
Atos annonce sa scission et le départ de son directeur général

L’entreprises de services numériques Atos a annoncé mardi qu’elle comptait se séparer en deux sociétés distinctes, une décision stratégique qui conduira au départ du directeur général Rodolphe Belmer d’ici à fin septembre, seulement quelques mois après son arrivée.
Atos étudie actuellement cette séparation en deux entités. La première entreprise conserverait le nom d’Atos et regrouperait les activités historiques de gestion d’infrastructures de centre de données. La seconde prendrait le nom d’Evidian et rassemblerait les activités liées à la transformation numérique ainsi que celles de Big Data et Sécurité (BDS).
La société estime que cette division pourrait être finalisée au cours du second semestre 2023, avec la cotation d’Evidian d’ici à la fin de cette même année.
Les actionnaires d’Atos conserveraient 70% du capital d’Evidian. Le produit de la mise sur le marché des 30% restants permettrait de financer les coûts de restructuration du périmètre restant d’Atos, évalués à 1,1 milliard d’euros, a indiqué Rodolphe Belmer lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.
Cette séparation doit permettre à Atos «de se concentrer sur sa logique qui est de maximiser la génération de cash-flow» dans une activité en déclin, tandis qu’Evidian «pourra consacrer toutes ses ressources pour financer son développement et sa croissance pour rester en tête de course en termes d’innovation», a expliqué le dirigeant.
Le directeur général d’Atos a annoncé qu’il quitterait la société prochainement en raison de cette nouvelle organisation, «la position de ‘group CEO’» étant vouée à devenir «superflue». Son départ prendra effet au plus tard le 30 septembre.
En réaction à ces annonces, l’action Atos perdait 30% mardi en fin d’après-midi, poursuivant sa baisse des derniers jours. En cinq séances, elle a perdu plus de 50%.
Un directeur pour chaque société
Plusieurs médias ont rapporté des divergences stratégiques et des tensions entre le conseil d’administration et le directeur général d’Atos. Rodolphe Belmer n’a pas souhaité commenter ces informations, déclarant simplement qu’il était «normal» et «sain» qu’il y ait des débats au sein d’un conseil.
«Le ‘board’ a pris une décision, sa décision est souveraine, elle s’impose et le rôle du [directeur général] et de la société est d’exécuter» cette stratégie, a-t-il affirmé. Le dirigeant a par ailleurs indiqué que son contrat prévoyait une clause qui lui permettait de partir avec deux années de rémunération fixe et variable dans certains cas de figure, dont une scission. «Néanmoins, j’ai proposé de réduire cette convention à neuf mois», a-t-il précisé.
Atos a nommé deux directeurs généraux délégués, Nourdine Bihmane et Philippe Oliva, qui prendront la tête de chacune des deux nouvelles entités. Philippe Oliva dirigera Evidian et Nourdine Bihmane prendra la tête d’Atos sur son futur périmètre.
Evidian a réalisé sur son périmètre actuel un chiffre d’affaires de 4,9 milliards d’euros en 2021, une croissance organique de 5% et une marge opérationnelle de 7,8%. Cette société investira 400 millions d’euros au cours des cinq prochaines années pour accélérer son développement. Elle vise une croissance organique moyenne de 7% sur la période 2022-2026, une marge opérationnelle de 12% en 2026 et un flux de trésorerie disponible avant intérêts et impôts à la même échéance.
Les activités restantes d’Atos ont, elles, réalisé des revenus de 5,4 milliards d’euros en 2021, en recul organique de 12%, tandis que sa marge opérationnelle était négative de 1,1%. Cette société va mettre en place un plan de redressement qui prévoit une stabilité du chiffre d’affaires en 2025 avant un retour à la croissance à partir de 2026. La marge opérationnelle devrait redevenir positive en 2025 et dépasser 5% en 2026. Le flux de trésorerie disponible avant intérêts et impôts devrait s'établir à 150 millions d’euros en 2026 et croître d’environ 50 millions d’euros chaque année par la suite.
Des cessions d’actifs de 700 millions d’euros
Atos évalue ses besoins de financement à environ 1,6 milliard d’euros pour la période 2022-2023, jusqu'à ce que la séparation soit effective. Le groupe a par ailleurs annoncé des cessions d’un montant total de 700 millions d’euros d’actifs non essentiels qui seront issus principalement du périmètre d’Evidian.
La cession des activités de communications unifiées («Unified Communications et Collaboration») n’est par ailleurs pas abandonnée mais continue de «progresser», a assuré Rodolphe Belmer, même si cette opération n’est pas incluse dans la liste des cessions de 700 millions d’euros.
Atos a aussi annoncé avoir cédé la totalité de sa participation dans Worldline. Cette sortie du capital de la société de paiements a engendré un produit net de 220 millions d’euros.
Le groupe a par ailleurs confirmé ses perspectives pour 2022, à savoir une croissance à taux de change constants comprise entre 0,5% et 1,5%, une marge opérationnelle située entre 3% et 5% et un flux de trésorerie allant d’un décaissement de 150 millions d’euros à un montant positif de 200 millions d’euros.
«Les tendances actuelles de l’activité confirment les fourchettes de croissance du chiffre d’affaires et de flux de trésorerie disponible et pointent vers la moitié inférieure de la fourchette de marge opérationnelle», a précisé le groupe.
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Journée de mobilisation du 18 septembre : "La France n'a pas été bloquée", se félicite Bruno Retailleau
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