
L’Autorité bancaire européenne demande aux banques d’avoir un plan climat sur 10 ans

Les banques de l’Union européenne (UE) devront disposer d’un plan sur 10 ans afin de préciser comment elles géreront les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), recommande le rapport ad hoc publié mercredi par l’Autorité bancaire européenne (EBA, European banking authority). Ces recommandations aux banques et à leurs superviseurs sur les risques ESG doivent aider l’UE à atteindre ses objectifs de réduction des émissions de carbone d’ici à 2050.
Le rapport se concentre sur la résilience des institutions à l’impact financier potentiel des risques ESG à différents horizons temporels, et fournit une proposition complète sur la manière dont les facteurs et les risques ESG devraient être inclus dans le cadre de réglementation et de surveillance des établissements de crédit et des entreprises d’investissement. Le rapport décrit l’impact que les facteurs et ESG, en particulier climatiques, peuvent avoir sur les contreparties ou les actifs investis, affectant les risques financiers, et précise les indicateurs, les mesures et les méthodes d’évaluation disponibles, qui sont nécessaires pour une gestion efficace des risques ESG. «Cela nécessite des évaluations de la part des établissements et des autorités de surveillance qui doivent adopter une vision globale et prospective, ainsi que des actions précoces et proactives», indique le régulateur.
Proposition d’une approche progressive
Le rapport examine le Pilier 2 des règles prudentielles, qui devra intégrer la manière dont ces risques ESG sont gérés par l'établissement prêteur : afin d’améliorer encore le processus de contrôle et d’évaluation prudentiels (SREP), l’EBA estime nécessaire d’étendre l’horizon temporel de l’évaluation prudentielle de la résilience des modèles économiques des établissements, en appliquant un horizon d’au moins 10 ans pour appréhender les risques physiques, les politiques ou des tendances de transition plus larges, alors que les banques élaborent généralement leurs plans stratégique 5 ans à l’avance.
Le rapport propose une approche progressive, en commençant par l’inclusion des facteurs et des risques liés au climat et à l’environnement dans le modèle prudentiel, «mais les banques devraient également faire progresser leur identification et leur compréhension des risques sociaux et de gouvernance, a déclaré à Reuters Fabien Le Tennier, expert de l’unité Risques ESG à l’EBA. La plupart de nos recommandations ne surprendront pas les banques, mais il sera probablement difficile pour les banques de toutes les respecter, du moins à court terme.»
Les institutions et les superviseurs sont invitées à constituer des bases de données et des outils pour développer des approches de quantification afin d’augmenter la portée de l’analyse prudentielle à d’autres éléments. Ce rapport doit être examiné conjointement avec les publications de l’EBA et des autres superviseurs en vertu du règlement sur les exigences de fonds propres (CRR), du règlement sur la taxonomie et du règlement sur la divulgation de la finance durable (SFDR), qui fournissent des indicateurs clés pour soutenir les stratégies et la gestion des risques.
La Banque centrale européenne (BCE), qui régule les principaux établissements de la zone euro, utilisera le rapport à partir de la fin 2022 pour mettre à jour son examen annuel SREP afin de déterminer si les banques détiennent suffisamment de capital pour couvrir les risques dans leurs livres.
L’EBA devrait énoncer des orientations détaillées pour le Pilier 3 concernant la divulgation des risques ESG plus tard dans cette année, les risques «physiques» ou liés aux conditions météorologiques comme les inondations, et les risques de «transition» résultant de changements soudains de la valeur des actifs. Des travaux sur le Pilier 1 ou sur la nécessité de modifier les exigences de fonds propres réelles pour refléter les risques ESG sont attendus à une date ultérieure.
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Hausse record du niveau de formation dans l'OCDE, mais des inégalités et un déficit de compétences persistent
Paris - Le niveau de formation a fortement augmenté dans l’OCDE depuis le début des années 2000 avec un taux sans précédent de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur, indique le rapport annuel «Regards sur l’Education» publié mardi. «48% des jeunes adultes des pays» membres sont désormais diplômés de l’enseignement supérieur «contre 27% en 2000", souligne ce rapport de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), qui rassemble les pays les plus industrialisés. L’Irlande et la Norvège affichent notamment des «progrès remarquables» avec une hausse de diplômés du supérieur d’environ 6 points de pourcentage entre 2005 et 2024, suivies par la Colombie, le Costa Rica, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, le Mexique, le Portugal et la Turquie, a noté Mathias Cormann, le secrétaire général de l’OCDE, lors d’une présentation du rapport. L’OCDE souligne cependant que nombre d'étudiants ne finissent pas leurs études, en particulier les hommes, en raison d’une inadéquation entre attentes et réalité de la formation, ou d’un manque de soutien aux étudiants. Autre problème: diplôme ne veut pas toujours dire compétences. Ces dernières, notamment en maîtrise de l'écrit et des mathématiques, ont stagné ou diminué sur la dernière décennie dans la plupart des pays membres. «En France, il y a des adultes qui ont passé des années à l'école et parfois à l’université et qui n’ont même pas les compétences en littératie (compétences à l'écrit, ndlr) d’un enfant de 10 ans», a relevé Andreas Schleicher, directeur du département d’Education et des compétences de l’OCDE, lors de la présentation. Les études supérieures rapportent En outre, malgré la hausse des diplômés de l’enseignement supérieur, les entreprises ont du mal à trouver les qualifications dont elles ont besoin: «40% des employeurs sont en état de pénurie de compétences», relève l’OCDE, qui recommande la généralisation des formations courtes certifiantes tout au long de la vie active, afin d’aider «les travailleurs à s’adapter à l'évolution des besoins des entreprises, particulièrement avec la montée de l’intelligence artificielle. L’OCDE insiste sur un point souvent débattu: les études supérieures sont rentables, même lorsqu’elles coûtent cher comme en Angleterre ou aux Etats-Unis. «Une bonne éducation rapporte. Si vous avez une licence, vous gagnez 39% de plus qu’un diplômé de l’enseignement secondaire», et encore plus avec un master, fait valoir Andreas Schleicher. La plus-value d’un diplôme du supérieur dans une trajectoire professionnelle fait que la mobilité des étudiants internationaux ne cesse de croître, en dépit du coût des formations. Bémol notable: l’inégalité de l’accès à l’enseignement supérieur persiste et les enfants de diplômés du supérieur ont encore beaucoup plus de chances de décrocher eux aussi une formation de l’enseignement supérieur et de la terminer que ceux dont les parents n’ont pas fait d'études supérieures. Certains pays comme le Danemark et la Corée ont réussi à gommer en partie ces inégalités avec «tout de même 40% de possibilités d’avoir un diplôme de l’enseignement supérieur si vos parents n’ont pas terminé leurs études secondaires». A l’inverse en Hongrie ou en Lituanie par exemple ce taux n’est que de 7%. M. Schleicher relève que le système britannique de prêts étudiants est plutôt mieux à même de gommer les inégalités que certains autres pays où l’Etat finance davantage les études supérieures: le remboursement sera exigé après la fin des études seulement si le jeune gagne au moins un certain niveau de rémunération. Véronique DUPONT © Agence France-Presse