Parité : le superviseur européen met les banques sous pression

Les banques sont sommées d’adopter des politiques favorisant la diversité. Les femmes restent absentes des instances dirigeantes dans la moitié des établissements.
diversité femmes-hommes mixité parité égalité
L’EBA déplore la lenteur des banques européennes à remplir leurs obligations en matière de diversité.  -  Fotolia

C’est un lourd constat que dresse l’Autorité bancaire européenne (EBA) en cette journée internationale des droits des femmes. En dépit des obligations réglementaires qui leur sont imposées, les banques européennes continuent de promouvoir la diversité à marche lente. Certes, le nombre de femmes occupant des postes de direction progresse régulièrement, pointe le dernier rapport de l’EBA. Mais plus de la moitié des 689 institutions financières passées au crible par l’Autorité – et près de la moitié des plus grandes banques – n’ont nommé aucune femme à un poste de direction opérationnelle.

L’EBA ne recense que 10,4% de femmes à des postes de présidentes du conseil d’administration et 11% seulement à des postes de direction générale. Quant aux autres postes de direction opérationnelle, ils ne sont occupés qu’à 20% par des femmes, contre 17,4% en 2018. «Un niveau toujours faible», souligne l’Autorité.

Surtout, les banques européennes semblent très loin de l’objectif qui a été fixé par la directive adoptée en 2022 pour promouvoir la diversité de genre dans les grandes entreprises cotées. Ces dernières devront atteindre d’ici la mi-2026 un quota de 40% de femmes aux postes de direction et de 33% au sein des conseils d’administration.

A lire aussi: BNP Paribas est épinglée par la justice sur l’égalité salariale

Les banques françaises ont encore du chemin

En France, la loi Copé-Zimmermann a imposé depuis une décennie un quota de 40% de femmes dans les conseils d’administration. La loi Rixain du 24 décembre 2021 a étendu les obligations des entreprises de plus de 1.000 salariés : elles doivent atteindre un objectif d’au moins 30% de femmes cadres dirigeantes et d’au moins 30% de femmes membres d’instances dirigeantes au 1er mars 2026, puis 40% au 1er mars 2029.

Le chemin est encore long pour les banques françaises puisque, d’après le rapport de l’EBA, les femmes représentent seulement 10,5% des postes de direction opérationnelle dans les établissements avec un conseil d’administration et 20,3% dans les banques disposant d’une structure de gouvernance duale avec un conseil de surveillance et un directoire.

L’EBA ne se contente pas de dresser un constat : elle souhaite mettre au pas les banques européennes qui ne respectent pas leurs obligations réglementaires. En effet, 27% des 689 institutions financières du continent n’ont pas adopté de politiques dédiées à la diversité. Certaines d’entre elles, bien qu’en conformité, se contentent d’objectifs peu ambitieux tels qu’atteindre une représentation de 25% de femmes dans leurs instances dirigeantes.

Un contrôle resserré des superviseurs

L’Autorité bancaire européenne est claire : les superviseurs vont devoir resserrer leurs contrôles sur les banques qui se soustraient à ces obligations. Elle leur demande notamment de se saisir de l’exercice SREP, la revue annuelle de supervision, qui prévoit notamment de contrôler le caractère «fit and proper», c’est-à-dire «compétent et honorable» des cadres dirigeants.

Les superviseurs devront prendre «les mesures appropriées» pour contraindre les banques à se mettre en conformité. Ils devront se pencher sur «les processus de recrutement» mais aussi sur les «politiques de rémunération» pour vérifier si elles sont en conformité avec l’égalité salariale entre hommes et femmes, précise l’EBA. En moyenne, souligne son rapport, et en excluant de la base les directeurs généraux dont la rémunération est plus élevée, les femmes occupant des postes de dirigeants exécutifs gagnent 9% de moins que leurs homologues masculins.

Promouvoir la diversité n’est pas qu’une affaire d’obligation réglementaire. L’absence de mesures appropriées peut être «préjudiciable aux banques sur le plan réputationnel», rappelle l’EBA. Surtout, la diversité est un facteur de performance, comme l’ont déjà démontré plusieurs études de référence. L’EBA met en évidence que la rentabilité des fonds propres (RoE) des banques européennes dont les instances dirigeantes sont mixtes est en moyenne plus élevée, à 7,9%, que celle des banques dont les postes de direction sont uniquement occupés par des hommes (5,3%).

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Banque

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...