Axa s’offre les plus gros studios de cinéma français

Les studios de Bry-sur-Marne sont subventionnés par l’Etat qui veut encourager la production audiovisuelle dans le cadre du plan France 2030. Dopé par l’essor des plateformes de streaming, le secteur attire de nouveaux investisseurs.
Asterix et Obelix L'Empire du milieu
Le dernier Asterix a en partie été tourné dans les studios de Bry-sur-Marne  -  Christophe Brachet

«Astérix et Obélix, l’empire du Milieu» de Guillaume Canet, «Marie-Antoinette» de Sofia Coppola, «Un long dimanche de fiançailles» de Jean-Pierre Jeunet, ou encore le premier volet de la saga «Hunger Games» : les studios de Bry-sur-Marne, en Ile-de-France, se sont imposés comme un des hauts lieux de tournage de cinéma en France. Et bientôt en Europe continentale, grâce au soutien de l’Etat, des collectivités locales, et de l’assureur Axa. Le groupe tricolore vient de boucler, via sa filiale de gestion d’actifs Axa IM, l’acquisition du site de 12 hectares dans le Val-de-Marne. La presse évoque un montant compris entre 150 et 170 millions d’euros, qu’Axa n’a pas souhaité confirmer.

«Pour les studios de cinéma de Bry-sur-Marne, nous souhaitions maîtriser le foncier ainsi que le fonds de commerce afin de pouvoir assurer une cohérence et une pérennité dans l’exploitation du site», précise à L’Agefi Louis Leveillé-Nizerolle, responsable des transactions France de Axa IM Alts, sa division dédiée aux actifs alternatifs.

Pour assurer la gestion opérationnelle des studios de Bry-sur-Marne, l’assureur, qui fait ses tout premiers pas dans le monde du septième art, ne s’est donc pas lancé seul dans l’aventure. Il s’est associé à Guillaume de Menthon, producteur de la série Versailles diffusée sur la chaîne Canal +. Ensemble, ils doivent accélérer le développement du site pour doubler sa capacité de production, passant de 7 à 14 studios de tournage, tout en le modernisant et en l’adaptant aux nouvelles normes environnementales.

Un investissement de long terme nourri par le streaming

Ce projet d’expansion vise notamment à répondre aux besoins croissants des plateformes de streaming comme Netflix, Amazon Prime et Disney +, toujours plus gourmandes de contenus originaux depuis que la crise du Covid-19 a fait exploser leur consommation. Un potentiel de croissance qui attire de nouveaux investisseurs, des fonds de private equity aux sociétés de gestion d’actifs. Blackstone s’est ainsi associé à l’américain Hudson Pacific Properties pour acquérir en 2021 le site de Broxbourne, au nord de Londres, dans un projet à 700 millions de livres sterling. La même année, Aviva Investors, l’entité de gestion d’actifs de l’assureur britannique, a conclu un partenariat de long terme avec Netflix pour développer les studios de Longcross dans le Surrey.

La tendance n’a pas échappé à Axa qui croit au potentiel de cette classe d’actifs. «Entre 2021 et 2027, le budget annuel moyen alloué à la location de studios par les sociétés de production devrait augmenter en moyenne de 9% par an. Historiquement, l’activité de la location de studios pour la production audiovisuelle était plutôt volatile. Nous avons la conviction que l’amélioration des contenus produits par le cinéma et les plateformes de streaming couplée à une modernisation des actifs immobiliers en font désormais un investissement pertinent sur le long terme», explique Louis Leveillé-Nizerolle.

Le soutien de l’Etat à la production française

En tant que groupe d’assurance tricolore, Axa s’est d’abord tourné vers les sites de tournage sur notre sol. Le contexte est porteur alors que le gouvernement veut défendre la création audiovisuelle française. Le décret SMAD (pour «services de médias audiovisuels à la demande») pris le 22 juin 2021 impose aux plateformes de streaming vidéo d’investir au moins 20 % de leur chiffre d’affaires réalisé en France dans la production française.

Dans le cadre du plan de soutien aux filières industrielles d’avenir «France 2030», le gouvernement a, par ailleurs, labellisé les studios de Bry-sur-Marne «Grande Fabrique de l’Image». Concrètement, ils bénéficieront de subventions, avec 67 autres studios et centres de formation sélectionnés en France. Le budget total alloué est de 350 millions d’euros. Les enveloppes individuelles ne sont pas encore connues, mais le projet de Bry-sur-Marne, qui vise à devenir le troisième studio de tournage en Europe, est de loin le plus ambitieux.

Axa compte continuer à exploiter le potentiel de croissance du secteur, y compris en dehors des terres hexagonales. Le rachat des studios de Bry-sur-Marne pourrait ainsi être suivi par d’autres investissements, notamment au Royaume-Uni, le plus gros marché pour la production de cinéma après les Etats-Unis.

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