
Co-operative Bank se retrouve sous le feu de Moody’s
Cité en exemple l’année dernière au congrès annuel de la Fédération nationale du Crédit Agricole, le britannique Co-operative Bank (Co-op) se retrouve dans l’embarras. Vendredi, Moody’s a dégradé de six crans ses notes de dette senior et de dépôt, de A3 à Ba3. Le groupe mutualiste demeure sous surveillance négative.
L’agence de notation énumère trois motifs: la perspective de pertes importantes sur ses actifs non stratégiques, le faible niveau de couverture des créances douteuses et litigieuses (CDL), ainsi qu’une génération de fonds propres insuffisante. Selon les calculs de Moody’s, le taux de CDL serait passé de 8,1% à 10,9% entre 2011 et 2012 en raison de son exposition aux créances en immobilier commercial, en particulier depuis l’acquisition de Britannia Building Society en 2009.
En outre, la banque a annoncé un ratio de fonds propres core tier one de 8,8% sous Bâle 2,5 au 31 décembre dernier (remonté à 9,2% en janvier) – un niveau «considérablement inférieur à celui de ses concurrentes». Sous Bâle 3, son ratio tombe à 6,7% au 1er janvier, alors que la Banque d’Angleterre exige au moins 7%. L’agence doute que d’éventuelles cessions (assurance-vie, gestion) suffisent à renflouer son bilan.
Enfin, l’abandon du projet d’acquisition de 632 agences de Lloyds Banking Group le mois dernier «implique que toute croissance à l’avenir ne pourra provenir que de l’intérieur du groupe», ajoute l’agence. Un échec qui a poussé le directeur général, Barry Tootell, à la démission vendredi.
L’action de Moody’s a suscité la crainte d’une intervention de l’Etat, obligeant Co-op à démentir tout recours à la puissance publique. La réaction des marchés a été immédiate: son obligation subordonnée 2021 a chuté de 26,5%, à 74,9 pence pour une livre, selon la cote de Bloomberg. Son obligation senior non garantie à échéance 2015 a perdu 5%. Les investisseurs sont devenus très susceptibles, en particulier depuis que l’Etat néerlandais a exproprié certains détenteurs de dette junior de SNS Reaal en février.
Toutefois, les analystes estiment que la décision de Moody’s est disproportionnée. «Si nous partageons globalement son analyse, il nous paraît inacceptable qu’une agence de notation annonce une dégradation de six crans en l’absence d’un événement de crédit important et/ou précis», écrit par exemple CreditSights, qui souligne des «carences sérieuses» dans le processus de notation Moody’s à l’égard de Co-op.
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