Regtech : aller au-delà de l’intégration dans les systèmes bancaires

Elisabeth Bourguet, consultante, Tallis Consulting

Elisabeth Bourguet, consultante, Tallis Consulting

Avec leurs solutions innovantes en gestion des contraintes réglementaires et en traitement des données, les « regtech » – mot-valise hérité de « réglementaire » et « technologie » – apparaissent comme les derniers acteurs technologiques incontournables du secteur bancaire. Cependant, leur intégration dans les systèmes bancaires amène à s’interroger sur l’incapacité du secteur à développer en interne des solutions adaptées à ses problématiques.

La promotion des technologies financières sera l’un des enjeux du sommet du G20 qui aura lieu en Argentine du 30 novembre au 1er décembre prochains. Une politique attendue par le secteur bancaire, qui a de plus en plus recours aux regtech pour répondre aux nouvelles normes internationales de sécurité. Plus qu’un atout, la technologie financière est ici nécessaire à l’évitement de sanctions financières importantes. A cette nécessité de mise en conformité, les regtech constituent une première solution, mais provisoire.

Les regtech sont un modèle du genre pour avoir su transformer le potentiel de l’intelligence artificielle et le big data en solutions concrètes de conformité, notamment sur les dispositifs « know your customer » (KYC), la détection de fraude et le rapport réglementaire. De l’organisation des données issues de « data lakes » (l’ensemble des données) à la mise en place de rapports automatisés, en passant par des systèmes de « machine learning », les technologies avancées par les regtech promettent une rapide mise en conformité.

Cependant, considérer qu’il faut se contenter d’uniquement intégrer des regtech et leur technologie dans le processus de sécurité des entreprises serait une erreur stratégique. Les faire entrer dans l’organisation telle une roue de secours est une solution de court terme. La nécessité de leur intégration actuelle révèle à elle seule le manque crucial de recherche technologique en interne. A l’instar de Goldman Sachs, qui se décrivait comme une « entreprise technologique », les banques doivent faire fructifier leurs compétences digitales et adapter leur métier, et par là même se positionner face aux nouvelles attentes des millennials.

Cette ambition peut passer par le rapprochement avec des start-up via les systèmes d’incubateur en interne. Goldman Sachs fait figure de pionnier avec l’investissement de 16 millions de dollars aux côtés de Pivot Investment Partners et Wells Fargo pour le développement de la solution réglementaire de Droit Financial Technologies. La banque avait ensuite intégré la solution dans son fonctionnement. Par ailleurs, le recrutement de profils technologiques permettrait non seulement d’acquérir des compétences spécialistes dans le domaine mais également de former les profils métiers aux nouvelles technologies. Enfin, on peut imaginer la création d’un comité d’experts technologiques présents au sein du comité exécutif comme l’a réalisé ANZ Bank. Ce comité permettrait de s’assurer de l’intégration des ambitions technologiques dans l’élaboration de la stratégie.

Si, en somme, l’arrivée d’une regtech apporte un grand plus aux entreprises bancaires, ces dernières doivent aussi chercher à acquérir par elles-mêmes ces connaissances qui iront sans doute bien au-delà du réglementaire.

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