
L’équilibre dans les critères de rémunération variable des dirigeants reste à trouver

Alors que les conseils d’administration commencent à travailler sur la prochaine saison des assemblées générales, les comités de rémunération vont une nouvelle fois passer la majorité de leur temps à préparer la politique de vote et le «say on pay». Dans ce contexte, Kienbaum dévoile ce matin la seconde édition de son «guide des rémunérations des dirigeants mandataires du SBF 120».
En 2017, un patron sur dix du SBF 120 a enregistré une hausse de sa rémunération fixe, en moyenne de 10%, tandis que 14% des autres dirigeants ont été augmentés (mais aucun dans le CAC 40), en moyenne de 6%. En revanche, la hausse moyenne pour les salariés se limitait à 2% selon Kienbaum. «Une tendance à la modération, puisque 30% des premiers dirigeants avaient été augmentés en 2016, dont la moitié en cours de mandat», rappelle Sofia Sefrioui, directrice de l’activité rémunération et performance de Kienbaum France. Dans un cas sur deux, la société ne justifie pas cette augmentation, pour les autres la comparaison avec un benchmark reste le premier argument.
En matière de variable annuel, la part quantitative pèse globalement pour deux tiers et la part qualitative pour un tiers. En moyenne, le variable cible du premier dirigeant du SBF 120 représente 100% du fixe avec un maximum à 150%. «En 2017, le variable médian dû atteignait 130% dans le CAC 40, contre 115% l’année précédente, et 100% dans le SBF 80, contre 85% en 2016, signe de l’amélioration des résultats des entreprises, poursuit Sofia Sefrioui. Le montant attribué dans le cadre des plans d’incitation de long terme (ILT) a également progressé».
Les critères quantitatifs utilisés pour le variable annuel sont essentiellement financiers, avec un accent très fort sur la croissance des résultats. En revanche, seulement un plan sur cinq utilise des critères de marge opérationnelle, et un sur trois des indicateurs de retour sur capitaux investis. «L’équilibre entre ces différents facteurs n’est pas encore trouvé et nous incitons nos clients à tenir compte du retour sur capitaux investis, confie Sofia Sefrioui. Les dirigeants ont tendance à privilégier la croissance, parfois au détriment de la création de valeur à long terme.»
Les critères RSE restent difficiles à analyser, présents à la fois dans les objectifs quantitatifs et qualitatifs. Seuls 8% du SBF 120 utilisent des critères RSE pour les actions de performance des ILT. «Les critères RSE manquent aujourd’hui de nomenclature, estime Sofia Sefrioui. Ils n’ont de sens que si la société affiche une vraie stratégie RSE».
Le succès des actions de performance ne se dément pas
Près de 70% des entreprises du CAC 40 et 60% des entreprises du SBF 80 ont attribué en 2017 à leurs dirigeants des plans d’ILT, qui comptent essentiellement des attributions gratuites d’actions. Pour les ILT, «les actions de performance, outil encadré et rassurant, séduisent toujours les entreprises, tandis que le poids des stock-options continue de diminuer, constate Sofia Sefrioui. En revanche, les sociétés ont beaucoup d’appréhension à adopter des systèmes de rémunération innovants».
Du côté des indemnités de départ, 61% des patrons du SBF 120 continuent à en bénéficier. «Cette proportion reste stable dans le temps, ajoute Sofia Sefrioui. Toutefois, le montant dû s’apprécie désormais sur minimum deux ans, et surtout les cas donnant effectivement lieu au versement de cette indemnité sont de plus en plus rares. Ce parachute n’est souvent plus payé lors du départ à la retraite ou du non-renouvellement de mandat». Les indemnités de non-concurrence ne concernent qu’un tiers des premiers dirigeants du SBF 120 et ne sont pas soumises à conditions de performance. «Nous n’encourageons pas nos clients à user de ces parachutes, préférant les inviter à construire des packages de rémunération orientés sur la performance long terme», précise Sofia Sefrioui.
Les pratiques de rémunérations des présidents non exécutifs «se normalisent, se félicite Sofia Sefrioui. L’ère des anciens dirigeants, qui devenaient présidents non exécutifs en conservant leur rémunération fixe est désormais révolue». Leur rémunération médiane était en 2017 de 350.000 euros dans le SBF 120, contre 500.000 euros l’année précédente. En revanche, les sociétés «ne doivent pas craindre d’augmenter l’enveloppe globale des jetons de présence, estime Sofia Sefrioui. Les larges taux d’approbation sur les résolutions associées aux enveloppes de jetons laissent une marge de progression». L’enveloppe médiane versée en 2017 était de 760.000 euros dans le SBF 120, contre 530.000 euros un an plus tôt.
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La bourse de New York termine sur des records dans l'attente des taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a terminé à de nouveaux sommets mardi, abordant avec optimisme la publication de plusieurs indicateurs d’inflation aux Etats-Unis susceptibles de donner de nouveaux indices sur la trajectoire monétaire privilégiée par la Réserve fédérale (Fed). Le Dow Jones a avancé de 0,43%, à 45.711,34 points, l’indice Nasdaq a pris 0,37% à 21.879,49 points et l’indice élargi S&P 500 a gagné 0,27% à 6,512,61 points. «Le groupe des mégacapitalisations a joué un rôle moteur en contribuant à soutenir les principaux indices», souligne auprès de l’AFP Patrick O’Hare, de Briefing.com. Nvidia a ainsi gagné 1,46%, Alphabet (Google) 2,39% et Amazon a avancé de 1,02%. Globalement, les investisseurs sont «dans l’expectative des données sur l’inflation, avec l’indice des prix à la production (PPI) qui sera publié mercredi, puis jeudi avec l’indice des prix à la consommation (CPI)», relève Patrick O’Hare. «Les acteurs du marché s’attendent non seulement à ce que la Fed abaisse ses taux en septembre, mais aussi en octobre et en décembre», note l’analyste. Selon l’analyste, les données sur l’inflation donneront par conséquent «une base pour réévaluer la probabilité de ces baisses de taux». La banque centrale des Etats-Unis est investie d’un double mandat pour le pays, consistant à la fois à surveiller le marché de l’emploi et à maintenir l’inflation proche de 2% sur le long terme. Toutefois, prévient M. O’Hare, «il semble que les marchés financiers se concentrent davantage sur l’affaiblissement du marché du travail que sur les données d’inflation pour le moment». Mardi, ils ont gardé un oeil sur la forte révision à la baisse des chiffres de l’emploi américain entre avril 2024 et mars 2025, sans pour autant y réagir négativement. Selon le Bureau des statistiques du travail (BLS), les entreprises américaines ont au final créé 911.000 emplois de moins sur l’ensemble de l’année fiscale 2024-2025, soit quasiment deux fois moins que ce qui avait été rapporté initialement. «Pour ce marché, les mauvaises nouvelles économiques sont synonymes de bonnes nouvelles en matière de baisse des taux», résume Patrick O’Hare. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance 10 ans se tendait par rapport à la clôture lundi, à 4,08% contre 4,04%. Côté entreprises, Apple (-1,48% à 234,35 dollars) a souffert de la présentation de sa nouvelle gamme d’iPhone 17. L’entreprise a présenté un modèle «Air» ultrafin, a promis des progrès sur l’autonomie et les objectifs photographiques, mais n’a pas annoncé d’avancées majeures pour rattraper son retard dans l’intelligence artificielle (IA). La firme de Cupertino (Californie) a aussi annoncé que les prix des nouveaux iPhone devraient augmenter aux Etats-Unis en raison des droits de douane imposés par le président Donald Trump, qui alourdissent les coûts de production en Chine, toujours le principal centre de fabrication de la marque à la pomme. La start-up américaine spécialisée dans l’informatique à distance («cloud computing») CoreWeave a bondi de 7,13% à 100,22 dollars après avoir annoncé le lancement d’un fonds de capital-risque dédié aux investissements dans l’IA. Le spécialiste néerlandais des infrastructures et services IA Nebius (+49,42% à 95,72 dollars) s’est envolé à l’annonce d’un partenariat avec Microsoft. Nebius dédira une partie des ressources de son nouveau data center au géant américain de l’informatique. Nasdaq © Agence France-Presse