
BNP Paribas met l’eau à la bouche des investisseurs

BNP Paribas a ouvert l’appétit des investisseurs qui attendent le plat de résistance. Le groupe bancaire français a exposé les grandes orientations de son plan stratégique à horizon 2025, «Growth, Technology & Sustainability», lors de la présentation de ses résultats 2021. Il prévoit notamment une croissance annuelle moyenne d’au moins 7% de son résultat net et de pérenniser un taux de distribution de 60%, dont 50% au minimum en numéraire. Mais la bonne nouvelle a rapidement laissé la place aux interrogations du côté des analystes, concernant notamment le rendement des fonds propres tangibles, les opportunités de croissance et la rentabilité.
Si Jean-Laurent Bonnafé a annoncé que le plan sera plus amplement détaillé à l’occasion d’une journée investisseurs le 14 mars, le directeur général du groupe s’appuie sur les acquis de la précédente feuille de route. «Nous sommes bien positionnés pour notre plan 2022-2025 qui consistera notamment à renforcer la digitalisation du groupe et à passer à l’échelle industrielle dans la prise en compte des critères environnementaux et sociaux», explique-t-il.
300 milliards d’euros
Concernant la digitalisation, BNP Paribas mise sur huit leviers parmi lesquels l’intelligence artificielle, les données et la robotique ou encore le développement du cloud pour contribuer à «l’externalisation d’effets ciseaux positifs tout au long du plan». Cet effet ciseau, qui résulte de la différence entre les taux de croissance annuels moyens du produit net bancaire (PNB) et des frais de gestion, devrait être supérieur à deux points sur la période. Il servira à améliorer le coefficient d’exploitation du groupe et assurer l’autofinancement de la transformation des activités. «Une enveloppe de 400 millions d’euros par an, stable par rapport à 2020 et 2021, sera maintenue pour soutenir les coûts liés au renforcement du système d’information du groupe ainsi que les coûts de restructuration et d’adaptation», prévient déjà BNP Paribas. «Ces coûts seront compensés par des plus-values de cessions», précise la banque.
Pour mettre en œuvre ses engagements en matière de finance durable et de responsabilité sociale et environnementale (RSE), BNP Paribas «engagera» un alignement de ses portefeuilles afin d’atteindre les objectifs de neutralité carbone, soutenir la transition de ses clients et renforcer ses outils de pilotage. La banque entend mobiliser 350 milliards d’euros d’ici 2025 à travers les activités de crédits et d’émissions obligataires liées aux sujets environnementaux et sociaux et atteindre 300 milliards d’euros d’investissements dits responsables et durables, contre 221 milliards fin 2021).
Coefficients d’exploitation cibles
BNP Paribas, «sur la base d’hypothèses macroéconomiques prudentes», vise un taux de croissance annuel moyen de ses revenus de 3,5% par an et une rentabilité des fonds propres tangibles (RoTE) de 11 %, contre 10% à fin 2021. Le tout en conservant un objectif de ratio de fonds propres durs (CET1) de 12% à l’horizon 2025. «Le ratio CET1 de l’ordre de 12,9% à fin 2021 permettra d’absorber la finalisation de Bâle 3 qui représentera un impact de l’ordre de 80 à 90 points de base», a précisé Jean-Laurent Bonnafé en référence à la réglementation sur les fonds propres des banques, en cours de transposition en Europe.
Les objectifs sont différenciés selon trois pôles. Pour les banques commerciales et les métiers spécialisés (CPBS), la banque vise une croissance du PNB de 5% par an. Les métiers spécialisés, comme le loueur de voitures Arval, porteront la croissance (+8%) et la banque engagera «un repositionnement stratégique des activités retail avec une segmentation accrue et une adaptation du modèle opérationnel».
Elle vise un taux de croissance annuel moyen de son produit net bancaire de près de 4,5% par an pour les métiers dédiées à la protection, à l’épargne, à l’investissement et aux services immobiliers (IPS), et de 3% pour sa banque de financement et d’investissement (CIB). Avec un taux annuel moyen de 4%, les activités de marchés devraient supporter la majeure partie de l’augmentation et lui permettre de «devenir la première banque CIB européenne».
BNP Paribas ambitionne des coefficients d’exploitation de respectivement 58%, 62% et 60% dans ces trois pôles contre 65%, 65,2% et 66,5% à fin 2021.
Contribution de la vente de Bank of the West
Le fruit de la cession de Bank of the West pour 14,5 milliards d’euros, dont la finalisation est attendue avant la fin de l’année, nourrira aussi le plan. Il permettra de libérer 11 milliards d’euros de fonds propres et n’a pas été inclus dans les calculs précédents. 4 milliards d’euros seront dépensés en rachats d’actions qui permettront de compenser l’effet dilutif sur le bénéfice et 7 milliards consacrés à la croissance du groupe, a rappelé Jean-Laurent Bonnafé. Il s’agira d’accélérer la croissance organique, les investissements dans la technologie et enfin de financer de potentielles acquisitions ciblées sur lesquelles le dirigeant est resté flou. Ce qui «devrait résulter en une augmentation supplémentaire de plus de 5% du bénéfice net par action à horizon 2025, compte tenu du profil diversifié du groupe», précise BNP Paribas.
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