
Ambitions coupables

Lors de mes échanges avec les dirigeantes du secteur de la gestion d’actifs, sur l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, le thème de la culpabilité ressort régulièrement. «Je suis dans la culpabilité si je ne passe pas mon temps libre avec mes enfants», me disait l’une d’elles, récemment.
Ce thème de la culpabilité est exploré dans le dernier essai de Mona Chollet, intitulé «Résister à la culpabilisation, sur quelques empêchements d’exister», sorti en septembre.
Elle y parle de cet «ennemi intérieur» que vous connaissez peut-être vous aussi. «Bien souvent résonne dans notre tête une voix malveillante qui nous attaque, qui nous sermonne, qui nous rabaisse ; qui nous dit que, quoi que nous fassions, nous avons tort ; que nous ne méritons rien de bon, que nous présentons un défaut fondamental», peut-on lire dans le résumé du livre.
Et quand on est une femme, cette voix se fait entendre encore plus fort. Cela touche aussi plus particulièrement les mères, auxquelles un chapitre entier est consacré. Le monde du travail - où la productivité est érigée en baromètre de notre valeur - n’est pas épargné par la notion de culpabilisation. On en déduit que les femmes mères de famille qui travaillent cumulent plusieurs culpabilités à la fois.
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«Le compte épargne de toute la société»
Cela m’a fait repenser à l’étau de culpabilité qui m’étreignait lorsque mon fils était tout petit. La culpabilité de le laisser à la crèche le matin et celle de partir tôt du bureau pour aller le récupérer en fin de journée.
Parallèlement, les exemples de femmes qui culpabilisent de ne pas être à la hauteur au travail sont nombreux - ce qui conduit à ne pas demander de rémunération suffisante. Elles peuvent aussi parfois se sentir coupable de s’arrêter de travailler alors qu’elles se sentent à bout.
«Elles [les femmes] sont censées jongler avec la maternité, la logistique domestique, la réussite professionnelle, la séduction, etc. Et si elles prétendent alléger cette charge d’une manière ou d’une autre, on leur associe des images peu flatteuses», écrit Mona Chollet.
«Il faut déculpabiliser les femmes. Elles paient cher. La double journée, les projections diverses sur la réussite des enfants, les discours de type «tout se joue avant 3 ans. La culpabilité des femmes, c’est le compte épargne de toute la société : tout le monde puise dedans, c’est une mine d’or», déclarait de son côté Laurence Rossignol, femme politique et militante féministe, dans une interview à Libération en 2016. Dix ans plus tard, les choses ont-elles changé ? Pas sûre…
Il est bien sûr toujours difficile de s’affranchir de cette culpabilité, ancrée dans nos sociétés depuis des millénaires (merci Adam et Eve). Mais s’intéresser à la question est une première étape…
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Pau - Après le vote de confiance lundi et la probable chute de son gouvernement, le retour de François Bayrou dans son fief de Pau ne sera «pas paisible», préviennent ses opposants qui axent déjà la campagne municipale sur «son budget brutal» et le scandale Bétharram. «Son passage à Matignon a montré toutes les limites de sa méthode et de sa façon de penser le monde, c’est un homme politique de la fin du XXe siècle», tance Jérôme Marbot (PS), chef de file de l’opposition municipale, candidat malheureux de la gauche et des écologistes au second tour en 2020 face à François Bayrou. «Il va payer le prix de ce budget si brutal pour les plus faibles», avec un effort financier de 44 milliards d’euros, renchérit l'écologiste Jean-François Blanco, avocat et autre figure d’opposition locale. Même si le maire de Pau, élu une première fois en 2014, n’a pas annoncé sa candidature -déclarant seulement dans les médias que ses «aventures» politiques n'étaient pas «finies"-, «il est déjà en campagne», considèrent ses opposants. «Pas un retour paisible» Lundi matin, pour la rentrée des classes, François Bayrou a visité deux écoles à Pau. «Tout le monde a compris qu’il serait candidat, ce n’est pas un sujet, mais il n’aura pas un retour paisible», lui promet M. Blanco, déjà candidat en 2020 (14% des suffrages au premier tour). Le contexte national est venu «percuter» la campagne des municipales, analyse-t-il également, anticipant un scrutin «très politique» en mars prochain. François Bayrou qui a, dès son arrivée à Matignon, souligné qu’il voulait rester maire de Pau, glissant que c'était un titre «plus durable» que celui de Premier ministre, a vanté plusieurs fois ces derniers mois (vœux aux habitants, conférences de presse), en vidéo, «les dix ans de réalisations» dans la ville. Depuis deux ans, et après plusieurs années de déclin, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a gagné 3.000 habitants, selon des chiffres de l’Insee, atteignant désormais près de 80.000 habitants. Jean-François Blanco, avocat de victimes de violences physiques et sexuelles à Bétharram, est convaincu que cette affaire qui empoisonne le chef du gouvernement, ministre de l’Education à l'époque d’une première plainte contre l'établissement privé béarnais où ont été scolarisés plusieurs de ses enfants, «sera un marqueur de la campagne» des municipales. «Elle aura des conséquences», abondent les Insoumis, qui reconnaissent à M. Blanco d’avoir «affronté Bayrou sur le terrain de Bétharram», en lien avec le député LFI Paul Vannier, corapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire au printemps. La gauche divisée Reste que si la gauche paloise parle beaucoup de «rassemblement» pour reprendre la ville, dirigée par le PS de 1971 à 2014, ce n’est encore qu’un vœu pieux. La France insoumise «ne discute pas avec le PS», le socialiste Jérôme Marbot veut fédérer en ayant «vocation à être tête de liste», mais sans «en faire une condition sine qua non», tandis que Jean-François Blanco, mandaté par Les Ecologistes, veut unir derrière lui. «La porte est ouverte», insiste Jérôme Marbot, qui revendique le soutien de six formations de gauche, dont Génération.s ou Place Publique. «On veut présenter un programme de gauche de rupture. L’union pour l’union, sans la cohérence, ça ne marchera pas», avertissent de leur côté les Insoumis palois Jean Sanroman et Jade Meunier. De l’autre côté de l'échiquier politique, le Rassemblement national, qui avait réuni moins de 7% des voix aux municipales d’il y a cinq ans, espère capitaliser sur son score des dernières législatives (29%) avec comme candidate Margaux Taillefer, 26 ans, arrivée du parti Reconquête d'Éric Zemmour, et dont le nom a été dévoilé samedi. François Bayrou «va être dépositaire de son échec au gouvernement, ce sera plus difficile pour lui qu’en 2020", espère Nicolas Cresson, représentant régional du RN. Carole SUHAS © Agence France-Presse