
La Banque d’Angleterre intervient en urgence pour contrer la flambée obligataire

La Banque d’Angleterre a annoncé qu’elle procéderait à compter de mercredi à des achats d’obligations du Trésor britannique à long terme sur les marchés, afin de faire baisser les rendements et d'éviter un resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises. Elle procédera à «des achats temporaires et ciblés».
L’annonce a provoqué une détente sur les marchés obligataires. Les taux des emprunts d’Etat britanniques à 10 ans sont immédiatement détendus de 50 points de base, après avoir grimpé de 4,50% à 4,60% le matin, mais ils limitaient leurs gains à la mi-journée, à 4,25%. Ils restent supérieurs de 115 points à leur niveau de mi-septembre. Les obligations à 30 ans ont enregistré en quelques heures des gains spectaculaires: après avoir un moment dépassé les 5%, elles traitaient à 3,9% en fin d’après-midi. La Banque d’Angleterre serait intervenue en priorité sur cette maturité pour soulager les fonds de pension britanniques, gros détenteurs de titres longs, qui faisaient face à d'énormes appels de marge sur leurs couvertures de taux en raison de l’envolée des rendements.
Dans un communiqué séparé, la Banque d’Angleterre a précisé qu’elle rachètera jusqu'à 5 milliards de livres par jour, en visant des emprunts d’une maturité résiduelle supérieure à 20 ans. Elle mènera des enchères chaque jour ouvré de la semaine, entre le 28 septembre et le 14 octobre.
La livre toujours à la peine
Les marchés financiers britanniques restaient sous pression mercredi après les critiques du Fonds monétaire international (FMI), et également de l’agence de notation Moody’s, concernant la nouvelle stratégie budgétaire du gouvernement de Liz Truss. Ce mini-budget, dévoilé le 23 septembre, a fait chuter la livre sterling de 5% et bondir le coût de la dette publique. Au point d’imposer à la Banque d’Angleterre (BoE), qui avait pourtant annoncé la semaine dernière qu’elle débuterait le 3 octobre la cession de son portefeuille de Gilts, de faire demi-tour.
L’objectif du Comité de politique monétaire (MPC) d’une réduction des stocks d’emprunts d’Etat de 80 milliards de livres sterling «n’est pas affecté et inchangé», estime la BoE, qui a de facto reporté le début de ses cessions de Gilts au 31 octobre.
Cette opération «sauvetage» n’a pas suffi à soutenir la livre sterling, qui a oscillé entre 1,073 et 1,063 dollar le matin - 1,066 vers 13h -, mais a rassuré un peu les marchés actions : après avoir perdu plus de 2%, le FTSE 250, qui est plus dépendant de la demande intérieure, s’est repris pour ne perdre plus que 0,6% vers 13h.
Le rappel à l’ordre du FMI
Les appels au ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, pour qu’il modifie le Growth Plan – composé d’allègements fiscaux massifs non financés qui risquent de creuser le déficit budgétaire et d’attiser l’inflation - se sont multipliés ces derniers jours. «Etant donné les pressions inflationnistes élevées dans de nombreux pays, y compris le Royaume-Uni, nous ne recommandons pas des paquets budgétaires importants et non ciblés à ce stade car il est important que la politique budgétaire n’oeuvre pas à contre-courant de la politique monétaire», a déclaré un porte-parole du FMI mardi soir. Des propos que Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank, voit comme une «réprimande (...) assez cinglante».
L’intervention du FMI est d’autant plus remarquée que Londres avait dû faire appel à l’aide du Fonds en 1976, en pleine crise de la balance des paiements, ce qui reste comme un épisode humiliant de l’histoire économique du pays. De son côté, Moody’s a estimé dans un communiqué que les mesures de baisses des impôts et taxes envisagées par Londres risquaient d’avoir un effet défavorable sur le crédit du Royaume-Uni. «Un choc de confiance marqué, lié aux inquiétudes des marchés quant à la crédibilité de la stratégie budgétaire du gouvernement, qui se sont traduites par une hausse structurelle des coûts de financement, pourrait affaiblir durablement la soutenabilité de la dette du Royaume-Uni», prévient l’agence de notation.
Avant les déclarations du FMI, l’économiste en chef de la BoE avait expliqué que celle-ci devrait annoncer une hausse de taux «significative» à l’issue de sa prochaine réunion de politique monétaire, le 3 novembre, mais apas avant. Une source au ministère des Finances a dû démentir mercredi une information de Sky News selon laquelle Kwasi Kwarteng s’apprêtait également, à l’occasion d’une rencontre avec des banquiers, à leur demander de ne pas parier contre la livre.
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Paris - Près d’une centaine de mairies dirigées par la gauche ont hissé le drapeau palestinien au fronton de leur mairie lundi, jour choisi par Emmanuel Macron pour reconnaître officiellement l’Etat de Palestine, un pavoisement auquel s’est fermement opposé le ministre démissionnaire de l’Intérieur. Le ministère de l’Intérieur, qui avait donné instruction aux préfets de faire cesser tout pavoisement en vertu du principe de neutralité du service public, de non-ingérence dans la politique internationale de la France et du risque de «troubles graves» à l’ordre public, recensait lundi à 17H00 au moins 86 municipalités réfractaires, sur 34.875 communes. Interrogé par l’AFP, l'Élysée n’a pas souhaité faire de commentaire sur le sujet. Après Nantes, Rennes, Grigny ou Saint-Denis dans la matinée, les mairies écologistes de Besançon et Lyon ont hissé à leur tour le drapeau palestinien sur le fronton de l’hôtel de ville. «Cette reconnaissance de l’Etat palestinien n’est pas une offense faite à Israël (...). L’absence d'État est un terreau fertile pour tous les groupes terroristes, de Daech au Hamas», a estimé le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet, cité dans un communiqué. A Tours, le pavoisement était prévu en début de soirée. «Reconnaître l'État de Palestine (...) c’est rappeler que nulle conquête territoriale par la force ne peut être légitimée et qu’aucune paix durable ne saurait naître sans justice et réciprocité», a déclaré le maire écologiste Emmanuel Denis. A Paris, une dizaine d'élus dont David Belliard, candidat écologiste à la mairie de Paris en 2026, ont déployé le drapeau palestinien depuis une fenêtre de l’hôtel de ville peu après 18H00, contre l’avis de la maire PS Anne Hidalgo. La mairie n’a pas souhaité faire de commentaire. Dimanche, l'édile socialiste avait préféré projeter les drapeaux palestinien et israélien côte à côte sur la tour Eiffel, décision qualifiée lundi de «consternante de stupidité» par le fondateur de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon. Dans la matinée, les élus de Saint-Denis, première ville de Seine-Saint-Denis, avaient convié la presse pour ériger le drapeau palestinien sur l’hôtel de ville, aux côtés des drapeaux français et européen. «Depuis des années je me bats pour l'émergence d’une solution à deux Etats comme seule solution durable pour espérer une paix au Proche-Orient», avait déclaré le maire PS Mathieu Hanotin. «Arrêtez le feu» A ses côtés, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, à l’origine de l’idée de pavoiser les mairies, a relevé que le drapeau palestinien «n’est pas le drapeau du Hamas». En Seine-Saint-Denis, une douzaine de communes ont érigé lundi le drapeau au triangle rouge et aux bandes horizontales noire, blanche et verte, a précisé à l’AFP le préfet du département, qui a écrit aux maires réfractaires sans pour l’instant saisir la justice. Les conseils départementaux du Lot et de la Gironde ont imité les communes, tandis que la maire écologiste de Poitiers le fera mardi. A Malakoff, la maire communiste qui avait apposé la bannière de la Palestine dès vendredi, restée depuis sur le fronton de l’Hôtel de ville malgré l’injonction du tribunal administratif de Cergy-Pontoise de le déposer, s’est vu infliger lundi une astreinte de 150 euros par jour de retard. Elle a annoncé faire appel devant le Conseil d’Etat. A Corbeil-Essonnes, ville jumelée avec Jérusalem-Est, le maire DVG Bruno Piriou avait hissé le drapeau palestinien depuis plusieurs mois et souhaitait distribuer 1.000 drapeaux palestiniens. Deux décisions suspendues par la justice administrative, de même que pour la petite ville de Montataire (Oise). De plus petites villes comme Carhaix (Finistère), Dives-sur-Mer (Calvados) ou Grabels, près de Montpellier, ont emboîté le pas aux grandes. «En mettant ce drapeau, nous disons +arrêtez le feu, arrêtez le génocide+", a déclaré à l’AFP le maire LFI de Grabels, René Revol. A Marseille, le maire DVG Benoît Payan a lui refusé de hisser le drapeau palestinien, préférant annoncer le jumelage de sa ville avec Bethléem, située en Cisjordanie occupée. Ce n’est pas la première fois que le pavoisement des mairies fait polémique. Au décès du pape François, la demande du gouvernement de mettre en berne le drapeau français avait été jugée contraire au principe de laïcité par certains maires. Selon Jean-Paul Markus, professeur de droit public à l’Université Paris-Saclay, "à chaque fois que les tribunaux ont validé les drapeaux, c'était parce qu’il y avait un mouvement national de solidarité», comme par exemple le drapeau israélien après le 7-octobre ou le drapeau ukrainien. Pour Serge Slama, professeur de droit public à l’Université de Grenoble-Alpes, «un maire ne peut pas, à travers un drapeau, exprimer une opinion politique religieuse ou philosophique». «Mais», poursuit-il, «ériger un drapeau parce que le chef de l'État reconnaît la Palestine comme État ne me semble pas manquer au devoir de neutralité, parce que c’est la position officielle de la France ce jour-là». Madeleine DE BLIC © Agence France-Presse -
La Bourse de Paris termine en légère baisse, en manque de catalyseur
Paris - La Bourse de Paris a terminé en légère baisse lundi, dans une séance sans publication macroéconomique majeure, l’effet positif de la baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) la semaine dernière se dissipant. L’indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, a perdu 0,30% sur la séance, soit 23,48 points, pour s'établir à 7.830,11 points. Vendredi, il avait terminé à l'équilibre (-0,01%). «Les marchés sont un peu plus en retrait et cherchent des catalyseurs pour continuer une éventuelle progression», commente Andrea Tueni, responsable de la relation clients et des activités de marchés de Saxo Banque. La semaine dernière, les indices boursiers avaient profité de la baisse des taux directeurs de la Fed d’un quart de point de pourcentage. Mais «l’effet positif que l’on pouvait avoir sur le CAC est un peu retombé» et «ne joue plus sur les actions», poursuit M. Tueni. «L'événement phare de la semaine sera la publication de l’indice préféré de la Fed pour mesurer l’inflation, l’indice PCE», vendredi, relève Neil Wilson, analyste de Saxo Markets. En Europe, ce sont les baromètres d’activité manufacturière (PMI) qui retiendront l’attention mardi. L’automobile en berne «Les constructeurs automobiles ont perdu du terrain sur la séance d’aujourd’hui» en raison d’un «effet de contagion» des mauvaises performances des actions automobiles allemandes, commente Andrea Tueni. Les titres Porsche et Volkswagen ont en effet souffert après des avertissements sur leurs bénéfices. «Les constructeurs français sont également impactés car cela peut laisser présager de mauvaises nouvelles sur le secteur en général», explique M. Tueni. Le titre Stellantis a perdu 2,64% sur la séance, à 8,23 euros, et Renault a reculé de 1,55%, à 34,82 euros. Euronext CAC40 © Agence France-Presse