitiques. Dans le débat public, des termes tels que ‘offshoring’ et ‘externalisation’ ont été remplacés par ‘re-shoring’, ‘near-shoring’, ‘friendshoring’ et découplage», selon les auteurs du rapport.

La multiplication des goulets d'étranglement

Les tensions sur les approvisionnements qui ont résulté de ces crises ont été accentuées par la part importante prise par les produits dits «goulets d’étranglement» (c’est-à-dire exportés seulement par quatre pays en moyenne) dans les échanges. Le nombre de ces produits est passé de 14% à 20% de l’ensemble des biens échangés entre 2000 et 2021, la Chine fournissant plus du tiers (36%) de ces produits. Les équipements électriques (téléphones mobiles, semi-conducteurs) représentent près de la moitié des biens concernés.

D’autres facteurs viennent influer sur le dynamisme des échanges. Ainsi la baisse drastique des coûts (12% entre 1996 et 2018, principalement en raison de la baisse du coût des transports et des barrières douanières) est venue soutenir les échanges. Le regain des tensions commerciales observé depuis 2018 a provoqué une hausse des coûts. Cependant, les progrès accomplis dans la digitalisation des échanges laissent espérer de futures baisses.

Enfin, la participation croissante de certaines économies en développement aux chaînes de valeur mondiales (CVM) permet à celles-ci d’accélérer leur développement et d’améliorer la redistribution des profits. Le Vietnam, le Cambodge et la Roumanie ont connu une augmentation particulièrement rapide de leur participation aux CVM entre 2010 et 2020 (voir graphique), bénéficiant de l’implantation d’usines d’assemblage de grandes multinationales.

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