
L’avertissement de Scor assombrit ses perspectives de rebond

L’action Scor a accusé la plus forte baisse de l’indice SBF 120 mardi 16 juillet, alors que le réassureur a émis la veille au soir un avertissement sur ses objectifs pour cette année, en raison de provisions réduites dans son activité L&H de réassurance vie et santé. Le réassureur a prévenu que son activité d’assurance santé et vie (L&H) essuierait une perte d’environ 400 millions d’euros au deuxième trimestre sous l’effet de provisions.
Des ajustements supplémentaires de l’ordre de 100 millions d’euros sont envisagés au second semestre, ce qui conduirait le groupe à manquer ses objectifs annuels.
En réaction, le titre Scor s’est effondré de presque 25% à 19,66 euros mardi à la Bourse de Paris. Il perd désormais près de 20% depuis le début de l’année.
«Le résultat des activités d’assurance L&H en 2024 est attendu significativement en dessous du montant de 500 millions d’euros indiqué lors de la présentation des résultats du premier trimestre 2024", a déclaré le groupe dans un communiqué. Il ajuste également la marge sur services contractuels (CSM) L&H avant impôts et à courbes de taux courants d’environ -900 millions d’euros au deuxième trimestre en raison «des changements d’hypothèses de provisionnement en anticipation de la revue de fin d’année». Un ajustement maximum de -400 millions d’euros supplémentaires est également envisagé pour le second semestre.
Ces ajustements, qui ne modifient pas la politique de dividende du groupe, n’ont pas non plus d’impact sur la situation de liquidité. Ils ont «pour objectif de renforcer la robustesse des projections de flux de trésorerie (« cash-flow ») et de réduire la volatilité des profits futurs», a indiqué l’entreprise. Les résultats détaillés du deuxième trimestre seront publiés le 30 juillet.
L’action chute en Bourse
« Cette nouvelle n’est pas inattendue, car le ton employé lors des résultats du premier trimestre laissait penser qu’il s’agissait d’un problème plus important que temporaire », estime Tommaso Nieddu, analyste action sur le secteur assurance chez AlphaValue.
Le marché comme les analystes s’étaient d’ailleurs montrés prudents concernant l’objectif initial de résultats prévu par Scor pour ses activités vie et santé. « Cependant, l’ajustement négatif sur la CSM est plus important que prévu et aura des répercussions à moyen et à long terme car les bénéfices seront dégagés à partir d’une base plus réduite », souligne Tommaso Nieddu, qui s’attend à ce que le marché, qui avait réduit la décote de Scor par rapport à ses pairs au cours de 2023, reconsidère cette position.
Scor estime par ailleurs qu’il n’atteindra probablement pas l’objectif annuel de croissance de 9% de sa «valeur économique», un indicateur qui combine les fonds propres et la marge sur services contractuels. Au deuxième trimestre, cet indicateur est estimé entre 8,3 milliards et 8,5 milliards d’euros, soit 46-47 euros par action.
Les analystes d’UBS s’attendent à ce que l’ensemble de ces annonces affecte le bénéfice net par action du groupe de 50% à 60% cette année puis encore de 6-9% sur 2025-2026 par rapport à ce que prévoyait le consensus.
«Ce manque de performance pose question car le marché de la réassurance reste l’un des marchés les plus rentables et les plus attrayants au monde à l’heure actuelle, estime l’analyste d’Alpha Value, Tommaso Nieddu. Le seul point positif est que la solvabilité du groupe devrait rester à un niveau confortable de 200% dans la fourchette optimale de la société de 185-220%.»
Les spécialistes d’UBS redoutent de leur côté qu’une saison active des ouragans aux Etats-Unis vienne encore réduire ce ratio de solvabilité attendu tout juste au-dessus de 200% au deuxième trimestre par les dirigeants de Scor. Le fait que la politique de dividende et la position de liquidité soient confirmées à ce stade peu avancé de l’année ne rassure pas vraiment les analystes non plus.
A lire aussi: Scor doit encore prouver au marché sa capacité à se redresser
Une réorientation stratégique attendue
Au-delà du marché et des analystes, Scor va aussi devoir rassurer et remobiliser en interne pour surmonter cette nouvelle mauvaise surprise. Il ne faudrait pas que le redressement, plus long et plus complexe qu’anticipé, sape le moral des troupes qui représentent le ciment nécessaire à la reconstruction de Scor.
Car il existe malgré tout des signaux positifs. La performance en non vie est bonne, les changements apportés commencent à porter leurs fruits et les investissements continuent de contribuer aux résultats de façon très stable. En termes de résultat technique des activités non vie et de résultat des investissements, la dynamique n’a jamais été aussi positive depuis 20 ans.
Le groupe de réassurance a d’ailleurs déjà annoncé qu’il entendait poursuivre et accélérer la diversification de ses activités vers la non-vie. La vaste revue des provisions qui a conduit à ces ajustements de prévisions devrait également offrir des pistes d’optimisation sur le portefeuille d’activités vie et santé.
Certaines lignes de produits pourront ainsi se retrouver sous pression. On peut s’attendre à un recentrage stratégique important du réassureur sur les affaires et les zones géographiques les plus profitables. Les activités jugées trop peu rentables ou non contributrices à l’effort de diversification du groupe pourraient être fortement réduites voire complètement arrêtées.
Il lui faudra toutefois attendre la fin de la révision complète des provisions pour arrêter une nouvelle stratégie vie. Une mise à jour du plan Forward 2026 incluant ces nouveaux paramètres sera présentée le 12 décembre prochain.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse