
BNP Paribas bat ses records de profits

BNP Paribas a publié mardi des résultats en forte hausse au titre du quatrième trimestre mais les performances du groupe dans la banque de financement et d’investissement (BFI) déçoivent les investisseurs. La banque française a également dévoilé de nouveaux objectifs jugés imprécis à moyen terme.
En réaction à ces annonces, l’action BNP Paribas recule de 2,3% à 64,19 euros à la Bourse de Paris.
«Si le résultat net est supérieur aux attentes grâce à un coût du risque bien plus faible que prévu, les performances opérationnelles sont inférieures aux attentes, en raison d’un quatrième trimestre faible de la banque de financement et d’investissement», souligne Invest Securities.
«Les résultats du quatrième trimestre semblent légèrement décevants, tant au niveau des revenus que des coûts», abonde JPMorgan Cazenove.
Les objectifs pour la période 2022 à 2025 jettent les bases d’une augmentation de la rémunération des actionnaires, mais la stratégie laisse de nombreuses questions ouvertes concernant le rendement des fonds propres tangibles, les opportunités de croissance et la rentabilité, estime de son côté Citigroup.
Forte baisse des créances douteuses
Le résultat net de BNP Paribas a bondi de 45% sur les trois derniers mois de 2021, à 2,31 milliards d’euros, porté par des revenus en croissance et une forte diminution du coût du risque dans un contexte de normalisation des marchés du crédit après la crise sanitaire. Le résultat d’exploitation s’inscrit en hausse de 68% malgré une augmentation de 4,9% des frais de gestion.
Cette performance s’explique en partie par une forte baisse des créances douteuses en cette période de reprise économique, alors que les banques avaient constitué d’importantes provisions pendant la crise. En proportion des encours de crédit, le coût du risque ressort à seulement 23 points de base au quatrième trimestre après quelques reprises de provisions, contre 74 points de base un an plus tôt.
Le produit net bancaire (PNB), l'équivalent du chiffre d’affaires, a progressé de 3,7% au quatrième trimestre, à 11,23 milliards d’euros, malgré la persistance d’un environnement de taux bas.
Les analystes tablaient en moyenne sur un résultat net trimestriel de 2 milliards d’euros et sur un chiffre d’affaires de 11,36 milliards d’euros.
Sur l’ensemble de l’année 2021, le résultat net a augmenté de 34%, 9,49 milliards d’euros. Le PNB a progressé de 4,4%, à 46,24 milliards d’euros, dépassant ainsi de 3,7% le niveau de 2019.
La banque a également annoncé le versement d’un dividende de 3,67 euros par action au titre de 2021. Le plan de rachat d’actions déjà exécuté porte le taux de distribution de l’exercice à 60%.
Rebond de l’activité malgré un tassement des activités de marché
La division Domestic Markets, qui comprend la banque de détail en France, a vu ses revenus augmenter de 3,9% au quatrième trimestre grâce à la performance des métiers spécialisés comme le loueur de voitures Arval. Les revenus de la banque de détail en France ont progressé de 5,7% grâce aux revenus d’intérêt et à des commissions en hausse.
Le pôle International Financial Services, axé sur le crédit à la consommation, l’assurance et la gestion d’actifs, a dégagé une croissance de 1,9% à périmètre et changes constants. L’activité a été portée par la gestion d’actifs, l’assurance et par la filiale BancWest.
Les revenus de la banque de financement et d’investissement (CIB) accusent en revanche un retrait de 1,5% sur le trimestre, après une très bonne fin d’année 2020, mais affichent une croissance de 5,3% par rapport au quatrième trimestre 2019. Le trimestre a bénéficié d’une activité en croissance dans la banque d’investissement (Corporate Banking). Les activités de marché ont essuyé en revanche une baisse de revenus de près de 11% par rapport à la base élevée de la fin 2020.
Le ratio de solvabilité CET1 du groupe s'élevait à 12,9% fin décembre, en progression de 10 points de base sur un an, grâce à la mise en réserve des résultats non distribués.
Amélioration de la rentabilité à l’horizon 2025
A moyen terme, la banque a indiqué tabler sur une croissance de ses revenus de plus de 3,5% par an d’ici à 2025. L’augmentation plus modérée des coûts devrait se traduire par une croissance de plus de 7% par an du résultat net, hors plus-values de cessions. Le ratio ROTE de rentabilité des fonds propres pourrait ainsi atteindre plus de 11% en fin de période, avec un objectif de ratio CET1 de 12% en 2025. Le précédent objectif de ROTE (10%), initialement fixé pour 2020, a finalement été atteint avec un an de retard du fait de la pandémie.
Le pôle CIB a pour objectif de faire croître son PNB d’environ 3% par an en moyenne, soit une croissance supérieure de près de deux points à celle de ses coûts. Dans les activités de banque commerciale, la hausse des revenus est attendue à près de 5% par an en moyenne.
BNP Paribas a par ailleurs annoncé qu’elle distribuerait 60% de ses résultats à ses actionnaires sous forme de dividende et de rachats d’actions sur la période. Le taux de distribution en numéraire sera d’au moins 50%.
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