
Le duel entre le Crédit Mutuel et Arkéa vire aux sanctions internes

La CNCM a mis sa menace à exécution. Lors de son assemblée générale hier à Paris, l’organe central du Crédit Mutuel présidé Nicolas Théry, le successeur de Michel Lucas à la présidence de CM11-CIC, a annoncé l’ouverture d’une procédure de sanctions par la voie d’une notification de griefs à l’encontre d’Arkéa. La nature et le calendrier des sanctions qui frapperont le groupe unissant les fédérations Bretagne, Massif Central et Sud-Ouest n’ont pas été précisés.
«La CNCM n’a que trois missions légales en tant qu’entité administrative qui sont la cohérence prudentielle, l’usage de la marque et les intérêts collectifs », a souligné Nicolas Théry à l’issue de l’AG. «Mais l’organe central ne peut pas les exercer en l’état », a-t-il regretté, en référence au rejet par Arkéa, le 14 septembre, d’un projet de mécanisme de solidarité destiné à mettre le groupe en accord avec la mission de supervision de la Banque centrale européenne.
Cet épisode avait donné lieu à une menace de sanctions internes de la CNCM, et à l’annonce d’un recours d’Arkéa en cassation devant le Conseil d’Etat contre un projet jugé «illégal». «Il n’y a rien de nouveau et les faits reprochés à Arkéa font tous l’objet de procédures devant les tribunaux, toujours en cours », a déclaré Arkéa à L’Agefi. Une plainte pénale devant le Procureur de Paris pour conflits d’intérêts a été déposée fin 2014.
Le 20 septembre, un jugement du tribunal administratif de Paris a noté «une situation de concurrence que la loi [de 1958] n’a pas explicitement envisagée », à l’origine des joutes indirectes entre Arkéa et le puissant CM11-CIC. Concurrent sur le front bancaire en Bretagne, où le CIC opère, et dans les assurances, les deux camps se disputent aussi l’usage de la marque Crédit Mutuel, qui fait l’objet d’une procédure au niveau européen. Fin août, le tribunal administratif de Rennes a par ailleurs débouté la demande de la CNCM visant à obtenir des documents réglementaires sensibles, qu’Arkéa a transmis mi-juillet au régulateur français, l’ACPR, et à la BCE.
L’hostilité des deux camps a conduit à l’échec de la réforme en société coopérative des statuts de la CNCM en mars, alors même que la BCE doit avoir un interlocuteur unique pour fin 2016. Symbole du dialogue de sourds qui paraît inextricable, la CNCM a évoqué en AG son statut de «banque coopérative de plein exercice», quand Arkéa met en avant que sa «gouvernance reste toujours non conforme aux exigences européennes».
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« Aucun regret » : les manifestants népalais blessés fiers d'avoir porté le changement
Katmandou - Le 8 septembre, l’étudiant Aditya Rawal a vu 14 personnes tomber devant lui sous les balles de la police près du Parlement népalais où il manifestait contre le blocage des réseaux sociaux et la corruption du gouvernement. Il s’est précipité, les mains en l’air, pour aider l’un de ses camarades quand il a été lui-même atteint à un bras et au ventre. «J’avais entendu quelque part qu’en levant les deux mains, ils ne nous tireraient pas dessus», raconte à l’AFP ce jeune spécialiste de marketing numérique de 22 ans, depuis son lit d’un hôpital de la capitale Katmandou. «Mais j'étais leur cible», ajoute-t-il. Ce lundi-là, Aditya Rawal avait rejoint le cortège de milliers de jeunes, réunis sous la bannière de la «Génération Z», qui dénonçaient un gouvernement à leur yeux corrompu et incapable de satisfaire leurs exigences, notamment en matière d’emploi. Plus de 20% des jeunes Népalais de 15 à 24 ans sont au chômage, selon les estimations de la Banque mondiale. «Il y avait eu beaucoup de manifestations auxquelles participaient des personnes plus âgées, mais lors de la nôtre, ils ont eu recours à des armes à feu», se désole-t-il. Au lendemain de la manifestation, la colère s’est prolongée dans les rues de la capitale, où les principaux symboles du pouvoir - Parlement, bâtiments gouvernementaux, résidences d'élus - ont été incendiés ou détruits. Selon le dernier bilan officiel, ces émeutes, les plus graves depuis l’abolition de la monarchie au Népal en 2008, ont fait au moins 72 morts. Et 191 blessés étaient encore hospitalisés dimanche, comme Aditya Rawal. Le Premier ministre KP Sharma Oli n’a eu d’autre choix que de démissionner, remplacé vendredi par l’ex-cheffe de la Cour suprême Sushila Kalki, 73 ans, à la tête d’un gouvernement provisoire jusqu’aux élections prévues le 5 mars 2026. «Du courage» L’infirmière Usha Khanal, 36 ans, raconte avoir soigné des blessés avec des gants «imbibés de sang» au milieu des gaz lacrymogènes tirés à proximité par les forces de l’ordre. L’hôpital public de Katmandou a admis 458 manifestants blessés, six y sont morts dont quatre âgés de moins de 30 ans. «Nous voulons un gouvernement transparent, sans corruption et pas une dictature», met en garde Aditya Rawal. «S’il n’y a pas de changement, nous avons encore le temps de nous battre.» La cousine d’Aditya Rawal, Puja Kunwar, 20 ans, reste à son chevet depuis lundi. «Il a agi pour notre pays», assure la jeune femme, «cela me donne vraiment du courage». Dans le même service, Subash Dhakal, un manifestant de 19 ans grièvement blessé aux genoux, a été informé par ses médecins. Il devra rester alité pendant six mois. Les sacrifices des victimes «ne doivent pas être vains», souligne-t-il. «Ce que nous avons fait a fait tomber le gouvernement et permis d’en nommer un autre (...) nous ne voulons pas que le pays retourne en arrière». Sa mère enseignante dans une école publique, Bhawani Dhakal, 45 ans, lui avait donné de l’argent pour rejoindre en bus les manifestations depuis leur ville natale, à 30 km de Katmandou. Elle raconte avoir elle-même manifesté, il y a quelques mois, avec des collègues contre un projet de loi sur l'éducation. Sans résultat. «C’est incroyable qu’ils aient réussi à susciter un tel changement en seulement vingt-quatre heures», se félicite-t-elle. «Nos enfants ont fait partir tous les dirigeants corrompus.» Subash Dhakal est tout aussi fier. «Je n’ai aucun regret,» affirme-t-il. «Je ne l’ai pas fait que pour moi mais pour tout le monde, de ma famille à tous les frères. La douleur (de ma blessure) est éphémère, elle aura surtout permis des changements». Glenda KWEK and Anup OJHA © Agence France-Presse -
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